L’agriculture et l’alimentation au cœur des débats à Larrazet

« Apporter un regard singulier, pensé d’en bas et de l’intérieur, sur un sujet de portée générale », telle est la philosophie des Journées de Larrazet, qui depuis 1983, mobilisent les quelque 600 habitants de ce village du Tarn-et-Garonne. Organisées traditionnellement en novembre, ces journées de réflexion et d’échange, « alliant le savant et le populaire », permettent chaque année d’approfondir des thèmes aussi variés que la chasse, l’école, le rugby, l’Occitanie, la famille, la démocratie ou encore la France et l’Algérie.

Pour cette 39e édition qui se déroule les 18 et 19 novembre, c’est la question de l’agriculture et l’alimentation que les organisateurs ont choisi de mettre en lumière. Si l’agriculture et les campagnes ont été au cœur des éditions de 1996 et 2007, jamais la question de l’alimentation n’avait encore été abordée.

De nouveaux défis à relever

Alors que le nombre d’exploitations agricoles n’a cessé de diminuer depuis la fin des années 50 passant de 2,2 millions en 1955 à 416 000 en 2020, au point de conduire Bertrand Hervieu et François Purseigle à parler « d’agriculture sans agriculteurs », « cultiver la terre et nourrir l’humanité demeurent des défis loin d’être derrière nous », pointe Alain Daziron, l’initiateur des Journées de Larrazet. Et ce dernier d’ajouter :

L’agriculture concerne tous les domaines de la société : l’économie et l’emploi, l’individuel et le collectif, la production et l’environnement, l’alimentation et la santé, la culture et les paysages. Et ce qui se joue dans chaque ferme n’est pas indifférent à ce qui se décide à Bruxelles ou dans la libéralisation des échanges internationaux. Le local et le planétaire y forment un tout. »

Dans un contexte de plus en plus tendu, comment l’agriculture peut-elle trouver le juste équilibre pour être à la fois productive, rémunératrice (équitable) et environnementale ? C’est à cette question que tenteront de répondre les invités de cette nouvelle édition des Journées de Larrazet.

« La noblesse du métier paysan est de travailler avec le vivant et de nourrir les hommes mais c’est aussi son immense responsabilité que de répondre aux attentes et aux multiples défis, parfois contradictoires, de notre temps », poursuit en effet Alain Daziron.

Rencontres savantes et populaires

Lors de ces rencontres, différents travaux seront présentés. Samedi, Corinne Marache, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Bordeaux Montaigne évoquera ainsi les mutations du monde agricole au XIXe et XXe siècles. Florent Quellier, maître de conférences à l’université François- Rabelais de Tours, reviendra plus particulièrement sur la question de la famine avec une intervention intitulée « combattre la faim : se nourrir au temps du Petit Poucet ». À sa suite, Édouard Lynch, professeur d’histoire contemporaine à l’université Lumière-Lyon II, abordera, lui, les luttes et émancipations paysannes aux temps de l’abondance (1890-2020).

Le samedi soir, une table ronde offrira l’occasion à Alain Iches, président de la chambre d’agriculture du Tarn-et-Garonne, Bernard Péré, président de la fédération Nouvelle Aquitaine de l’association Terre de liens, Max Josserand, éleveur en Isère et Laurent Dirat, agriculteur à Gramont (82), de débattre du métier d’agriculteur aujourd’hui.

Le lendemain, dimanche, se sera au tour de Bertrand Hervieu, sociologue, président de l’Académie d’agriculture et ancien président de l’Inra, de venir débattre du nouvel âge de l’agriculture. Jean-Pierre Poulain, professeur de sociologie à l’Université Toulouse Jean-Jaurès, présentera ensuite les enjeux de l’alimentation contemporaine. Enfin, Francis Poineau, agriculteur, membre du bureau de l’association Euskal Herriko Laborantza Ganbara, livrera son témoignage sur l’agriculture paysanne au Pays Basque.

Pour plus d’informations auprès de la Maison de la Culture de Larrazet, au 06 82 49 12 04 ou cliquez ici.