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L’Aveyronnais JurIA développe le ChatGPT du droit, un outil qui améliore la productivité des professionnels

Innovation. Basée à Villefranche-de-Rouergue en Aveyron, la start-up JurIA développe un outil d’intelligence artificielle générative pour les professions juridiques et comptables. Elle vient d’intégrer Nubbo, l’incubateur régional. Cet accompagnement devrait lui permettre d’accélérer la phase de commercialisation de sa solution mais aussi de réaliser un premier tour de table. Elle ambitionne de lever 400 K€.

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Photo des cofondateurs de JurIA
Les cofondateurs de JurIA, une start-up aveyronnaise qui développe un outil d’intelligence artificielle générative pour les professions juridiques et comptables. (©JurIA)

À l’instar de Goldman Sachs et de McKinsey, beaucoup d’observateurs estiment que l’intelligence artificielle générative pourrait engendrer dans les prochaines années un véritable boum économique. Parmi eux, le cabinet Ark Invest prévoit que d’ici 2030, grâce à cette nouvelle technologie, la productivité des travailleurs du savoir aura été multipliée par quatre.

Capable de créer du contenu (textes, images, vidéo, audio ou code), l’IA générative intéresse de fait de nombreux secteurs d’activités. Et notamment le monde juridique, au point que de nombreux éditeurs de logiciels se sont mis sur le rang pour proposer des solutions d’IA générative dédiées au droit. C’est sur ce marché en pleine croissance que la start-up aveyronnaise JurIA veut se faire une place.

L’entreprise a été créée en 2023 à Villefranche-de-Rouergue par une équipe d’une dizaine de membres comprenant juristes, experts comptables, spécialistes en cybersécurité et en IA. Elle développe un outil d’intelligence artificielle générative pour aider les professionnels du droit dans leurs tâches quotidiennes, notamment en générant différents types d’actes.

La jeune pousse, qui vient d’intégrer l’incubateur régional Nubbo, espère profiter de cette période d’incubation pour accélérer la phase de commercialisation de son outil et lancer une levée de fonds. La pépite, qui a bénéficié d’une bourse French Tech de Bpifrance et d’un prêt d’honneur de 100 K€ du fonds d’amorçage régional Crealia, souhaite lever d’ici la fin de l’année quelque 400 K€.

L’avènement de ChapGPT en 2022 a très vite donné des idées à Raphaël Blanc, l’un des cofondateurs de JurIA. « J’ai tout de suite envisagé de nombreux cas d’usage pour lesquels une intelligence artificielle similaire pourrait vraiment faire gagner du temps », explique le juriste en cabinet d’avocat en droit des affaires. « Dans le cadre de ma pratique, je dois effectuer en effet de nombreuses tâches chronophages, notamment la rédaction d’actes juridiques », poursuit-il. La solution développée par JurIA vise à automatiser et optimiser ces activités fastidieuses.

Un gain de temps mais aussi une sécurité accrue

La solution développée par JurIA s’appuie sur un chatbot et une base de données connectée aux différentes sources du droit français pour proposer des résultats de recherche qualifiés. Un point essentiel comme le confirme Raphaël Blanc :

De gros acteurs sont en train de se lancer sur ce marché, mais les premiers retours montrent que les produits déjà disponibles hallucinent entre 30 et 60 % du temps. Cela signifie que l’IA générative ne se rattache à rien : elle invente tout ce qu’elle dit. C’est que nous voulons absolument éviter. »

Après la sortie à l’automne d’une « version beta publique et gratuite », la commercialisation sous forme d’abonnement sera lancée début 2025. L’outil permettra de générer en quelques minutes de nombreux documents dont notamment la documentation d’approbation des comptes. « Une véritable révolution dans nos métiers, assure le juriste, puisque habituellement cela prend une et deux heure. »

Il permettra également de rédiger très rapidement les documents relatifs aux modifications de société (transfert de siège, démission ou nomination de gérant, modification du nom, de la date de clôture, etc.) ainsi qu’un bon nombre de conventions (conventions de compte courant, de trésorerie ou de management fees, etc.).

De la production de document jusqu’au dépôt des formalités

De nouvelles fonctionnalités sont à venir telles que la rédaction des actes relatifs à la création de société ainsi que la recherche documentaire ou encore « la signature électronique et à terme l’automatisation du dépôt des formalités », assure le juriste avant d’ajouter :

Tout pourrait alors être fait via JurIA : de la production jusqu’au dépôt de la formalité en passant pas la signature, le tout en totale sécurité ».

Avec cet outil très innovant, JurIA cible les cabinets d’expertise-comptable et d’avocats mais d’autres professionnels sont également visés : assureurs, banquiers, professionnels de l’immobilier ou encore gestionnaires de patrimoine.

Pas question toutefois de concurrencer les métiers du conseil  : « Notre solution a pour vocation d’augmenter leur productivité en simplifiant la rédaction d’actes et la recherche juridique. Grâce à ce gain de temps, les collaborateurs pourront traiter un volume de dossiers plus important et se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée », conclut Raphaël Blanc.