L’Occitanie se dote d’un plan Eau
Stratégie. Les conseillers régionaux ont adopté le 22 juin à l’occasion d’une assemblée plénière un ensemble de mesures en faveur de la préservation de la ressource en eau.
Avec un déficit annuel de 200 millions de m3 d’eau, la région Occitanie est l’une des plus sensibles aux effets du dérèglement climatique. Les épisodes de sécheresse à répétition et les incendies ravageurs, nous rappellent chaque année plus durement que l’eau est précieuse et rare.
Pour tenter d’endiguer les effets les plus dévastateurs de ces changements de plus en plus rapides, l’exécutif régional a adopté, le 22 juin, à l’occasion d’une assemblée plénière, un plan régional pour l’eau. Il décline un ensemble de mesures pour favoriser les économies d’eau, préserver la ressource et sécuriser les besoins en eau.
Alors que la Région consacre chaque année quelque 40 M€ dans la gestion de l’eau, d’ici 2030 ce sont 160 M€ supplémentaires qui seront mis sur la table pour mener à bien cette politique de l’eau, soit une augmentation de 50% du budget régional annuel. Une première enveloppe de 21 M€ devrait financer des campagnes de sensibilisation en vue de cibler aussi bien les habitants de la région, les touristes et les professionnels.
« Un effort est demandé à tous, car nous devons tous être acteurs de la réduction de la consommation d’eau, que ce soit en tant que citoyens ou en tant qu’acteurs professionnels », a rappelé la présidente de la Région, Carole Delga lors de la présentation de ce plan.
L’élue a rappelé les résultats obtenus durant l’hiver s’agissant de la consommation électrique, en baisse de 10 %. « Je pense qu’il y a une vraie prise de conscience environnementale, une vraie maturité politique. Nous devons l’encourager », a-t-elle ajouté.
10 Millions de M3 d’eau réutilisés d’ici 2030
La collectivité, qui veut s’ériger en modèle, se donne pour objectif de diminuer de 20 % la consommation d’eau de ses lycées. Deux d’entre eux devraient notamment expérimenter le réemploi de l’eau, via la réutilisation de l’eau de la pisciculture du lycée agricole de La Canourgue en Lozère ou la valorisation des eaux grises et de pluie au lycée de Nîmes-Rodilhan dans le Gard.
La réutilisation des eaux usées traitées (Reuse) est, du reste, un des axes forts de ce plan Eau. La Région prévoit de mobiliser 70 M€ dans le développement de nouvelles pratiques. La collectivité, qui aspire à prendre le leadership en la matière, s’est donné pour objectif la réutilisation de 10 millions de m3 d’eau d’ici 2030.
La France, qui affiche un retard conséquent en ce domaine par rapport à d’autres pays méditerranéens, s’est aussi donné pour ambition de passer de 1% d’eaux usées traitées réutilisées, comme aujourd’hui, à 10% (lire notre édition du 29 mai).
La Région prévoit d’accompagner le développement de techniques pour les usages domestiques, mais aussi d’encourager financièrement les agriculteurs à utiliser les eaux grises traitées pour des usages autres que l’irrigation ou encore à déployer des systèmes de récupération d’eau de pluie pour abreuver leur cheptel.
Plus globalement, la Région veut encourager l’adoption de bonnes pratiques dans les usages de l’eau dans le domaine agricole via la signature de 10 000 contrats d’agriculture durable d’ici 2027. Ces conventions visent à soutenir financièrement les exploitants qui s’engagent dans un projet de transition agroécologique.
Un nouveau dispositif Fite’eau
Les industriels et les entreprises du BTP sont, eux aussi, ciblés. La collectivité entend les amener à adopter des process plus économiques également par le biais de la contractualisation. Plusieurs dispositifs leur sont déjà ouverts tels que le Contrat Entreprise Avenir qui vise à soutenir le développement de nouveaux processus de production ou encore le Pass transformation écologique dédié aux entreprises de moins de 20 salariés souhaitant développer des processus de réutilisation de l’eau.
La Région et l’Agence régionale Énergie Climat (Arec) vont lancer en parallèle le dispositif Fite’eau. Sur le modèle du dispositif Fiteeo pour les économies d’énergie, il vise à accompagner les industriels porteurs de projets d’économie d’eau, depuis la conception jusqu’au montage du dossier de financement.
Il devrait être accessible dès l’an prochain, avec pour ambition de soutenir une vingtaine de projets d’ici 2030. Le troisième volet de ce plan concerne la sécurisation des besoins en eau. 71 M€ devraient être investis dans la renaturation des cours d’eau, la restauration des zones humides, la plantation de haies, le maintien de prairies…, autant d’actions considérées comme « des leviers essentiels » de la gestion durable de l’eau.
Plus largement, la collectivité ambitionne de créer un réseau hydraulique régional (RHR) en s’appuyant, côté ouest, sur la CACG qui gère le système Neste, et, côté est, sur BRL (compagnie d’aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc), une entreprise détenue majoritairement par la Région Occitanie, celle-ci étant également depuis février 2023 le premier actionnaire de la CACG.
Les Régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine ont demandé la reprise des ouvrages gérés par la CACG, aujourd’hui détenus par l’État. Ce transfert, qui devrait intervenir cette année, permettra à la Région Occitanie, en devenant propriétaire de ce vaste patrimoine hydraulique, de planifier le développement de son RHR et les investissements correspondants.