L’Occitanie va-t-elle battre son record de 220 millions de nuitées en 2023 ?
Tourisme. Après une saison touristique 2022 qualifiée « d’exceptionnelle » par les professionnels de la filière, la tendance semble se poursuivre en ce début d’année, avec des taux de fréquentation en hausse. De quoi aborder les vacances d’été avec optimisme.
Le record des 220 millions de nuitées de la saison touristique 2022 va-t-il être battu en Occitanie en 2023 ? Si on en croit les prévisions d’occupation dans les différents hébergements touristiques, la réponse est oui.
La région pourrait en effet atteindre les 230 millions de nuitées ! De quoi (peut-être) lui assurer pour la deuxième année consécutive le titre de première destination française. Avec plus de 4,5millions de nuits déjà réservées au 31 mai, l’état des réservations dans l’hôtellerie de plein air est en hausse de 4 % par rapport aux mêmes dates de 2022, contre + 1 % et + 5 % pour les mois de juillet et d’août dans le locatif.
Les chiffres s’envolent pour le mois de septembre avec des taux de réservations en hausse de + 24 %, tous modes d’hébergements confondus. « C’est bien évidemment lié à la Coupe du monde de rugby, Toulouse faisant partie des dix villes hôtes qui vont accueillir des matchs de la compétition », explique Vincent Garel, président du comité régional du tourisme et des loisirs d’Occitanie (CRTL).
Et qui dit matchs, dit supporteurs. « Nous sommes heureux de voir que le travail engagé depuis des mois par le CRTL avec l’ensemble de ses partenaires sur des politiques de mise en avant du territoire avec des créations d’offres d’accueil a fini par payer. »
Et bien que pour l’heure tous les indicateurs soient au vert, Vincent Garel a insisté sur l’importance de rester prudent sur ses prévisions : « Tous les acteurs de la filière le savent, nous sommes tributaires de la météo. Il suffit de regarder ce qu’il s’est passé l’année dernière en Gironde et dans les Landes pour le savoir. Les choses peuvent changer d’un jour à l’autre. Ce qui est important, ce n’est pas de terminer premier ou deuxième, mais bien de continuer notre travail pour que le territoire reste attractif, que l’emploi s’y maintienne et que l’économie s’y développe. »
Trop de ponts tuent-ils les ponts ?
À l’image des perspectives pour la saison estivale, le bilan de fréquentation de ce début d’année 2023 est aussi très positif, aidé il est vrai par une configuration favorable du calendrier avec notamment des vacances de Pâques fortes de trois lundis chômés et d’un mois de mai lui aussi riche en jours fériés.
Conséquence, entre le 1er janvier et le 31 mai, l’Occitanie a enregistré toutes clientèles et tous modes d’hébergements confondus plus de 63,5 millions de nuitées. Ce volume, en légère hausse (+2% par rapport à 2022) s’explique par une progression des nuitées étrangères (+13 %) et une quasi-stabilisation des nuitées françaises (-3%) en lien avec la baisse de la fréquentation des clientèles résidant en Occitanie (-15 %) et la stabilisation de celles en provenance d’autres régions françaises (+3%).
Avec 65 % des nuitées touristiques globales, la clientèle française demeure majoritaire. Et alors que les courbes de fréquentation étaient sensiblement les mêmes qu’en 2022 pour les quatre premiers mois de l’année, c’est à partir de Pâques et durant tout le mois de mai que la hausse s’est accélérée.
Le pont de l’Ascension a même enregistré le record absolu de fréquentation en Occitanie depuis le début de l’année avec près de 900 000 nuitées. « La question que l’on peut se poser, c’est est-ce que trop de ponts ne tuent pas les ponts ? », s’est interrogé Vincent Garel non sans humour.
Car si les deux premiers ponts ont bien marché, les deux autres affichent une fréquentation en baisse. « Le week-end de la Pentecôte, quatrième et dernière occasion de partir en week-end prolongé avant l’été a enregistré un volume de 2,2millions de nuitées, c’est -8 % par rapport à 2022. Avec une baisse un peu plus marquée des clientèles françaises (-10 %) qu’internationales (-6%). »
Les touristes plébiscitent la campagne
Autre tendance décryptée par le président du comité régional du tourisme et des loisirs d’Occitanie (CRTL) : l’engouement des vacanciers pour la campagne. Si celle-ci n’est pas nouvelle, elle se confirme en 2023.
« La destination campagne affiche une hausse de sa fréquentation de 7% par rapport à 2022. Apparue à la suite des épisodes de confinement, tout le monde se demandait si cette tendance allait s’inscrire dans la durée et force est de constater que la réponse est oui, elle s’intensifie même avec des touristes qui sont à la recherche de simplicité, d’authenticité et de convivialité. »
Pour répondre à cette demande croissante et maintenir une qualité d’accueil maximale, « nous travaillons étroitement avec nos partenaires du Gers et du Tarn-et-Garonne notamment sur l’idée d’un neuvième contrat de destination. » Pour rappel, ces contrats doivent permettre de fédérer tous les acteurs autour de projets communs pour améliorer l’attractivité des territoires, notamment à l’international, en mutualisant les moyens avec le soutien financier de l’État.
L’intermodalité pour un tourisme responsable et durable
Pour renforcer cette attractivité, la Région et le CRTL misent sur une stratégie orientée vers le tourisme vert, aussi appelé écotourisme. « Nous avons fait le choix en 2022, et nous allons continuer en 2023, de promouvoir une image de destination touristique responsable et durable. Pour porter ce discours, nous avons choisi l’axe des mobilités qui restent encore aujourd’hui le gros point noir : 85% des déplacements se font en effet en voiture en Occitanie », détaille Vincent Garel.
Et de développer : « Voilà pourquoi nous avons décidé de communiquer et de mettre en avant les mobilités intermodales, c’est-à- dire l’utilisation de plusieurs modes de transport au cours d’un même déplacement. Une des réponses apportées par la collectivité c’est bien sûr le réseau liO qui permet aux habitants et aux touristes de se déplacer partout en Occitanie via les trains régionaux, les autocars, les transports à la demande, le covoiturage… Il faut bien sûr continuer à renforcer ce maillage territorial. Autre action en faveur de ce tourisme positif, les billets de train à 1 € qui connaissent un véritable succès. »
Depuis le début de l’année 2023, plus de 517 000 billets ont été vendus lors des opérations week-end à 1 €. La fréquentation a été multipliée par deux par rapport à des périodes comparables les années précédentes. « Le premier week-end du mois de mai a même enregistré un nouveau record avec 102000 billets ayant trouvé preneurs. »
Fonds Occ’Ygène
Faute de moyens, plus d’un tiers des Français ne partent pas en vacances chaque année, avec de fortes disparités : 72 % des plus aisés partent au moins une fois par an, contre 37% pour les plus modestes. Pour inverser la tendance, la Région Occitanie et le comité régional du tourisme et des loisirs d’Occitanie (CRTL) ont décidé de promouvoir et de financer un tourisme social et solidaire.
Depuis 2016, 75 projets d’établissements ont été aidés pour un montant total de 10,4 M€ représentant un niveau d’investissement cumulé de plus 62M€. Le territoire compte aujourd’hui, plus de 300 hébergements dits de tourisme social et solidaire dont 50 % sont des villages de vacances.
Lancée en 2020, à la sortie du confinement, la carte Occ’Ygène fait partie des leviers actionnés par la collectivité pour favoriser la consommation locale de loisirs et d’offres touristiques pour les jeunes et les foyers les plus modestes.
En 2023, la carte monétisée sera dotée de 400 000 €, grâce à la participation de la Région à hauteur de 200 000 € et du fonds éponyme qui y contribue à parité. Il s’agit du tout premier fonds en mécénat régional de ce type en France.
Issu d’un partenariat public/privé, il a pour objectif de mobiliser des financements plus importants pour le tourisme. Pour l’heure, quinze entreprises y participent, parmi lesquelles : les aéroports de Toulouse et de Montpellier, la Caisse d’Épargne de Midi-Pyrénées, la Fondation Famille Pla, G2A, l’Union régionale des Gîtes de France, Les Dissidents, la SNCF… « Doté à ce jour de près de 150 000 €, nous continuons de travailler afin d’attirer de nouveaux partenaires. À terme, l’objectif est de mobiliser 450 000 € chaque année », affirme Vincent Garel.