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La Ciergerie de Lourdes garde le cap et surmonte la crise

Artisanat. Lourdes, la cité mariale, est connue dans le monde entier grâce à deux éléments essentiels : le cierge et l’eau. La Ciergerie de Lourdes, créée en 1928 appartient au patrimoine local. Son principal client étant le sanctuaire, elle cherche à se développer en France et à l’international.

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Lourdes est la ville d’Europe qui vend le plus de cierges. Chaque année, hors Covid en moyenne trois millions de pèlerins se rendent dans la cité mariale et choisissent de déposer un cierge au sanctuaire.
La Ciergerie de Lourdes, entreprise fondée en 1928, a une sacrée histoire. « On nous traite parfois de vendeurs du temple, s’amuse Patrice Le Morvan, directeur de l’entreprise. Mais nous avons une identité forte et unique. On a déposé la marque officielle Cierges de Lourdes. »

Plus de 400 tonnes de cierges sont fabriquées chaque année. DR

S’il existe une quinzaine de ciergeries en France, le vrai cierge de Lourdes doit arborer le bleu marial de la Vierge. Il fait écho au bleu de la ceinture de Bernadette lors de ses apparitions.
« Bernadette Soubirous est apparue à plusieurs reprises avec un cierge à la main. La symbolique est forte, il porte un message personnel », tient à rappeler Catherine Cervantes, responsable commerciale de l’entreprise. 
La Ciergerie est une entreprise privée qui appartient à deux anciennes familles lourdaises. « C’est une société privée, indépendante du sanctuaire », précise Patrice Le Morvan, qui a rejoint l’entreprise en 2019, après une longue carrière dans la grande distribution.

L’après-Covid, comment la Ciergerie a anticipé

L’entreprise fait face depuis le début de la crise a une baisse de ses ventes. 95 % des pèlerinages ont été annulés, du jamais vu depuis l’ouverture du sanctuaire. « Nous avions déjà anticipé ce phénomène, explique le directeur. Depuis 2009, Lourdes connaît une baisse de fréquentation. Notre force est de travailler en flux tendus et d’être très réactifs. Nous n’avons pas de stock, je considère que c’est de l’argent qui dort. »
En fonction de l’affluence et des besoins en approvisionnement en cierges, la Ciergerie s’engage à livrer le sanctuaire en une heure maximum. Le sanctuaire, c’est 80 % du chiffre d’affaires de l’entreprise, estimé cette année à 1,3 M€. La Ciergerie approvisionne les différents magasins de souvenirs, les hôtels de la ville et des communautés religieuses en France. 
Elle a ouvert en 2020, une boutique en ligne. « Ça commence doucement, reconnaît Patrice Le Morvan. Avec 2 K€ de recettes depuis le début, nous sommes sur de petits volumes. »
Parmi la quinzaine de ciergeries françaises, certaines sont sorties du registre religieux pour garder la tête hors de l’eau pendant cette période. « Nous n’avons pas fait ce choix, ça aurait nécessité trop d’investissements », reconnaît-il. En capitaine de navire, il a fait les comptes, il a réussi à garder les 15 emplois salariés, c’est rassurant pour la suite. La Ciergerie continue à innover, en créant par exemple des votives biodégradables, des bougies de deuil, ou des flambeaux en papier. Signe positif, les premières commandes arrivent d’Espagne.

« Avant la crise, on visait l’Amérique du Sud, ironise Patrice Le Morvan. Nous sommes prêts pour la suite. Il y a des marchés intéressants à travailler en Allemagne et en République tchèque. »

Autre axe de développement, le tourisme industriel. La Ciergerie souhaite partager son savoir-faire unique. Elle a obtenu en 2017 le label EPV (entreprise du patrimoine vivant). Catherine Cervantes aimerait développer un circuit de visite. Plus de 400 tonnes de cierges sont fabriquées chaque année, de 130 g à 70 kg. Toute la paraffine fondue est récupérée au sanctuaire, recyclée puis réutilisée en production. «  Nous sommes une entreprise écoresponsable depuis 1930, c’est important de le faire savoir. Nous n’avons pas changé de méthode de fabrication depuis nos débuts », conclut Catherine Cervantes.