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La fin des vols Air France entre Toulouse et Orly passe mal

Le groupe Air France vient d’annoncer la fin d’ici à 2026 des vols Air France entre Orly et plusieurs grands villes de province. La décision suscite de nombreuses réactions, notamment à Toulouse également concernée.

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Photo d'un avion Air France
Air France a présenté le 18 octobre son projet d’adaptation de l’offre domestique au départ de Paris à horizon 2026 (© Aéroport Toulouse-Blagnac).

Le projet d’adaptation de l’offre domestique d’Air France au départ de Paris à horizon 2026 dévoilé le 18 octobre fait des remous. Notamment à Toulouse. Philippe Crébassa, président du directoire d’Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB), annonce dans un communiqué diffusé le 23 octobre, prendre acte de cette décision.

La compagnie Air France explique en effet vouloir d’ici à 2026 regrouper toutes ses opérations à Roissy-Charles-de-Gaulle, à l’exception des liaisons vers la Corse. Dans le détail, elle prévoit d’opérer « l’ensemble de ses vols domestiques et internationaux au départ de son hub de Paris-Charles de Gaulle. Seule exception : les liaisons Air France de/vers la Corse resteraient assurées depuis Paris-Orly. »

En parallèle, elle annonce vouloir faire de la compagnie Transavia « l’opérateur de référence du groupe Air France au départ de l’aéroport de Paris-Orly. » La compagnie low cost du groupe Air France assurerait ainsi la desserte de Toulouse, Marseille et Nice depuis Orly à compter de l’été 2026. D’ici là toutefois, Air France continuerait d’assurer ses liaisons vers Toulouse, Marseille et Nice ainsi que la desserte des Outre-mer depuis cet aéroport du sud de Paris.

Conséquence d’une chute du trafic aérien domestique

La compagnie justifie ces décisions par une très forte chute du trafic aérien domestique. « Le développement de la visioconférence, la réduction des déplacements professionnels sur le domestique et le report vers le train (sous l’effet conjugué des recommandations de sobriété et des politiques RSE des entreprises) conduisent à une chute structurelle de la demande sur le réseau domestique point-à-point d’Air France. Entre 2019 et 2023, le trafic sur les liaisons domestiques au départ d’Orly a baissé de 40%, et même de 60% pour les allers-retours journée », précise Air France.

De son côté, Philippe Crébassa entend poursuivre le dialogue avec Air France pour préparer cette évolution. « Nous avons pris connaissance mercredi 18 octobre du projet d’Air France d’adapter son offre sur les plateformes parisiennes. C’est un changement majeur pour notre aéroport et nos clients. Cette adaptation répond aux enjeux d’une demande qui évolue fortement depuis la crise Covid et d’une transformation du secteur des compagnies aériennes sur le marché domestique et européen. »

Il tient toutefois à rassurer :

Certes le produit et l’offre de la navette Air France sur Orly vont cesser. Mais il ne s’agit bien sûr en aucun cas de la disparition de la ligne Toulouse-Paris. Un nouveau modèle devra être mis en place, notamment avec la filiale Transavia du groupe Air France. »

Le président du directoire d’ATB se réjouit d’ailleurs du «  renforcement des vols vers Paris-CDG, qui améliorera l’offre pour les voyageurs qui y prennent leur correspondance et pour ceux qui se rendent dans le nord de l’Ile-de-France . »

La décision du groupe Air France passe mal auprès des élus du territoire (© Aéroport Toulouse-Blagnac).

Plus globalement, Philippe Crébassa entend rester vigilant. « Nous allons engager les discussions dès maintenant pour construire une offre globale qui réponde à la fois aux besoins de notre clientèle affaires, sensible à la fréquence, la régularité et un service irréprochable, ainsi que d’une clientèle loisirs cherchant un bon rapport entre des prestations de qualité et l’attractivité des prix. Dans ces discussions, nous serons très vigilants au nom de nos clients et de notre territoire, de son attractivité et de son dynamisme, pour faire valoir leurs exigences. Nous souhaitons que l’offre du groupe Air France soit au rendez-vous de l’attente de nos passagers, en particulier pour la desserte du sud parisien et de l’Ile-de-France », assure-t-il.

Double peine

Le 23 octobre, six sénateurs de la région Occitanie – Pierre-Antoine Levi et François Bonhomme, sénateurs de Tarn-et-Garonne, Alain Chatillon et Pierre Medevielle, sénateurs de Haute-Garonne, Philippe Folliot, sénateur du Tarn et Maryse Carrere, sénatrice des Hautes-Pyrénées – ont adressé un courrier au ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune, pour l’alerter.

Ils évoquent les « conséquences désastreuses » que cette décision aurait pour « l’attractivité économique, le développement et la connectivité » de la région. En absence de ligne à grande vitesse, cette liaison aérienne entre Toulouse et Orly assurée par Air France revêt selon eux, « une importante capitale » pour notamment les entreprises du territoire. A l’appui ils indiquent que le remplacement de la ligne Montpellier Orly par Transavia avait généré « une forte dégradation du service » aux usagers, avec notamment une réduction du nombre de vols, des annulations de dernière minute et des horaires peu adaptés.

Ils demandent donc une intervention de l’État, actionnaire majeur d’Air France, pour que ces liaisons Air France entre Toulouse et Orly soient maintenues jusqu’à l’inauguration de la LGV dont la date est encore incertaine.

L’aéroport de Toulouse Blagnac est le 6e de France. 7 millions de passagers sont passés par la plateforme en 2022.