Airbus préféré à Dassault pour fournir les futurs avions de patrouille maritime français
Défense. Dans un contexte de réarmement mondial, la Direction générale de l’armement vient de signer avec l’avionneur européen un nouveau contrat d’étude pour définir le futur avion de patrouille maritime de la France. Objectif : remplacer la flotte vieillissante composée de 18 Atlantique 2 d’ici 2035.

Alors que les États-Unis viennent de geler l’aide militaire à l’Ukraine et que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a dévoilé hier, mardi 4 mars 2025, un plan pour renforcer la défense européenne, le gouvernement français songe à hausser ses dépenses militaires. Le budget consacré à la défense représente en 2025 2,1 % du PIB, un chiffre jugé déjà insuffisant par le président de la République qui envisage de le porter de 2 à 3 %, voire 5 % du PIB.
C’est dans ce contexte qu’Airbus Defence and Space, l’une des trois divisions du groupe Airbus, vient d’annoncer la signature d’un nouveau contrat avec la Direction générale de l’armement. D’une durée de 24 mois, cet accord porte sur la réalisation d’une étude de levée de risques du futur programme d’avion de patrouille maritime (Patmar), précise l’avionneur dans un communiqué daté du 4 février.
Le nouvel avion doit remplacer d’ici 2035 la flotte vieillissante de 18 Atlantique 2 (ATL 2) de Bréguet-Dassault Aviation opérée par la Marine nationale depuis la base aéronavale de Lann-Bihoué dans le Morbihan. Il a pour vocation de répondre à l’ensemble des besoins de la Marine nationale, principalement dans la lutte anti-sous-marine et antinavire et dans le recueil de renseignements.
Pour séduire l’armée, Airbus - qui a été préféré dans ce dossier à Dassault et à son Falcon 10X - met en avant les capacités du futur A321 MPA (Maritime Patrol Aircraft) version militarisée de l’A321XLR. Assemblé à Toulouse, cet avion de ligne monocouloir à long rayon d’action (ou extra long range) est le dernier né de la famille A320neo. Il a obtenu sa certification en juillet 2024.
Une véritable frégate volante
« Le projet d’A321 MPA dispose de tous les atouts pour devenir une véritable frégate volante capable de répondre à la grande diversité des missions confiées à la patrouille maritime », assure Jean-Brice Dumont, vice-president executif, directeur d’Air Power chez Airbus Defence and Space. Et d’ajouter :
Airbus propose une solution souveraine qui offre l’autonomie, la disponibilité et la fiabilité requises notamment pour contribuer à la composante océanique de la dissuasion nucléaire. »
Le contrat qui vient d’être conclu vise à préparer le lancement fin 2026 du développement et de la réalisation du programme d’avion de patrouille maritime. Cette étude va permettre d’affiner les conditions économiques et industrielles d’exécution du programme, d’orienter les choix techniques des systèmes devant être intégrés sur l’avion, et de réaliser les premiers essais en soufflerie.
Une alternative au Boeing P-8A Poseidon ?
Le futur avion sera équipé de moyens de communication y compris par satellites et d’équipements ultramodernes tels que des radars de dernière génération à antennes actives, des systèmes acoustiques utilisant des bouées sonar passives et actives ou bien encore des systèmes de guerre électronique, de détection d’anomalie magnétique (MAD) et d’auto-protection, dont plusieurs devraient être fournis par Thales appelé à être un contributeur majeur du programme.
Doté d’une grande autonomie et d’une importante capacité, il devrait également embarquer dans sa soute « les armements nécessaires à la lutte anti-sous-marine et anti-navires », dont des torpilles ainsi que le futur missile antinavire (FMAN) issu d’une coopération franco-britannico-italienne prévu pour 2030.
Sur ce segment de marché des avions de patrouille maritime largement occupé par le Boeing P-8A Poseidon, s’il n’a pas le savoir-faire de Dassault dans ce domaine, l’avionneur européen mise sur la disponibilité et la fiabilité de son modèle issus de la famille A320, le monocouloir le plus vendu au monde avec plus de 10 000 appareils en service.
Airbus met aussi en avant son expérience dans la conversion d’avions commerciaux en avions militaires, attestée par le succès de l’A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport), avion de transport et de ravitaillement qui représente plus de 90 % de part de marché mondial (hors États-Unis), totalisant 84 commandes par une quinzaine de pays.