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La parfaite maîtrise du fer et du feu

Artisanat. Dans son atelier de Nègrepelisse, Émilie Prouchet-Dalla Costa voit les choses en grand. Découper une tôle qui fait le double de sa taille ne l’impressionne pas. Les œuvres de cette sculptrice sur métal sont exposées à Montauban, à Tournefeuille et dans toute la France. Les commandes publiques lui ont permis d’acquérir une belle notoriété. Un nouveau marché s’offre à elle : celui des particuliers...

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Émilie Prouchet-Dalla Costa dans son atelier basé à Nègrepelisse. Emilie Prouchet-Damma Costa

À 16 ans, Émilie Prouchet-Dalla Costa rencontre le métal, depuis, elle ne l’a plus quitté. Dans la ferme familiale à Négrepelisse, elle découvre un poste à souder : « mon père bricolait beaucoup, dans une ferme, il y a toujours quelque chose à réparer, je m’enfermais dans l’atelier et je m’entraînais à souder. J’avais une véritable fascination pour le feu, j’ai voulu apprendre à le maîtriser », se souvient-elle.

Avec une telle motivation, impossible d’en rester là. La jeune femme décide de sculpter du métal et d’en faire son métier : « Nous avons poussé un box à chevaux pour y mettre une forge. »
En 2008, Émilie Prouchet-Dalla Costa obtient un master d’Arts Plastiques à la l’université touloue II Jean-Jaurès. Devenir sculptrice lui a ouvert de nombreuses portes. Aujourd’hui, elle dispense désormais ses cours aux étudiants en licence d’arts plastiques. En parallèle, elle s’occupe toujours de la ferme familiale et élève des moutons avec sa sœur.

Des œuvres XXL et un équipement hors norme

Émilie Prouchet-Dalla Costa a une passion pour les œuvres gigantesques, lesquelles peuvent atteindre un montant de 100 K€  : un portrait de 4,50 mètres de Simone Veil à Verdun-sur-Garonne, la sculpture de Rayo face au Lycée Marie Louise Dissard-Françoise à Tournefeuille, les Flèches d’Héraclès à Montauban (dont le coût atteint 45 K€), un trophée pour les championnats du monde d’Endurance d’Abu Dhabi ou encore un monument-souvenir de la guerre 1914 à Saint-Vincent de Carcassonne. « Je suis allée récupérer des fragments de chars explosés par de l’artillerie lourde », détaille-t-elle. 

Portrait de Simone Veil à Verdun-sur-Garonne. Emilie Prouchet-Damma Costa

Son atelier ressemble à une usine de métallurgie. « Je suis équipée jusqu’aux dents, sourit l’artiste. Chariots élévateurs, presses monumentales, chaudronnerie… On voit le travail du métal comme quelque chose de très rude, moi, je le conçois autrement. J’ai des postes à souder très performants et des cagoules à cristaux liquides pour éviter d’avoir trop chaud ». Elle peut manipuler des pièces de 150 kilos sur des roulettes. Au-delà, il faut des engins de levage.

Les Flèches d’Héraclès à Montauban. Emilie Prouchet-Damma Costa

Émilie Prouchet-Dalla Costa reste discrète sur la provenance de la matière première, dont l’acier Corten et les feuilles d’or, mais avoue cependant aimer collaborer avec des fournisseurs situés dans le sud de l’Europe. « Ils ont une grande culture du métal. » Elle fait aussi appel à des partenaires voisins pour certaines opérations telles que la découpe laser. Toutes les pièces sont ensuite assemblées dans son atelier. Un bureau de contrôle valide ensuite la solidité des œuvres avant de les exposer, lesquelles peuvent peser jusqu’à quatre tonnes. Il faut ainsi un convoi exceptionnel pour les déplacer : « le plus grand moment, ce n’est pas le vernissage, c’est la pose, lorsque l’œuvre ne m’appartient plus. »

Du B to B au B to C

Émilie Prouchet-Dalla Costa vous dira, sur un sourire, que sa création la plus monumentale n’existe pas encore, elle ne se fixe pas de limites. « Si, une seule peut-être, j’adapte la taille des œuvres en fonction des possibilités de la grue. »
Dès que possible, l’artiste aimerait se lancer à l’international, pourquoi pas aux États-Unis ou en Amérique du Sud. Elle s’apprête à exposer dans des galeries d’art à Paris et développer le marché des particuliers. « J’aime le rapport direct avec les clients, entrer dans leur intimité. Je propose une œuvre qui leur ressemble. À partir de 300 €, on peut se faire plaisir, je veux rendre l’art accessible aux particuliers », conclut-elle. Ne lui demandez pas de fabriquer un banal chat en métal, ce n’est pas de l’art !