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La start-up BWI mêle IA et données satellitaires pour produire des données de prévisions hydrologiques plus fiables

Intelligence Artificielle. Fondée en 2022, la start-up toulousaine BWI a développé une intelligence artificielle destinée à la surveillance des cours d’eau. Objectif : prévenir les éventuelles catastrophes, qu’elles soient liées aux crues ou aux sécheresses. Après avoir levé de 2 M€ auprès d’investisseurs privés, elle a emprunté 400 000€ à Bpifrance.

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Photo de l'équipe de la société toulousaine BWI
L’équipe de la société toulousaine BWI a développé un algorithme pour prévoir le débit et la hauteur des rivières à différents endroits et ce, dix jours à l’avance. Il permet donc d’anticiper les pénuries d’eau ou les inondations, et ainsi prévenir les éventuelles catastrophes naturelles. (©BWI)

Les chiffres sont alarmants ! Dans son rapport 2023 sur les risques naturels, le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires indique que « la prise en charge des dommages liés aux inondations représente en moyenne 560 M€ par an ». En 2019, près de 18,5 millions de personnes, soit 27,4 % de la population française, résidaient dans une zone potentiellement inondable (débordement de cours d’eau et/ou submersion marine).

Pour répondre à ce triple enjeu humain, écologique et économique, l’entreprise toulousaine BWI – pour Blue Water Intelligence – a développé un algorithme capable d’appréhender les épisodes de crues et de sécheresses, et ainsi prévenir les risques de catastrophes.

Installée à Montaudran au B612, le centre d’innovation de Toulouse Aerospace, l’entreprise qui compte une vingtaine de salariés a été fondée en 2022 par Hermeria Invest, la holding du groupe Hemeria, spécialiste de l’industrie aérospatiale et de la défense. BWI utilise l’intelligence artificielle (IA) et les données satellitaires pour produire des prévisions hydrauliques. « Notre algorithme est capable de simuler le temps qu’une goutte d’eau va mettre pour arriver au cours d’eau, si tant est qu’elle y arrive, explique son directeur général, Jeremy Fain. Pour cela nous utilisons comme données d’entrées les prévisions météo et les modèles numériques de terrain collectés par les satellites de la constellation Copernicus déployés par la Commission Européenne. »

Un premier contrat avec l’Agence spatiale européenne

Le 22 juillet dernier, la start-up a emprunté 400 000€ à Bpifrance pour commercialiser son service de prévision du débit des cours d’eau fondé sur l’IA. Il aura fallu presque un an pour que l’équipe d’ingénieurs de BWI accouche d’une première version de son algorithme. « Le processus de développement n’est jamais fini. Il est en constante évolution. L’IA est capable d’apprendre de ses erreurs et de les corriger elle-même », détaille l’ingénieur de formation, diplômé d’HEC Paris.

L’IA de prévisions hydrologiques développée par BWI connait de multiples applications et peut donc intéresser de nombreux secteurs, comme le précise l’intéressé, « Nous pouvons par exemple prévenir les agriculteurs en cas de sécheresse pour qu’ils puissent remplir leurs cuves et bassines en amont. Nous savons aussi que la production d’électricité et d’hydrogène dépend des réserves en eau. »

BWI travaille d’ores et déjà avec plusieurs clients nationaux et internationaux. Parmi eux, la Maif, assureur français, ou encore EDF Hydraulique, pour la production d’électricité. En juillet 2023, elle a signé son premier contrat avec l’Agence spatiale européenne, pour un projet visant la surveillance du fleuve indien Godavari, sur les berges duquel on recense plus de 2% de la population mondiale. Elle surveille aussi le delta du fleuve Sénégal en partenariat avec la Société nationale d’aménagement et d’exploitation des terres du delta de fleuve Sénégal (SAED).

1 M€ de CA en 2025

BWI bénéficie de l’accompagnement de l’accélérateur « District », développé par Aerospace Valley, qui soutient les jeunes entreprises liées au secteur du spatial. La start-up fait également partie des 20 entreprises qui ont rejoint cette année l’incubateur ESA BIC Sud France, qui concentre le plus grand réseau d’innovation spatiale du monde.

Fort d’un carnet de commandes de près d’1 M€, BWI revendique un chiffre d’affaires de 300 000€ au 1er juin 2023, montant que la start-up compte bien tripler à l’horizon 2025. Hormis cet emprunt de 400 000€, le Toulousain a bouclé en juin dernier une levée de fonds de 2 M€ auprès d’investisseurs privés. Cette enveloppe servira pour moitié à financer ses travaux de R&D et son développement commercial.