Lauréat France 2030, Metalball lance une nouvelle ligne de production et vise les 3,5 M€ de CA
Industrie. Créée en 2004 à Grisolles, en Tarn-et-Garonne, par Nicolas Centomo et Serge Dumas, la société Metalball est spécialisée dans la production de vis à bille (métal et céramique) dédiées à l’industrie lourde. Lauréate du programme « France 2030 », elle vient de recevoir une subvention de 290 K€ pour l’aider à financer une toute nouvelle ligne de fabrication de prototype de billes. Un projet évalué à 1,1 M€.
Pénuries de masques, de médicaments, d’électricité… La crise sanitaire de 2020, et plus récemment la guerre en Ukraine, ont relancé le débat sur l’indépendance énergétique et industrielle de la France. Si depuis la fin des années 70, tous les pays européens ont été touchés par une désindustrialisation de leurs systèmes productifs au profit du tertiaire, le processus a été particulièrement brutal dans l’Hexagone. Aujourd’hui encore, l’industrie manufacturière représente moins de 10 % du PIB, contre 14,8 % dans la zone euro et 18,4 % en Allemagne.
Pour réussir son pari de faire remonter la part de l’industrie à 15 %, le gouvernement a lancé en 2021 « France 2030 ». Doté de 54 Mds€, ce plan d’investissement massif vise à accélérer la transformation des secteurs clés de l’économie par l’innovation et améliorer leur compétitivité. Au total, 27 Mds€ ont déjà été engagés au niveau national pour près de 3 200 projets soutenus.
Aller concurrencer les Américains
Spécialisée dans la production de billes acier, céramique et plastique de haute précision à destination des secteurs aéronautique, médical, pharmaceutique et cosmétique, l’entreprise tarn-et-garonnaise Metalball fait partie des bénéficiaires. Implanté à Grisolles depuis 2004, le fabricant français a reçu en début d’année une subvention de 290 000 € dans le cadre de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) « rebond industriel », pour un projet évalué à 1,1 M€.
Le projet en question : une nouvelle ligne de fabrication de prototype de billes à destination des plus grands acteurs des roulements aéronautiques d’Europe. « Notre ambition est de décrocher une nouvelle homologation pour devenir le fournisseur attitré des donneurs d’ordre les plus exigeants du marché et ainsi venir concurrencer les Américains, leaders sur le marché », indique Nicolas Centomo, le directeur de Metalball, avant de détailler :
Ces 1,1 M€ vont servir à financer des travaux d’extension du bâtiment existant, à acheter six machines de rodage ainsi qu’une ligne de contrôle NITAL et une station de nettoyage ultrason. »
Alors que la vingtaine de salariés de l’entreprise travaillent déjà à la fabrication de ces billes de haute-précision, cette future ligne de production ultra moderne – dont la mise en service est attendue pour 2025 – doit permettre à l’industriel de soutenir la montée en cadence de sa production. « Le but est vraiment d’être en mesure de répondre à la demande et de fournir un matériel à haute valeur ajoutée en termes de qualité », précise Nicolas Centomo qui table sur une augmentation de 40 % du chiffre d’affaires sous trois ans.
Une stratégie de diversification payante
Et si aujourd’hui encore le secteur aéronautique représente 60 % de son activité, Metalball annonce par ailleurs vouloir poursuivre sa stratégie de diversification. Amorcée il y a déjà plusieurs années, « celle-ci nous a permis de limiter la casse durant la pandémie et les confinements successifs, affirme l’intéressé. Alors que la crise du Covid a fait plonger de près de 40% l’activité aéronautique française, nous avons “seulement” perdu 10% de notre chiffre d’affaires. »
Autre atout dans la manche du fabricant français lui ayant permis de reprendre rapidement le chemin la croissance : sa stratégie de développement tourné vers l’international. Metalball réalise en effet 60 % de son activité à l’export. Ses principaux marchés : l’Europe et les États-Unis.
Impacté au même titre que ces concurrents par la flambée des prix de l’énergie et des matières premières (couronnes de fil en acier), « c’est surtout l’allongement des délais qui a été le plus préjudiciable. Nous sommes passés de 12 à 24 mois. Il a fallu une fois encore s’adapter. Désormais, nous avons recours à des contrats pluriannuels pour être sûrs de consommer la matière que l’on achete. C’est une nécessité. Avant, nous étions davantage sur une relation de confiance avec nos clients, maintenant nous sommes sur une relation contractuelle », révèle Nicolas Centomo.
Fort aujourd’hui d’une soixantaine de clients, Metalball vise les 3,5 M€ de chiffre d’affaires en 2024, contre 3,2 M€ en 2023 et 2,9 M€ en 2022. Pour accompagner sa croissance, l’entreprise tarn-et-garonnaise annonce avoir embauché deux nouveaux collaborateurs. Ces recrutements viennent s’ajouter aux quatre autres déjà opérés sur l’année 2023.