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Le chasselas de Moissac : une filière bien organisée autour du précieux raisin

Agriculture . Le chasselas de Moissac, AOP depuis 1996, est un véritable trésor du Sud-Ouest sur lequel veille le syndicat de défense du chasselas de Moissac AOP. Sa mission est d’assurer la promotion du produit et d’accompagner les chasselatiers dans leur démarche de qualité.

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Photo de pieds de vigne
Au moment où le raisin se forme, la grappe est saisie manuellement, elle doit être isolée des autres afin de se développer. Aucun grain ne doit écraser les autres. La récolte se fait dès lors à la main. (©Laporte)

Le bilan définitif ne sera dressé qu’à la fin de l’année, mais d’ores et déjà, la récolte 2023 du chasselas de Moissac ne s’annonce pas exceptionnelle sur le plan de la quantité. 

De l’ordre de « 50 % de moins que d’habitude. Nous avons eu des jours très chauds au mois d’aout et le raisin a commencé à brûler. Là-dessus, le vent d’autan est venu le déshydrater », explique Stéphane Lucas, responsable technique au sein du Syndicat de défense du chasselas de Moissac AOP.

Une filière dynamique

Incontournable sur les marchés et les tables de la région, ce raisin de table aime le soleil et le sol argilo-calcaire. Son territoire s’étend sur 76 communes des départements du Tarn-et-Garonne et du Lot, soit l’équivalent de 409 hectares. 182 producteurs travaillent ainsi le chasselas, dont 92 sont certifiés HVE (haute valeur environnementale).

« Les surfaces cultivées n’ont pas évolué ces dernières années, ajoute Stéphane Lucas, mais le nombre d’exploitations diminue. Les professionnels sont contraints d’ajouter des arbres fruitiers et des céréales. En fait, cette diversification correspond à l’évolution de l’agriculture française en général. » N’est cependant pas producteur de chasselas ou chasselatier qui veut :

On considère que 800 à 900 heures de main-d’œuvre par hectare sont nécessaires pour avoir un résultat optimal. Il s’agit d’un travail d’orfèvre quasi artisanal. »

Pratiques culturales, mode de taille, calibrage, ciselage, écimage… De fait, rien n’échappe à l’œil expert. « Nous avons un niveau d’exigence très élevé, les produits présentés au consommateur doivent être exempts de tout défaut », poursuit Stéphane Lucas.

Récolte à la main

Photo du chasselas de Moissac
Le chasselas de Moissac, AOP depuis 1996, est un véritable trésor du Sud-Ouest. (©JLPhotographie)

Au moment où le raisin se forme, la grappe est saisie manuellement, elle doit être isolée des autres afin de se développer. Aucun grain ne doit écraser les autres. La récolte se fait dès lors à la main. La grappe à rafle verte et saine doit au minimum mesurer 12 cm et peser 100 grammes. Place ensuite au tri, au ciselage à l’aide de ciseaux spécifiques et au conditionnement.

Le syndicat de défense du chasselas regroupe 200 adhérents. Il fait office d’organisme de gestion, gère la partie administrative et technique liée à l’AOP, vérifie que les critères du cahier des charges sont respectés, en collaboration avec Qualisud, l’organisme de certification.

Il intervient aussi sur la sélection des fruits. Le syndicat ne prend cependant pas en charge la commercialisation et la distribution du raisin. 80 % du raisin sont achetés par la grande distribution (GMS), 20 % par les grossistes qui alimentent les détaillants.

Sortir des limites du Quercy

Animatrice au sein du syndicat, Régine Pax met en place toutes les actions de promotion du chasselas, inscrit depuis 2017 à « l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel en France ». Objectif : développer les ventes au-delà de la région de production. L’Europe, la Région, le Département de Tarn-et-Garonne participent à la valorisation du raisin, et en fonction des actions, les aides peuvent aller jusqu’à 70 % du budget global.

Le syndicat participe, entre autres, aux opérations Toulouse à Table, à la fête des fruits et des saveurs de Moissac, aux Marchés flottants du Sud-Ouest à Paris ou encore au Salon Régal Sud de France qui se déroulera du 15 au 17 décembre 2023 au Meett de Toulouse.

Face aux conséquences du changement climatique, le syndicat essaie de répondre aux interrogations des producteurs. « Chaque année est différente, les chasselatiers doivent s’adapter. Par exemple, sur une année humide, on va effeuiller autour des grappes pour alléger. Sur une année très chaude, on gardera les feuilles pour faire de l’ombre aux fruits. » Les professionnels sont en permanence à l’écoute des vignes, le vrai patron c’est le raisin !