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Le fabuleux univers de ce qui est en verre

Artisanat. La boutique-atelier de Carole Bufkens et de Laurent Malgouyres, installée depuis 1995 à Moissac, ne désemplit pas en cette période de fêtes. Les clients ne s’y trompent pas, ils viennent chercher la pièce unique et voir travailler les souffleurs de verre. Ces artisans verriers ont trouvé leur positionnement de marque, en privilégiant le contact direct avec le client.

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Caroline Bufkens a toujours été passionnée, fascinée par la matière : le verre. Au lycée, elle s’est formée aux techniques de la verrerie de laboratoire avant d’effectuer une partie de sa carrière dans les enseignes lumineuses, en région parisienne. « Après plusieurs années, j’ai eu envie de changer, j’avais fait le tour du métier, explique Caroline Bufkens. En feuilletant la revue de la céramique et du verre, je suis tombée sur une formation aux différentes techniques de travail du verre dispensée à Vannes-le-Châtel en Lorraine, au centre européen de recherches et de formation aux arts verrier, le Cerfav ».

Sans hésiter, Caroline Bufkens se lance et obtient son diplôme : « j’ai appris à souffler le verre. C’est un domaine artistique où l’on peut vite se faire plaisir avec la verrerie à la canne », détaille la quinqua. L’objectif de sa formation : créer son propre atelier, être indépendant.

Lancer son entreprise, en couple

De son côté, Laurent Malgouyres, titulaire d’une maîtrise en gestion des entreprises, a lui aussi attrapé le virus. Il décide de quitter l’univers des chiffres pour emprunter une voie plus artistique. « Le travail du verre est exigeant, il faut être deux pour façonner les pièces et monter les volumes. Il y a une chorégraphie à respecter. Lorsque vous avez trois kilos au bout d‘une canne d’un mètre cinquante, il faut de la force pour la tenir », explique Caroline Bufkens.

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Laurent Malgouyres apprend, se forme sur le tas et devient son alter ego. Il faut de l’ordre de 10 minutes à une heure pour réaliser une pièce. Les deux artistes aimeraient avoir un peu plus de temps pour créer des oeuvres exceptionnelles, uniques et participer à des concours nationaux ou européens.

Trouver le bon équilibre financier

La passion pour le métier et pour le verre, c’est une chose mais il faut compter les charges vous dira Caroline Bufkens. « Un atelier de verrier à faire tourner représente un sacré budget. Au matériel, il faut additionner les fournitures en gaz, en électricité. Les charges, c’est 70 % du chiffre d’affaires. Nous sommes installés depuis 26 ans et l’atelier n’est rentable que depuis quelques années ». Les artisans fabriquent des pièces vendues entre 10 et 150 €. Ils vendent en moyenne 500 gobelets par an et une trentaine de lampes. Leur CA est estimé à 80000 €. Caroline Bufkens et Laurent Malgouyres travaillent uniquement en vente directe, à des particuliers de la région ou des touristes. L’été, vous les trouverez sur les marchés d’artisans à Fourcès dans le Gers, à Martres-Tolosane ou à Gavarnie par exemple.

« Travailler avec des revendeurs ne serait pas intéressant pour nous, ils exigeraient une marge de 50%. Nous n’aurions pas d’autre choix que d’augmenter les prix pour le grand public. Or, je veux rendre l’art accessible à tous », ajoute Caroline Bufkens. Certaines de leurs créations partent de l’autre côté de la planète : « nous avons des clients australiens, canadiens, ils nous ont découverts lors d’un séjour sur le canal des Deux-Mers, en escale à Moissac ».

Caroline Bufkens et Laurent Malgouyres n’ont pas besoin de faire de grandes campagnes marketing. Instagram et le bouche-à-oreille leur suffisent amplement. Leur atelier est référencé sur la route des Métiers d’Art en Occitanie. Ils y proposent des initiations au métier de souffleur de verre pour adultes, un vrai succès : « c’est un univers qui fascine, la demande est exponentielle, il faut penser à réserver les créneaux longtemps à l’avance », précise Caroline Bufkens.