Entreprises

Le groupe Mistral surfe sur les nouveaux usages spatiaux

Navigation. Le Toulousain déploie sa nouvelle stratégie Space4Earth, dédiée à l’observation de la Terre.

Lecture 7 min
Photo du drone Boreal
Le Boreal est un drone de grande élongation dédié à l’expérimentation et à la surveillance aérienne. (Crédit : SAS BOREAL)

Le groupe Mistral, qui réunit les sociétés M3 Systems France, M3 Systems Belgium et Boreal, se restructure. Spécialisé dans la géolocalisation par satellite, activité historique de M3 Systems, les applications pour le trafic aérien, la raison d’être de M3 Systems Belgium, et les drones de grande élongation dédiés à l’expérimentation et la surveillance aérienne, le coeur de métier de Boreal, le Toulousain a en effet décidé de regrouper une partie de ses activités.

Le site de Lavernose-Lacasse, en Haute-Garonne, abrite désormais le centre d’innovation du groupe, ainsi qu’un showroom, l’objectif étant, précise l’entreprise dans un communiqué, « de développer de nouvelles charges utiles et de repenser les méthodes d’intégration pour proposer de véritables laboratoires volants sur mesure ».

Tandis que le site des allées Jean-Jaurès à Toulouse concentre, lui, les différentes expertises du groupe centrées sur le développement de logiciels de simulation et de tests de calcul de position, des activités qui ont permis à M3 Systems de se faire une place notamment sur les marchés de l’automobile et du ferroviaire.

Le groupe Mistral, qui emploie 38 personnes pour un chiffre d’affaires global de 3,5M€, vient également d’annoncer le lancement opérationnel de Space4Earth, sa nouvelle stratégie de développement dédiée à l’observation de la Terre.

« Nous souhaitons en effet mieux valoriser le savoir-faire que nous avons accumulé depuis plus de 20 ans », détaille Marc Pollina, son fondateur.

Un groupe bâti pierre par pierre

L’ingénieur venu du domaine spatial a fondé M3 Systems en 1999, avec comme ambition de « développer une expertise et des briques technologiques dans le domaine de la navigation par satellite » alors que le projet Galileo venait d’être lancé.

Quelques années plus tard, en marge du spatial, l’entreprise pénètre le secteur du trafic aérien et franchit les frontières.

« Nous avons obtenu des contrats avec Eurocontrol, l’organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne, à Bruxelles », détaille Marc Pollina. M3 Systems Belgium est créée et s’installe à Wavre où elle s’est développée depuis.

Une nouvelle étape est franchie il y a six ans avec le rachat et l’intégration au groupe Mistral de Boreal, une société fondée quelques années plus tôt par Michel Gavard, concepteur du drone éponyme.

« Le drone est un vecteur autonome qui a besoin de la navigation par satellite à la fois pour naviguer mais aussi pour géolocaliser les images et les mesures qu’il prend. Il m’a semblé intéressant de travailler dans les deux sens, c’est-à-dire de faire bénéficier le drone de l’expertise de M3 Systems et, inversement, cela donnait à M3 Systems un terrain de jeu applicatif. »

Autre intérêt : « le Boreal est assez complémentaire de ce que l’on peut faire avec un satellite. Grâce au drone, qui peut voler loin et longtemps, on peut en effet également faire de l’observation de la Terre. À la différence du satellite qui réalise des images globales, le drone, lui, prend des images plus locales et surtout, peut rester en stationnaire au-dessus d’une zone pendant plusieurs heures.

Lorsqu’on veut, par exemple, surveiller une zone maritime, un satellite permet de vérifier régulièrement la présence de bateaux. En revanche, si l’on souhaite savoir quelle est l’activité exacte de ces navires et les identifier, il faut aller sur place.

Ce qui nécessite habituellement d’utiliser un hélico ou un avion, des moyens qui coûtent cher. Le drone, lui, permet d’aller évaluer la situation pour ensuite prendre une décision. C’est ce qu’on a pu démontrer en août dernier en Guyane, dans le cadre de la lutte contre la pêche illégale. On peut imaginer le même scénario pour le secours en mer ou en cas de pollution marine.

Nous souhaitons désormais développer du savoir-faire et des applications qui font appel au satellite ou au drone. On peut imaginer aussi des ballons-sondes, ce qui permet de travailler à plusieurs échelles, du sol au satellite selon les besoins. »

Nouveaux usages spatiaux

Space4Earth symbolise cette nouvelle ambition du groupe : « révolutionner l’avenir du positionnement à l’échelle internationale au cours des dix prochaines années », à travers le développement des nouveaux usages spatiaux.

« L’idée est d’observer le signal GNSS (global navigation satellite systems) grâce à des récepteurs embarqués dans des satellites, des ballons-sondes ou des drones. Traditionnellement, le signal GNSS permet de déterminer la position d’un mobile, mais nous pensons qu’il y a d’autres usages possibles. L’un de ces usages est en train de se développer à travers ce qu’on appelle la réflectométrie.

On utilise alors le signal GNSS pour mesurer la hauteur ou l’état de la mer par exemple. Bref, pour faire de l’observation de la Terre. D’autres usages sont également possibles dans le domaine des infrastructures spatiales, dans le but de vérifier que les satellites fonctionnement bien, ou encore dans le secteur de la Défense.

Il s’agit là de vérifier qu’il n’y a pas de faux signaux, d’interférences ou des leurres dans le signal de navigation. Avec la guerre en Ukraine, cela devient de plus en plus évident : il a des perturbations sur le signal GNSS, volontaires ou involontaires, qui peuvent poser des problèmes. L’idée ici est de vérifier, en écoutant le signal au sol ou à bord d’un drone ou d’un satellite, qu’il n’y a pas de sources non désirées et éventuellement les localiser », poursuit Marc Pollina.

Pour faire face à ses ambitions, le groupe recrute une dizaine de collaborateurs, dans le domaine de l’architecture des systèmes notamment.