Le toulousain CLS réalise sa 17e opération de croissance externe et annonce 200 M€ de CA en 2024
Environnement. Le groupe CLS spécialisé dans la surveillance des activités terrestres et maritimes, vient de racheter le breton Quiet-Oceans, qui développe des solutions dans le domaine de la pollution sonore sous-marine. Objectif pour le Toulousain qui emploie un millier de collaborateurs à travers le monde : étoffer son offre de produits et services pour capter de nouveaux marchés.
Rien ne semble pouvoir freiner l’appétit de CLS. Après avoir fait l’acquisition en octobre 2024 d’Enviro & Industrial Solutions Middle East (EIS-ME), une société basée à Dubaï spécialisée dans la surveillance de la qualité de l’air, le groupe toulousain, pionnier dans la fourniture de solutions d’observation et de surveillance, annonce le rachat de Quiet-Oceans, entreprise bretonne, installée près de Brest dans le Finistère, qui étudie de l’impact des bruits sur la vie marine.
Une pollution méconnue
Fondée en 2010, la PME, qui compte 25 collaborateurs, a développé une expertise allant de la prévision du bruit sous-marin à l’évaluation des risques en passant par les services de conseil pour réduire l’impact du bruit sur la biodiversité. Elle a notamment développé un système de surveillance, de cartographie et de prévision du bruit océanique appelé Quonops.
Elle le met à disposition des industriels pour la réalisation d’études d’impact dans le cadre de projets de parcs éoliens ou de constructions offshore, de développement portuaire ou côtier. Ses solutions sont déjà déployées dans des fermes éoliennes offshore en France, en Italie, au Danemark, aux Pays-Bas, en Suède, et à Taïwan.
Source de pollution méconnue, le bruit sous-marin d’origine humaine peut en effet avoir de graves conséquences sur les espèces marines. Elle peut être « source de perturbation et de désorientation », et « va jusqu’à entraîner des blessures et même des décès chez de nombreux animaux », rappelle le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW).
Une directive européenne sur le milieu marin
Pourtant, il n’existe actuellement aucune réglementation internationale contraignante sur l’émission de bruit dans les océans. Tout au plus, en 2014, l’Organisation maritime internationale (OMI) a-t-elle publié des lignes directrices (non-astreignantes) visant à réduire le bruit sous-marin.
De son côté, l’Europe a adopté en 2008 la Directive-cadre Stratégie pour le milieu marin (DCSMM) visant à atteindre un bon état écologique des eaux européennes. Le texte fixe un objectif de diminution d’impact du bruit sur les populations d’animaux marins. Désormais, tous les nouveaux projets maritimes sont couverts par la réglementation et les industriels doivent évaluer l’impact environnemental du bruit sous-marin d’un projet.
Compléter son offre de solutions
Le rachat de Quiet-Oceans constitue la 17e opération de croissance externe de CLS depuis sa création en 1986. Cette filiale du Centre national d’études spatiales (CNES) et de la Compagnie Nationale à Portefeuille (CNP) [1] fournit des services satellitaires basés sur la localisation et la collecte de données environnementales, l’observation des océans et la surveillance des activités terrestres et maritimes. Ces données sont notamment utilisées dans la lutte contre la pollution, la pêche illégale ou encore le contrôle des aires marines protégées
Le groupe, qui emploie plus d’un millier de personnes répartis sur 34 sites dans le monde, s’appuie pour ce faire sur les données collectées par quelque 100 000 balises installées sur des bouées dérivantes, des animaux ou des bateaux de pêche et de commerce, une vingtaine d’instruments embarqués à bord de satellites et l’analyse de près de 20 000 images radar et optiques chaque année.
Pour CLS qui table sur un chiffre d’affaires de 200 M€ en 2024 (vs 180 M€ en 2023), le rachat de Quiet-Oceans est « une avancée majeure dans [son] engagement pour la protection des océans ». Il va lui permettre d’enrichir son offre à l’international, en apportant des solutions complètes à ses clients.
Et Christophe Vassal, président du groupe d’ajouter dans un communiqué daté du 9 décembre :
En s’associant à Quiet-Oceans, nous renforçons nos capacités à limiter l’impact acoustique des activités humaines en mer, un enjeu clé pour la préservation des espèces. Les synergies entre nos équipes nous permettront de répondre aux défis environnementaux actuels avec efficacité et responsabilité. Ensemble, nous bâtissons un avenir durable pour les océans, en conciliant économie et écologie, tout en restant fidèles à nos valeurs d’innovation et de progrès. »
De son côté, Thomas Folegot, fondateur de Quiet-Oceans se dit très fier de rejoindre le groupe CLS. « Travailler en synergie avec leur réseau de 33 sites répartis dans le monde nous permettra de promouvoir encore davantage à l’échelle mondiale, nos solutions et nos technologies que nous avons développées et perfectionnées depuis des années », conclut-il.
[1] CNP est une société d’investissement belge, filiale du groupe Frère-Bourgeois. Elle détient 66 % du capital de CLS.