Le toulousain Menguy’s, roi de la cacahuète, lance sa filière de production française
Agroalimentaire. Acteur majeur des produits apéritifs, l’industriel toulousain s’engage pour la souveraineté alimentaire française en relocalisant la production d’une partie de sa matière première. Cultivées en Poitou-Charentes et préparées à Mazamet, ces arachides devraient représenter 10 % des volumes traités par la marque d’ici 2030. Par ailleurs, l’entreprise projette de construire une seconde usine dans le Tarn.
Si partout dans le monde elles sont à la base de nombreuses préparations salées et sucrée, en France les cacahuètes sont surtout les reines de l’apéro. Les graines salées (dont elles font partie) sont d’ailleurs la catégorie la plus plébiscitée par les Français avec une progression de 2,6 % des volumes de ventes entre 2022 et 2023. Elles représentent ainsi 43 % du marché des apéritifs à croquer évalué à plus de 205 000 tonnes et près de 2 Md€, en croissance +1,5 % en 2023 (source Syndicat des apéritifs à croquer).
S’il est donc la star des moments conviviaux, le fruit de l’arachide a fait un long voyage avant d’arriver dans les rayons de nos grandes surfaces. Elle est en effet cultivée principalement en Chine, en Inde, au Nigeria, aux États-Unis, en Indonésie, en Argentine, au Sénégal ou encore au Brésil (source Mordor Intelligence). La France, quant à elle, en produit tout juste une quarantaine de tonnes, dans une unique exploitation, la ferme Darrigade à Soustons, dans les Landes.
Souveraineté alimentaire
Un chiffre qui pourrait bien changer dans les années à venir. Le toulousain Menguy’s, un des leaders du marché des produits apéritifs, vient en effet d’annoncer le lancement de sa propre filière de cacahuètes françaises. L’industriel, qui produit graines apéritives, biscuits soufflés, olives ou encore popcorn, a fait le pari de faire pousser ses arachides en Poitou-Charentes. Plantées au printemps sur une dizaine d’hectares par cinq agriculteurs partenaires adhérents de la coopérative agricole Océalia, elles sont en ce mois d’octobre en pleine récolte.
Fondée en 1987 par la famille Cormouls-Houles (groupe Soficor), Menguy’s réalise un peu moins de 48 M€ de chiffre d’affaires et emploie près de 250 salariés. L’entreprise commercialise ses produits à destination de la grande distribution, de la restauration ou de l’industrie, en France comme à l’international (Europe, Moyen-Orient, Amérique du Nord). En 2019, Menguy’s est entré dans le giron d’Océalia, cinquième groupe coopératif agroalimentaire français basé à Cognac, en Charente.
Le lancement de cette filière tricolore ne doit donc rien au hasard, confirme Guillaume Lamy, directeur général de Menguy’s. L’entreprise souhaite aujourd’hui « soutenir la souveraineté alimentaire et proposer une offre locale dans les rayons ». Alors qu’il s’approvisionne aujourd’hui essentiellement en Argentine et aux États-Unis, le groupe espère « d’ici 2030 rallier une centaine d’agriculteurs pour une production espérée de 2 000 tonnes, soit environ 10 % des volumes traités par la marque ».
Une valeur ajoutée supplémentaire
Pour les convaincre, l’entreprise toulousaine met en avant les atouts de la plante. Classée parmi les légumineuses, l’arachide permet de fixer naturellement l’azote dans le sol grâce à ses nodosités racinaires, améliorant ainsi sa fertilité. Sa culture constitue donc une « diversification bénéfique », notamment pour les agriculteurs auxquels elle apporte « une valeur ajoutée en complément des autres cultures », précise Menguy’s dans un communiqué daté du 14 octobre 2025.
Les premières cacahuètes picto-charentaises seront traitées dans l’usine tarnaise de Menguy’s pour être ensuite commercialisées dans leur version grillées salées. L’industriel compte aujourd’hui deux sites de production : l’un à Frontignan, dans les Pyrénées-Orientales pour le traitement des olives et l’autre à Mazamet (81), berceau historique de la marque, où sont produits les mélanges gourmands, graines apéritives et autre beurre de cacahuète. Une fois parvenue à maturité, la filière française devrait d’ailleurs alimenter aussi la production de cet autre best-seller de la marque, sorti en 2019.
Face à la forte demande du marché en produits apéritifs, Menguy’s projette de construire une seconde usine à Mazamet. L’industriel prévoit de s’étendre sur des terrains rachetés à la commune. Les travaux de la nouvelle usine pourraient débuter à la fin de cette année, peut-ont lire dans un compte rendu du conseil municipal de juillet 2025. Un investissement de plusieurs dizaines de millions d’euros qui devrait déboucher sur la création d’une quarantaine d’emplois.