Le transporteur Bioret mise sur l’électrique pour décarboner ses activités et gagner de nouveaux marchés
Transition énergétique. Montré du doigt en raison des émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’il génère, le transport routier de marchandises est sommé de faire sa révolution. Des dispositifs ont été mis en place par l’Ademe pour accompagner les acteurs dans la réduction de leur impact environnemental. Sur le terrain, certains se sont déjà emparés du sujet à l’image du transporteur toulousain Bioret qui emploie plus de 700 salariés et réalise près de 100 M€ de CA.
Particulièrement polluant, le secteur des transports est responsable de 31 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France, loin devant l’agriculture (19 %). Alors que les voitures des particuliers émettent plus de la moitié (51%) des GES du secteur, les poids lourds pointent juste derrière (23 %). Et si, selon la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), les émissions du secteur des transports ont baissé de 2 % depuis 2015, celles liées au transport de marchandises ont progressé de 6 %.
Sachant que le transport routier représente près de 90 % du transport intérieur de marchandise dans l’Hexagone, la décarbonation de ce mode de transport est « un impératif urgent à mettre en œuvre », confirme un rapport d’information du Sénat publié en mai 2021. S’il souligne les efforts déjà fait par les acteurs de la chaîne logistique pour réduire leur empreinte environnementale, avec notamment la mise en œuvre du programme EVE (Engagements Volontaires pour l’Environnement) [1] qui accompagne les entreprises dans la réduction de leur impact énergétique, ces efforts doivent « prendre de l’ampleur et s’accélérer » pour atteindre l’objectif de décarbonation complète du secteur des transports terrestres d’ici à 2050 fixé par la loi d’orientation des mobilités (LOM).
Des objectifs très ambitieux
En Occitanie, le groupe Bioret, qui réalise 102 M€ de chiffre d’affaires et emploie 718 collaborateurs, fait figure de bon élève. Déjà doté de véhicules roulant au GNV et d’une dizaine de camions électriques, le transporteur vient d’annoncer, dans un communiqué daté du 19 novembre 2024, sa volonté d’accélérer sa transition écologique. Pour ce faire, il s’est doté d’une charte pour formaliser ses engagements en matière de RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et impulser une nouvelle dynamique.
L’entreprise se fixe des objectifs particulièrement ambitieux dans le domaine de l’environnement. À l’horizon 2030, elle souhaite ainsi porter à 15 % la part de véhicules électriques dans sa flotte aujourd’hui composée de 171 porteurs et 365 tracteurs. Elle souhaite par ailleurs intensifier sa consommation de biocarburants. En 2023, l’utilisation de bioGNV avait permis au groupe d’éviter 144,46 tonnes d’équivalent CO2 (tCO2e). Le pari d’ici six ans est d’atteindre 3 700 tCO2e. Corollaire de cette démarche, le groupe Bioret poursuit ses efforts de formation de ses conducteurs et conductrices à l’éco-conduite. 100% seront formés d’ici la fin de l’année 2024, contre 95 % à fin 2023.
Outre une baisse de sa consommation de carburant fossile, les dirigeants du groupe, Serge et Victor Bioret, veulent actionner d’autres leviers pour réduire son empreinte environnementale. En 2024, il a équipé son site de Saint-Jory, en Haute-Garonne, d’ombrières photovoltaïques. 20 % de l’énergie produite par les 1600 m2 de panneaux installés seront utilisés pour répondre à ses propres besoins et notamment recharger ses véhicules électriques.
Vers le label Objectif CO2
Le groupe Bioret, qui réunit six entreprises (Transports Pech, TER Transports, TBR, In’Terpech, Bag Trans et TSF) en Occitanie, en région parisienne et dans le sud-est, veut également améliorer la gestion de l’eau et des déchets dans ses différents sites. Désormais deux de ses trois stations de lavage sont équipées d’un dispositif de traitement des eaux usées. Il permet le recyclage d’environ 70 % de l’eau consommé lors du lavage des véhicules. Le groupe prévoit en parallèle de systématiser le tri des déchets partout où il est implanté.
Gros consommateur de pneumatiques, le groupe Bioret entend également réduire son empreinte carbone en optimisant leur durée d’utilisation. En partenariat avec l’équipementier Michelin, en 2024, près de 1 500 pneumatiques du groupe ont été recreusés tandis que près de 800 pneumatiques rechapés ont été achetés, permettant au groupe d’économiser 212,9 tonnes de CO2.
Grâce à ses différents engagements, le Toulousain espère obtenir la labellisation Objectif CO2 pour l’ensemble de ses sites. Partie intégrante du programme EVE, ce label, qui récompense un haut niveau de performance environnementale, permet aux entreprises du secteur des transports de valoriser leur démarche auprès de leurs clients et de gagner en visibilité. Seul le site de Transports TBR, au Cellier en Loire-Atlantique, a obtenu cette labellisation en 2023.
[1] Il est porté par l’Ademe, Eco CO2 et plusieurs organisations professionnelles (AUTF, CGF, FNTR, FNTV, OTRE, Union TLF).