Les canoës tarnais de Zigzag font le tour du monde
Sport. De kayakiste professionnel à fabricant de bateaux, il n’y a qu’un pas. Pierre Alain Clerc s’est appuyé sur son expertise et celle des athlètes pour concevoir des produits innovants.
Les canoës de Pierre Alain Clerc risquent fort de se faire remarquer aux prochains Jeux olympiques. Zigzag, l’entreprise qu’il a cofondée il y a près d’un quart de siècle à Albi poursuit son développement : elle ouvrira une nouvelle boutique à Toulouse dans quelques mois.
Zigzag est né dans la tête de deux sportifs en 1999, Pierre Alain Clerc et Patrice Véronel (ancien associé). Tous deux évoluaient en nationale 2 : « on faisait du slalom en rivière. Vu notre (petit) gabarit, nous rencontrions souvent des difficultés pour trouver sur le marché des produits correspondant à nos besoins. Nous avons décidé de créer notre entreprise », précise le premier.
L’objectif était de concevoir des kayaks de compétition, de s’appuyer sur l’exigence des athlètes pour créer des produits adaptés. « C’est presque du sur-mesure. Nous avons prototypé des modèles de kayak avant de faire un moule. Ça permet de valider les formes. C’est un travail en commun : on s’occupe de la partie liée au matériel, le sportif fait le reste », ajoute Pierre Alain Clerc.
Titulaire d’un BTS en électronique, l’ancien sportif de haut niveau cherchait quelque peu sa voie avant de fonder son entreprise. « Mon associé avait une formation technique dans le domaine des composites. Il travaillait sur les cadres de vélo. On a mixé nos compétences et je me suis retrouvé dans mon élément, le début d’une aventure passionnante et prometteuse. »
Le kayak de compétition, un véritable marché
En 24 ans, Pierre a acquis de solides compétences. « C’est de la production artisanale, j’ai gardé la passion du métier », sourit-il. Au plus fort de l’activité de l’entreprise, il a fabriqué jusqu’à 250 bateaux par an. Il a souhaité ralentir le rythme afin de développer la boutique et de proposer des marques et des modèles différents de kayaks et de paddle, pour tous les niveaux.
Ajoutons à cela des difficultés de recrutement et de formation : « c’est plus facile de trouver un commercial que des spécialistes en composites pour fabriquer des bateaux. Nous utilisons les mêmes matériaux que dans l’aéronautique, mais on a du mal à trouver du personnel. La fabrication est très spécifique. On évolue en milieu humide. La forme du bateau est importante. Elle a une action directe sur la performance. »
L’entreprise a développé un modèle avec Fabien Lefèvre, champion du monde : « il avait changé sa façon de prendre les virages. Ça a fait école et il a été suivi. » Il faut en moyenne 10 jours pour fabriquer un bateau, vendu jusqu’à 2 600 €. L’occasion fonctionne bien, les prix se situent entre 1 500 et 2 000€. Le kayak de compétition représente 20 % du chiffre d’affaires de Zigzag.
Se faire connaître
Pierre Alain Clerc sourit en disant qu’il est plutôt bien positionné sur ce marché de niche. 800 personnes pratiquent le kayak de compétition en France. « Alors, je me plais à aller chatouiller les grosses entreprises. La concurrence se trouve en République tchéquie, en Slovénie, au Portugal… »
Il se rend régulièrement sur les épreuves de coupe du Monde où il prête les bateaux aux athlètes, lui assurant ainsi une belle visibilité. Il était à Augsbourg en Allemagne en juin dernier, il sera à la Seu d’Urgell en Espagne en septembre. Avec un CA de 400 000 €, en progression de 25 % cette année, Zigzag a adopté la bonne stratégie.
L’entreprise renforce sa présence commerciale pour aller démarcher à l’international et directement auprès des athlètes. Zigzag va ouvrir une nouvelle boutique avant la fin de l’année à Toulouse et fabriquer de nouveaux modèles. Pierre Alain Clerc s’intéresse fortement aux nouvelles disciplines de kayak cross en collaboration avec Rotomob, spécialiste du moulage plastique basé à Agen. Les bateaux seront présents lors des prochains J.O.