Les intentions d’embauche en hausse en Occitanie
Recrutement. Pôle emploi, qui deviendra bientôt France Travail, vient de publier son enquête. Besoins en main-d’oeuvre 2023. Constat préoccupant : les difficultés de recrutement progressent.
Alors qu’il recule de 0,2% à l’échelle nationale, en 2023 le nombre de projets d’embauche continue de progresser en Occitanie. Il s’élève à près de 280 000, selon Pôle emploi qui vient de publier les résultats de sa traditionnelle étude Besoins en main-d’oeuvre.
42 000 entreprises de la région ont répondu à cette enquête prospective réalisée en fin d’année dernière. Le nombre de projets de recrutement progresse ainsi de 1,1 % par rapport à 2022, soit 2 930 projets de recrutement supplémentaires.
Leur nombre demeure encore très supérieur à celui de 2019 (+9,5 %). « Le contexte est toujours très positif : le nombre d’intentions d’embauche continue d’augmenter tandis que le nombre de demandeurs d’emploi recule en Occitanie, à près de 550 000 », reconnaît Pierre Brossier, responsable Études et Statistiques de Pôle emploi Occitanie.
Trois entreprises sur 10 ont prévu de recruter cette année (contre 33 % l’an dernier), sachant que six intentions d’embauche sur 10 émanent de TPE (employant moins de 10 salariés).
Ces intentions d’embauche visent majoritairement à répondre à un accroissement de l’activité (59%). Autre bonne nouvelle, ces projets d’embauche portent à 71% sur des contrats durables (CDI et CDD de plus de six mois).
Les CDI progressent de neuf points et représentent 57 % des projets d’embauche. Parmi les secteurs qui recrutent, les services font toujours course en tête : 61% des recrutements projetés émanent de ce secteur.
Les services aux entreprises sont particulièrement bien orientés : les intentions d’embauche dans ce segment d’activité progressent de 7 % sur un an.
Porté par la reprise post-covid, le secteur de l’hébergement et de la restauration est encore bien orienté : les intentions d’embauche augmentent de 8% en un an.
Seule la construction fait mieux : les projets de recrutement, qui représentent 8% du total (soit 21 780 projets de recrutement), sont en hausse de 9 %.
L’industrie (hors industries agroalimentaires) représente, elle, 12 000 projets de recrutement en 2023, un niveau stable par rapport à 2022. À l’inverse, les projets de recrutement reculent nettement dans l’agriculture, de l’ordre de 13%.
La Haute-Garonne tire la région
Le nombre de recrutements prévus en 2023 progresse dans cinq des 13 départements de la région : dans le Gard, l’Hérault, les Hautes-Pyrénées, le Tarn-et-Garonne et la Haute-Garonne.
Dans ce dernier, leur nombre augmente de plus de 12% par rapport à 2022. « Après la crise sanitaire, la Haute-Garonne a pris un peu plus de temps pour redémarrer, détaille Pierre Brossier. Or, cette année, on constate un regain d’activité sur le territoire, notamment dans l’aéronautique, qui se traduit par une diminution assez marquée du nombre de demandeurs d’emploi dans l’industrie. »
En Haute-Garonne, Pôle emploi a ainsi dénombré 6 800 intentions d’embauche supplémentaires par rapport à l’année dernière, soit au total 63 240 projets de recrutement en 2023.
La Haute-Garonne et l’Hérault concentrent à eux deux 44 % des intentions d’embauche de la Région, Toulouse à elle seule, 20%.
Peu de changement dans le top 10 des métiers qui recrutent (hors saisonniers) : les apprentis et employés de cuisine sont en tête (6 980 projets de recrutement), suivis par les aides à domicile et aides ménagères (6 540), les aides soignants (5 600), les agents d’entretien (5 140), les serveurs de café (4 490), les manutentionnaires (3 680), les cuisiniers (3 660), les infirmiers (3 130), les ingénieurs en informatique (3 060) et les conducteurs routiers (2 900).
Il faut noter « la belle dynamique de l’emploi des cadres » avec 18 000 projets de recrutement en Occitanie en 2023, en hausse de 17 % (soit +2 600 projets) dont la moitié est concentrée sur le bassin de Toulouse.
« Les intentions d’embauche d’ingénieurs et cadres de l’industrie progressent de 30%, soit 1700 au total, ce qui montre bien la dynamique marquée dans ce secteur », pointe Pierre Brossier.
Avec 38 % des intentions d’embauche liées à un besoin saisonnier, l’Occitanie affiche le 2e taux de saisonnalité le plus important en France (à l’échelle nationale, ce taux plafonne à 28 %).
En Occitanie, il baisse cependant régulièrement depuis 2019 : il a reculé de huit points en cinq ans. Du fait du poids des activités agricoles et touristiques dans ces territoires, cinq départements d’Occitanie affichent un taux de saisonnalité égal ou supérieur à 50%, il s’agit des Pyrénées-Orientales, de l’Aude, du Gers, du Tarn-et- Garonne et de la Lozère.
Des recrutements de plus en plus difficiles
Désormais, 58 % des recrutements sont jugés difficiles par les entreprises, un taux en progression depuis 2016 (+2 points par rapport à 2022). En France, ce taux atteint 61%.
« L’Occitanie est la 4e région de France où le taux de difficultés est le plus bas, note Pierre Brossier. Sachant que nous avons le 2e plus fort taux de chômage – en Occitanie, il se situe à 8,6 % contre 7,2% en France –, cela signifie que nous disposons d’une main-d’oeuvre un peu plus disponible sur le territoire. Ce qui peut expliquer en partie des difficultés de recrutement un peu moins importantes. »
Les métiers les plus concernés sont sans grande surprise les aides à domicile et aides ménagères (86 % des projets de recrutement sont jugés difficile), les maçons (83 %), les plombiers chauffagistes (81 %, +185 % d’intentions d’embauches en cinq ans), les coiffeurs (79%) et les infirmiers (77%).
Les recruteurs interrogés par Pôle emploi avancent plusieurs explications à ces difficultés, la première étant la pénurie de candidat. Elle est invoquée par 88 % des entreprises.
« À l’occasion de recrutements réalisés l’année dernière, nous avons interrogé les recruteurs sur les raisons pour lesquelles, selon eux, ils ne recevaient pas assez de candidatures. 42 % d’entre eux ont estimé que la rémunération était trop faible, 32% que le poste était un petit peu trop technique, 29 % ont mentionné la pénibilité et 28% des horaires décalés. On voit que, s’agissant de cette pénurie de candidats, les employeurs se questionnent aussi beaucoup et essaient d’être plus attractifs », détaille Pierre Brossier.
Selon l’enquête BMO, l’autre raison avancée par les recruteurs pour expliquer ces difficultés de recrutement est l’inadéquation du profil des candidats. Elle est évoquée par 79% des recruteurs.
« Là aussi, nous avions, l’an dernier, questionné les recruteurs sur ce qui motivait leur réponse. 66% d’entre eux alléguaient un manque de motivation, 64 % le manque d’expérience ou encore des compétences techniques insuffisantes pour 52%. Nous avons cherché à en savoir plus sur ce défaut de motivation. Or, 80% des entreprises nous ont indiqué qu’elles s’étaient fait cet avis pendant l’entretien d’embauche. On peut rapprocher ce chiffre d’une autre enquête que nous avons réalisée cette année auprès des demandeurs d’emploi de longue durée. Seuls 4% d’entre eux nous ont indiqué être en manque de motivation. On mesure là l’écart entre les attentes des entreprises et les projections des demandeurs d’emploi sur ces sujets. »
De quoi justifier davantage encore, selon le responsable Études et Statistiques, l’accompagnement mis en place, notamment via l’Emploi Store.