Les Moulins de Perrine, des meuniers pas comme les autres
Alimentation. Installés à Auriac-sur-Vendinelle en Haute-Garonne, Jonathan Izard, Baptiste Marquiet et Dorian Biffi sont aux commandes des Moulins de Perrine. Un œil sur les résultats de l’entreprise et les deux pieds sur le terrain, ils ont trouvé un concept qui séduit une clientèle soucieuse de son environnement, de sa santé. Être agriculteur-entrepreneur, c’est aussi ne pas être dépendant de la fluctuation des cours mondiaux des céréales et aller vers l’autonomie alimentaire.
Jonathan Izard, Baptiste Marquiet et Dorian Biffi entre 25 et 33 ans, ils ont repris les Moulins de Perrine l’année dernière, entre deux confinements. En pleine campagne, dans leur boutique adossée aux moulins, ils commercialisent leurs produits en BtoC. L’entreprise a été fondée en 1998 par Perrine et Guy Adibert : « on peut dire qu’ils sont les pionniers de la transformation du grain en farine, s’amuse Jonathan. Ce sont eux qui ont eu l’idée d’exploiter leur récolte de A à Z. »
Lorsque la famille a souhaité vendre la partie transformation pour ne garder que l’exploitation, la transition s’est faite naturellement. Producteur de céréales, Baptiste Marquiet avait converti son exploitation en bio lorsqu’il a été rejoint par Jonathan Izard et Dorian Biffi.
Transformer le produit et l’amener dans l’assiette
« On produisait nos céréales mais sans savoir ce qu’elles devenaient, explique Jonathan Izard, d’où une énorme frustration de ne pas travailler en direct avec le consommateur. »
Les trois associés cultivent le tournesol, le blé dur, le blé tendre, l’épeautre, le sarrasin, le seigle, le maïs.
« On transforme en farine et on innove en préparant des pâtes aux lentilles, par exemple. À partir de l’an prochain, nous serons capables de fournir le moulin à 100 %. »
Producteurs mais aussi boulangers et oléiculteurs puisque ces jeunes agriculteurs fabriquent différentes huiles issues de leurs cultures certifiées HVE (haute valeur environnementale). La filière bio est en cours de développement.
Les Moulins de Perrine livrent leurs produits dans des boutiques dans toute la Haute-Garonne et une partie du Tarn-et-Garonne. Leurs clients sont restaurateurs, boulangers… Ils travaillent aussi avec des épiceries fines à Paris. Ils souhaitent repenser les modes de distribution, leur objectif : développer les tournées de proximité : « c’est notre valeur ajoutée, argumente Jonathan Izard, les clients voient les plantes pousser, ils retrouvent ensuite le produit fini dans leur assiette, c’est porteur de sens. Ils sont prêts à payer quelques euros de plus pour faire vivre une filière. »
D’agriculteur à entrepreneur
Passer de l’un à l’autre s’est fait en douceur, les trois entrepreneurs ont été bien accompagnés par Perrine Adibert. « Nous nous sommes remis en question, explique Jonathan Izard. Notre priorité était de rester sur le terrain tout en gérant l’entreprise. Comment faire ? On a choisi d’embaucher trois personnes, de véritables couteaux suisses capables de nous épauler. »
Tous travaillent de manière artisanale, huit salariés font tourner les moulins. Les grains sont broyés à la meule de pierre. Cet outil ancestral, peu utilisé en France, offre une bien meilleure qualité de farine, elle est plus souple, moins compacte.
« On travaille à notre échelle, pour faire 20 kg de farine, il faut une heure. Il faudrait cinq minutes, si nous étions industriels. » L’ensachage, l’emballage, l’expédition se font ensuite à la main.
Jonathan Izard ne fera pas de projection sur le CA, c’est trop tôt. « Il faudrait lisser l’activité sur deux ans, comme nous avons repris entre deux confinements, il faut attendre. Peu importe, on ne se pose pas trop de questions pour l’instant. On voit augmenter notre fréquentation et nos commandes, c’est encourageant. Nous sommes jeunes et passionnés, on fonce ! »