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Les radio-fréquences passées au crible

Jérémy Perrin. Fondée par ce Palois, la start-up canadienne Connektica, qui développe une plateforme de tests radio-fréquences satellitaires, débarque à Toulouse.

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Apporter une rupture dans l’industrie du satellite tel est, en substance, le défi de cet enfant de Pau devenu aujourd’hui canadien d’adoption. En 2019, Jérémy Perrin, ingénieur spécialisé en technologie spatiale et diplômé de l’école Polytechnique de Montréal, plonge avec son associé Jean-Mathieu Deschênes, développeur dans l’aéronautique, dans l’univers des start-up en créant Connektica. 

Jérémy Perrin, fondateur de Connektica. DR

Leur objectif est de concevoir une plateforme de tests radio-fréquences (RF) qui permette aux PME manufacturières de composants RF de réduire leur temps et leurs coûts de tests tout en se conformant aux exigences des donneurs d’ordres du secteur (OEMs). « Il faut changer la philosophie et les approches des tests réalisés dans l’industrie spatiale. En effet, la production n’est plus basée sur des satellites géostationnaires mais sur des constellations de satellites standards opérant en orbite basse (LEO). Auparavant, il fallait deux ans pour fabriquer un satellite traditionnel. Aujourd’hui, avec l’arrivée des constellations en orbite basse, le marché avance à marche forcée et vise une dizaine de satellites produits chaque mois, ce qui change la donne. Notre ambition est double : d’un côté, permettre aux fournisseurs de gagner du temps et d’optimiser leur process via une plateforme clé en main facilement configurable selon leurs besoins, et de l’autre, permettre aux donneurs d’ordre d’optimiser leur chaîne d’approvisionnement globale, de collecter les données de tests RF de façon standardisée et de limiter ainsi les rejets de production », souligne Jérémy Perrin, CEO de Connektica, ancien responsable de l’automatisation des tests radio-fréquences au sein du groupe canadien MDA.
Dans l’industrie spatiale, chaque composant critique est testé individuellement par des techniciens RF expérimentés, à savoir les intégrateurs, qui confectionnent le satellite. Désormais, du fait de l’accélération de la cadence, cette manipulation est déléguée aux PME manufacturières qui manquent parfois d’expertise. «  Si cette approche fonctionne encore pour de faibles volumes, elle n’est plus envisageable pour de larges volumes de composants », avance l’entrepreneur de 31 ans. Forte pour l’heure d’une équipe de cinq collaborateurs, la pépite entend devenir leader sur le marché mondial. Après avoir obtenu des aides gouvernementales canadiennes et investi 300 K€ dans la R & D pour développer un prototype – actuellement en test au sein d’une PME manufacturière française et bientôt chez un géant canadien pour la constellation Lightspeed de Telesat –, la start-up s’apprête à déployer la V1 cet été. 

« Nous envisageons de commercialiser la plateforme sous forme de licence SaaS auprès d’une dizaine de clients en Europe et autant au Canada d’ici 2022. »

Basée au Québec, Connektica a choisi Toulouse, capitale de l’industrie aérospatiale française comme porte d’entrée pour rayonner en Europe, notamment grâce à l’accompagnement de l’incubateur régional Nubbo. « Il nous sert notamment de passerelle pour intégrer l’ESA BIC Sud France (Incubateur labellisé par l’Agence Spatiale Européenne), ce qui nous permettra à moyen terme, de lever des fonds pour supporter notre croissance et asseoir notre notoriété à l’échelle mondiale », conclut le co-gérant qui vise 1 M€ de CA d’ici deux ans. Dans le cadre de son développement, les deux associés comptent créer une filiale à Toulouse d’ici la fin de l’année.