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Sociétés coopératives : nouvel eldorado des entrepreneurs et des salariés ?

Transmission. 2025 a été proclamée « année internationale des coopératives » par l’ONU. Une vraie reconnaissance pour ce modèle d’entreprise qui séduit de plus en plus. La preuve, en 2024, l’Union Régionale des Scop Occitanie Pyrénées a accompagné la création ou la reprise par leurs salariés d’une quinzaine de sociétés coopératives pour un total de 76 emplois créés et près de 9 M€ de chiffre d’affaires générés.

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Le 13 mars 2025, l’équipe de l’Union régionale des Scop Occitanie Pyrénées, composée d’Amina Chanegriha, Cyrille Rocher, Sophie Hemardinquer et Rémi Roux, a dressé le bilan de l’année 2024 et abordé ses perspectives pour 2025. (©Gazette du Midi)

Quand les salariés prennent en main leur destin. L’été dernier, le feuilleton Duralex a fait les gros titres de la presse française et européenne. Spécialiste de la vaisselle et du verre trempé, l’entreprise française avait été placée en redressement judiciaire suite à des difficultés financières découlant de la crise énergétique.

Après une mobilisation syndicale de plusieurs mois, le tribunal d’Orléans a validé en juillet 2024 la transformation de Duralex en société coopérative ouvrière de production (Scop). Une décision qui a permis la conservation de la totalité des 226 emplois, les salariés devenant actionnaires majoritaires. La Région Centre-Val de Loire ainsi que plusieurs institutions avaient soutenu financièrement ce changement de gouvernance pour éviter la fermeture de cette entreprise historique détentrice du label Entreprise du Patrimoine Vivant.

Loin d’être un cas isolé, Duralex illustre un phénomène plus large : en France, les coopératives continuent en effet de gagner du terrain. Elles représentent désormais 3 % des entreprises de deux salariés et plus, soit 4 558 structures employant près de 88 000 personnes. Leur solidité est également avérée avec un taux de pérennité à cinq ans de 79 %, contre 61 % pour les entreprises conventionnelles.

De plus, selon un baromètre OpinionWay publié l’année dernière, 87 % des salariés et 81 % des dirigeants jugent que les Scop inspirent confiance. En Occitanie aussi l’engouement se poursuit affirment Rémi Roux, le président de l’Union régionale de Scop Occitanie Pyrénées (Urscop), et son directeur Cyrille Rocher. Réunis le 13 mars dernier à Toulouse à l’occasion de la présentation du bilan de l’année 2024, les deux dirigeants en ont profité pour évoquer les perspectives 2025.

14 Scop/Scic créées en 2024

« 2024 n’a été ni bonne ni mauvaise. Elle s’est inscrite dans la continuité des années précédentes », a déclaré Cyrille Rocher. L’Urscop, dont le rôle est d’accompagner les porteurs de projets, de conseiller les coopératives et de promouvoir ce statut, a participé à la naissance de 14 Scop et Scic représentant 76 emplois, pour un chiffre d’affaires de 8,8 M€. Dans le détail, ces 14 projets correspondent à six créations, quatre transformations, une cession et trois reprises après liquidation judiciaire.

« Notre accompagnement consiste à trouver des financements et à apporter un soutien technique dans le changement de statut. Nous sommes parfois aussi amenés à aider les équipes psychologiquement, lors d’une cession par exemple », souligne le directeur de l’Urscop qui compte 16 collaborateurs. Au total, l’organisation accompagne 341 Scop et Scic, soit près des 60 % des entreprises coopératives de la région. Ces dernières emploient 4 400 personnes et réalisent 461 M€ chiffre d’affaires cumulé.

Boosté par de nouveaux partenariats

Un dynamisme qui s’explique en partie par la signature de nouveaux partenariats, notamment avec la Fédération Scop BTP Occitanie pour structurer le secteur du bâtiment. L’organisation s’est également rapprochée du réseau associatif Éclair, pour « énergies citoyennes locales et renouvelables Occitanie », afin de proposer des solutions durables et écologiques aux entreprises coopératives de la région ainsi que de la Communauté d’agglomération de l’Albigeois pour développer des projets de cession.

Enfin, dans l’optique d’élargir son champ d’action, l’Urscop a signé un partenariat avec le Conseil départemental de la Haute-Garonne. Objectif selon Cyrille Rocher :

« Apporter une réponse entrepreneuriale renforcée en faveur des personnes en situation de précarité qui veulent tout de même entreprendre. »

Un taux de pérennité de 77 % à cinq ans

À l’occasion de ce point presse, le directeur de l’Urscop est également revenu sur le succès en novembre dernier de la 5ᵉ édition du Concours de création d’entreprise coopérative en Occitanie, dont une des missions est de sensibiliser les jeunes à ce modèle d’entrepreneuriat collectif. Six entreprises ont été récompensées, dont deux haut-garonnaises Tousolar et Citiz Occitanie.

L’intéressé a aussi souligné l’importance de sa couveuse Alter’Incub dans son processus d’accompagnement des entreprises. « Aujourd’hui, Alter’Incub est le premier incubateur régional avec plus de 200 projets accompagnés et près de 120 entreprises créées, pour un taux de pérennité à cinq ans de 83 %. Cela fait 10 ans que nous portons cette belle initiative dédiée au service de l’innovation sociale et nous comptons bien continuer en 2025. »

S’adapter aux défis environnementaux

Sur les trois premiers mois de l’année, l’Urscop a déjà accompagné la reprise de l’usine tarnaise Compobaie, spécialisée dans les ouvertures et les fenêtres, par les salariés associés de la Scop 3B Concept. Un succès qui en appel d’autres. Ambitieux pour 2025, l’Urscop souhaite notamment renforcer son action en faveur de la transition écologique. « En 2023, une étude réalisée auprès des Scop sur ce sujet avait montré que 79 % des dirigeants avaient déjà engagé des actions pour réduire leur impact environnemental », révèle Rémi Roux.

Depuis plus d’un an, l’organisation, soutenue par l’Ademe, met en place des tests d’accompagnement pour que les entreprises intègrent cet enjeu à leur activité. « Ces tests visent à sensibiliser les entrepreneurs, à mesurer leur impact écologique et à leur proposer des solutions d’aide et de financements pour s’adapter aux défis environnementaux. Si les tests sont concluants, nous mettrons en place cette offre dès 2026 », poursuit l’intéressé qui s’est par ailleurs félicité de la décision des Nations Unies de proclamer 2025 comme l’année internationale des coopératives. Signe selon lui « d’une reconnaissance grandissante pour ce modèle d’avenir ».