Les thermes de Luchon : 2023, une saison de transition prometteuse
Interview. Malgré une saison écourtée à cause des travaux d’agrandissement et plombée par un incident technique - obligeant la direction à annuler près de 950 cures - la station thermale a accueilli plus de 5 600 curistes. Une fréquentation qui laisse présager de bons résultats pour la saison 2024 assure Myriam Roullot, la directrice des lieux.
Neuf mois après le début des travaux de rénovation et d’agrandissement, les thermes de Luchon version Arenadour ont accueilli leurs premiers curistes le 27 mars dernier. Une journée spéciale j’imagine pour vous et vos équipes ?
Myriam Roullot : Le 27 mars a en effet marqué le lancement de la saison pour les thermes de Luchon. Et les gens ont répondu présents puisque nous avons accueilli ce jour-là plus de 220 curistes. Direction, salariés (NDLR 70 équivalents temps plein), clients, nous avons pris ensemble possession des lieux et des différents espaces rénovés, et fait découvrir le nouveau parcours de soins. L’avantage, c’est que les soignants étaient les mêmes que les années précédentes. Cela a permis de maintenir un lien de confiance. Ça a grandement facilité les choses.
Après, à titre personnel, j’attendais avec impatience cette réouverture pour recueillir les premiers retours des curistes sur le nouveau visage des thermes. Nous avons engagé énormément de travaux et il y avait beaucoup d’attente de part et d’autre. Et même si certains - et je les comprends - ont été un peu frustrés de ne pas pouvoir jouir dès cette année de l’ensemble des 15 000 m2 de la station, nous avons pu leur expliquer l’avancement des travaux, les prochaines échéances et aussi les dates de réouverture de plusieurs espaces tout au long de la saison 2023.
Justement, concernant ces travaux de rénovation et d’agrandissement des espaces intérieurs qui vont coûter 40 M€, où en est le chantier ? Et pour quelle ambition ?
Myriam Roullot : L’objectif de ce chantier d’envergure est d’arriver à conjuguer le passé au futur. D’impulser une dynamique nouvelle à ce haut lieu du thermalisme en France. Un projet ambitieux avec un fort investissement de plusieurs acteurs : l’État (2,875 M€), la Région Occitanie (2,875 M€), la Banque des Territoires (3,60M€), l’Arac (5,40 M€), le département de la Haute-Garonne (1,75 M€) et enfin, la commune de Luchon (1,25 M€). La société des thermes de Luchon, qui fait désormais partie du groupe Arenadour, a, elle, investi 5 M€ dans le renouvellement des mobiliers des différents espaces et dans l’équipement des cabines et autres postes de soins. Le parcours de soins a été complément repensé et automatisé afin que les soignants puissent se concentrer à 100% sur la prise en charge des curistes.
Concernant les travaux, nous avons ouvert le 27 mars l’espace dédié aux voies respiratoires, qui n’a pas encore été rénové, et 40% de l’espace consacré aux orientations en rhumatologie situé dans le bâtiment Chambert pour les cures conventionnées. Le 8 mai, nous avons ouvert le vaporarium où se font les cures ORL et voies respiratoires. Enfin, le 3 juillet, c’est l’espace premium en rhumatologie qui a accueilli ses premiers curistes. La dernière phase de travaux concerne l’espace bien-être. Livré en juin 2024, il comprendra une salle de sport, une piscine, des douches sensorielles, des grottes et sauna ainsi qu’un grand espace thermoludique de 2500 m2.
Afin d’engager cette dernière phase de travaux, la station thermale a fermé ses portes le 28 octobre dernier. L’heure est donc au bilan. Maxime Vilgrain, le président d’Arenadour ambitionnait d’accueillir plus de 8 000 curistes, et 16 000 sur le long terme. L’objectif est-il atteint ? Et plus largement, quel est le profil des curistes accueillis ?
Myriam Roullot : Sur cette année 2023, nous avons accueilli 345 curistes non conventionnés et 5 257 curistes conventionnés, dont 120 enfants de moins de 15 ans souffrant de pathologies respiratoires. Pour 90% d’entre eux, ils habitent en Occitanie. L’âge moyen est de 68 ans. Le plus jeune de nos curistes avait deux ans et le plus âgé 101 ans. Alors certes nous n’avons pas atteint les 8 000 curistes mais cela s’explique par un incident technique qui nous a obligé à annuler près de 1 000 cures.
Pour 2024, nous maintenons cet objectif mais au-delà des chiffres, le plus important pour nous, est de proposer des soins de qualité. Nous allons bien sûr travailler pour augmenter progressivement les capacités de notre plateau technique pour accueillir davantage de curistes mais la priorité, je le répète, est vraiment de répondre aux demandes médicales.
Vous parliez d’un « incident technique ». Quel est-il ? Et surtout est-il réglé ?
Myriam Roullot : Comme je vous l’ai dit précédemment, la station thermale a été rénovée en totalité. Seuls les quatre murs extérieurs ont été conservés. Début juin, nous avons eu un souci au niveau d’un bassin de stockage d’eau. Il faut savoir qu’à Luchon, l’eau sort des forages à 72°C, nous avons donc besoin de la stocker pour la refroidir naturellement.
Dans un des bassins, un défaut a été constaté et malgré des travaux, les analyses réalisées sur la zone n’étaient pas conformes à la dispense de soins en baignoire (balnéologie). La décision a donc été prise avec l’ARS et l’Arac Occitanie, en charge du chantier, de suspendre cette activité dès le 14 août. Nous avons pu continuer les autres soins, comme la rhumatologie et les cures de l’espace premium, mais avec un accueil réduit. Par conséquent, nous avons dû annuler un certain nombre de cures afin de pouvoir nous occuper correctement de ceux qui étaient déjà présents. Entre le mois de septembre et jusqu’au 28 octobre, ce sont près de 950 cures qui ont ainsi été annulées. Le problème technique est aujourd’hui en passe d’être résolu. Nous avons bien sûr lancé un vaste plan de communication pour informer les curistes concernés : appels téléphoniques, mail, sms. Et puis surtout, nous avons pris en charge tous les frais d’annulation (réservation, hébergement, transport).
Aujourd’hui les thermes de Luchon sont fermés. Quelles sont les prochaines échéances ?
Myriam Roullot : Nous sommes déjà sur le pont pour préparer la saison 2024 qui s’étendra du 4 mars jusqu’au 16 novembre. Pendant ces mois de fermeture au public, toute l’équipe travaille notamment sur la création de nouveaux programmes et ateliers (sophrologie, bien-être, éducation au sommeil, diététique…) en lien avec le Dr Etchart Combes, notre médecin thermal qui assure la surveillance médicale du patient tout au long de la cure. Nous sommes également en train de repenser l’espace “accueil” dédié aux enfants et leurs familles au sein du pavillon Prince Impérial.