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Levée de fonds, filiale au Canada, partenariats en Roumanie... Med & Jobs sur tous les fronts

Santé. Pour pallier le manque de médecins en France, la start-up tarnaise Med & Jobs met en relation les établissements de santé et les étudiants en médecine. L’entreprise vient de signer deux partenariats inédits avec des universités en Roumanie où de nombreux jeunes français partent faire leurs études. Elle ambitionne de lever 1 M€ à l’horizon 2025-2026 en vue de créer une filiale au Canada.

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L’équipe Med & Jobs, composée des deux fondateurs Arnaud Corbière et Andréa Berthenet, et de cinq employés. (©Med & Jobs)

Chaque année, à cause du numerus apertus, de nombreux jeunes français partent faire leurs études de santé à l’étranger. Mis en place en 2021 en remplacement du numerus clausus, ce système de quota fixe chaque année le nombre minimum d’étudiants inscrits en médecine, odontologie, pharmacie, maïeutique, autorisés à accéder à la deuxième année d’études. L’objectif étant de former davantage de professionnels et ainsi de faire face à la pénurie. L’ambition du gouvernement est d’augmenter leur nombre de 20 %. Malgré cette réforme, la pénurie persiste et la fuite des cerveaux continue.

Basée à Gaillac et créée en 2021 par Arnaud Corbière, ingénieur de formation avec une expertise dans l’industrie, et Andréa Berthenet, ancienne assistante dentaire, la start-up Med & Jobs déploie une plateforme innovante dédiée aux professionnels de santé afin de faciliter les recrutements. Elle vient de signer un partenariat avec deux universités en Roumanie. Objectif ? « Créer un lien direct et durable avec un vivier de plusieurs milliers d’étudiants et futurs professionnels de santé qui s’apprêtent à s’installer et exercer en France dans les années à venir ».

Pourquoi la Roumanie  ? Car ce pays d’Europe de l’Est accueille 3 500 étudiants français. Cet attrait s’explique notamment par une section d’enseignement francophone disponible dans quatre grandes universités. Malgré des frais de scolarité généralement élevés, autour de 7 500 € l’année, il est possible d’intégrer un cursus sans passer de concours.

En 2024, selon le quotidien du médecin, plus de 5 000 étudiants français suivent un cursus de médecine à l’étranger, tous cycles confondus. Face à cette recrudescence de départs, et à l’augmentation de la pénurie de médecins en France, le ministre de la Santé Yannick Neuder, a indiqué, dans une interview accordée à France Info en mars dernier, vouloir « supprimer le restant de numerus, jugé toujours trop restrictif, pour récupérer les étudiants partis en Roumanie, Espagne et Belgique ». En 2023, lorsqu’il était encore député, l’élu avait déjà déposé une proposition de loi pour supprimer cette restriction. Le texte a été voté par l’Assemblée nationale mais attend toujours son passage devant le Sénat, prévu en mai 2025.

Réinventer le recrutement médical

Grâce à ce nouveau partenariat avec les universités roumaines de Cluj et Iaşi , Med & Jobs espère relayer le maximum d’offres et de demandes de stage et d’emploi. « Face au manque de personnels de santé sur leur territoire, les collectivités sont assez démunies. Grâce à notre plateforme digitale combinant intelligence artificielle et accompagnement humain, nous permettons aux étudiants de renseigner leurs profils, disponibilités et aspirations, tout en diffusant des offres ciblées émanant de structures de santé françaises », indique son président Arnaud Corbière.

La plateforme de recrutement compte aujourd’hui 16 000 talents, dont plus de 3 700 professionnels de santé inscrits et près de 580 employeurs référencés. Arnaud Corbière compte bien continuer à développer cette communauté et annonce vouloir ouvrir son réseau à toutes les structures de santé. En 2023 et 2024, Med & Jobs a effectué deux levée de fonds à hauteur de 310 K€, réalisées notamment auprès de NMP Développement, société de capital investissement filiale du Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées, afin de développer de nouvelles fonctionnalités.

Outre le soutien de la région Occitanie, elle a également bénéficié d’un prêt d’amorçage de Bpifrance à hauteur de 40 000 €. Avec ses sept salariés, l’entreprise affiche un taux de croissance de 110% et ambitionne de tripler son chiffre d’affaires dans les prochaines années.