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Look Up lève 50 M€ et veut devenir un des leaders mondiaux de la surveillance de l’espace

Spatial. Spécialiste de la sécurité des activités orbitales et des infrastructures spatiales, la start-up toulousaine, créée en 2022, poursuit le déploiement de son réseau mondial de radars. Après la mise en service d’un premier en Lozère, elle prévoit d’en installer deux autres en Polynésie française. Elle a reçu pour cela le soutien de l’Union européenne.

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Look Up a été fondée en 2022 à Toulouse par Juan Carlos Dolado Perez et Michel Frieding. (©Look Up)

La start-up toulousaine Look Up, spécialisée dans la sécurité des activités orbitales et des infrastructures spatiales, finalise un tour de table de 50 M€. Cette nouvelle levée de fonds vise à lui permettre de poursuivre le déploiement de son réseau mondial de radars de surveillance de l’espace dénommé Sorasys. La précédente, réalisée en 2023, lui avait déjà permis de collecter 14 M€ dont la moitié via France 2030 et le fonds French Tech Seed.

Fondée en 2022 par l’ex-commandant de l’espace, le général Michel Frieding, et Juan Carlos Dolado Perez, ancien responsable du département de surveillance de l’espace du CNES, la start-up développe un ensemble de solutions, comprenant des radars et une plateforme digitale, pour notamment cartographier les satellites et autres débris spatiaux en vue de prévenir d’éventuelles collisions aux conséquences potentiellement dévastatrices.

Sauver les satellites des débris spatiaux

Des compétences qui lui ont valu en juin 2024, de prendre la tête du projet européen Atlas2 (Acceleration Towards LEO Automatic Space Safety) qui vise à « sauver les satellites des débris spatiaux » grâce à un réseau mondial de sept radars. Ce projet, évalué à 3,4 M€, est financé à hauteur de 2,4 M€ par l’Union européenne et court jusqu’en 2026.

De fait, depuis le lancement en 1957 du premier satellite artificiel, leur nombre a littéralement explosé pour franchir l’an dernier la barre de 10 000 satellites en orbite au dessus de nos têtes. Et cette croissance quasi exponentielle n’est pas près de fléchir. Avec les projets de mégaconstellations de Starlink portée par SpaceX ou Kuiper pour Amazon sans oublier leurs homologues chinoises, ce sont en effet des dizaines de milliers de satellites supplémentaires qui devraient être lancés dans l’espace dans les 30 prochaines années.

À cela s’ajoute une quantité astronomique de débris spatiaux très dangereux (de l’ordre de 128 000 selon le CNES, dont 34 000 de plus de 10 cm). Qui plus est, le risque de collision est particulièrement élevé dans l’orbite terrestre basse, celle justement où se concentre une grande partie des satellites actuellement actifs.

Un réseau de radars en cours de déploiement

L’an dernier, Look Up a mis en service un premier radar en Lozère, lequel est opérationnel depuis mars. La levée de fonds doit notamment lui permettre d’en installer deux autres en Polynésie française . Ils serviront à collecter des données précises sur tous les objets en orbite.

Fournies à des acteurs publics et privés ou bien traitées en temps réel par la plateforme digitale de Look Up (déjà commercialisée sous le nom de Synapse), ces données permettront de fournir différents services tels que « l’anticipation précise des risques de collision, des recommandations de manœuvres, la détection de manœuvres inhabituelles ou de menaces, afin de garantir une utilisation pacifique et durable de l’espace », précise la jeune pousse toulousaine dans un communiqué daté du 11 juin 2025.

Ce tour de table de 50 M€ associe de la dette bancaire, une prise de participation en capital pour un montant de 24 M€ menée par le britannique ETF Partners, Leadwind, le fonds de croissance early-stage de l’espagnol Kfund et EIC Fund, le fonds institutionnel du Conseil européen de l’innovation, auxquels s’ajoutent l’allemand MIG Capital et des français Karista et Expansion, soutiens historiques de Look Up, ainsi que des financements publics. L’Union européenne a en effet débloqué des subventions à hauteur de 15 M€ pour financer la construction des deux stations polynésiennes.

Enjeux de souveraineté européenne

Présente au salon international de l’aéronautique et de l’espace qui se déroule à Paris-le Bourget jusqu’au 22 juin, la start-up toulousaine qui emploie 60 collaborateurs, planche sur d’autres projets tels que le développement de services de gestion du trafic spatial (Space traffic management) et des opérations spatiales (Space operations as a service) aussi bien pour les acteurs publics que privés, dans le domaine civil et la Défense. Pour faire face à la croissance de ses activités, la jeune pousse prévoit de nombreux recrutements en vue de porter son effectif à une centaine de personnes d’ici la fin de l’année.

Alors que les moyens de détection et de suivi des objets en orbites basses sont essentiellement concentrés entre les mains des Américains, Look Up ambitionne de devenir un des leaders mondiaux dans son domaine. « Nous voulons devenir un acteur global de la sécurité et des opérations spatiales », confirme Michel Friedling, qui évoque « une évolution hors de contrôle de l’environnement orbital de la Terre, dans un contexte géopolitique incertain ».

Une ambition en phase avec les visées européennes comme le rappelle Svetoslava Georgieva, présidente du conseil d’administration du Fonds EIC pour qui « l’UE et ses pays membres ont besoin de solutions souveraines pour assurer la sécurité de leurs actifs et de leurs activités en orbite ».