Cancer de la prostate : la biotech montpelliéraine Mabqi veut lever 20 M€ en 2025
Santé. La société de biotechnologie héraultaise prévoit de lancer dans deux ans une première étude clinique sur son candidat médicament le plus abouti, le MQI-201, qui cible le cancer de la prostate. En attendant, pour accélérer sa croissance, elle prépare une levée de fonds de 20 M€ en 2025.

L’immunothérapie connaît depuis une quinzaine d’années un essor considérable dans le domaine du cancer. Au lieu de s’attaquer directement aux cellules tumorales comme le font la chimiothérapie et la radiothérapie, cette approche thérapeutique innovante consiste à activer le système immunitaire du patient, pour l’aider à reconnaître les cellules cancéreuses et conduire à leur destruction. Plusieurs outils sont utilisés, depuis le développement de cellules thérapeutiques, en passant par les vaccins, les cytokines ou encore les anticorps.
C’est cette dernière voie qu’a choisi Mabqi. La société de biotechnologie montpelliéraine, spécialisée dans la découverte et le développement industriel d’anticorps humains destinés notamment au traitement des cancers, vient de recevoir un financement de l’État de 5 M€ dans le cadre de l’appel à projets "Innovations en biothérapies et bioproduction" de France 2030.
Ces fonds vont lui permettre d’accélérer le développement d’un anticorps pour le traitement du cancer de la prostate métastatique. Considéré comme le deuxième cancer le plus fréquent chez l’homme adulte, il est le quatrième cancer le plus répandu au monde, avec 560 000 nouveaux patients recensés chaque année rien qu’au sein des pays des huit marchés dits "clés" que sont la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne, le Japon et la Chine.
Cet anticorps, baptisé MQI-201, est capable de viser spécifiquement « le canal ionique TRPV6, une cible thérapeutique innovante en oncologie impliquée dans le développement de plusieurs cancers », notamment celui de la prostate, précise l’entreprise dans un communiqué daté du 26 février 2025.
Traitement du cancer de la prostate mais pas seulement
Grâce à ce financement, qui, selon Sylvain Yon, directeur général de Mabqi, « témoigne de la pertinence scientifique de notre plateforme technologique dans le développement de nouvelles immunothérapies à fort potentiel médical », la start-up prévoit de lancer la bioproduction de l’anticorps MQI-201, en vue de mener l’ensemble des étapes précliniques réglementaires. Avant le lancement d’une première étude clinique de Phase 1a prévu début 2027. Et le dirigeant d’ajouter :
La technologie de sélection et de développement d’anticorps innovants de Mabqi répond aujourd’hui à un des besoins clés de la filière française des biotechnologies thérapeutiques, en proposant un outil de bioproduction rapide, efficace et hautement sélectif pour le développement de biothérapies innovantes, capable de répondre aux besoins médicaux non résolus dans de nombreuses pathologies. Notre anticorps MQI-201, aujourd’hui à l’étude dans le traitement du cancer de la prostate, dispose d’un potentiel avéré dans le traitement d’autres indications cancéreuses, comme les cancers du pancréas ou de l’ovaire, indications que nous explorerons dans un second temps. »

Installée à Grabels, dans l’Hérault, la jeune pousse, qui compte 20 salariés pour près d’1 M€ de chiffre d’affaires, est propriétaire de ses propres banques composées de milliards d’anticorps, directement transposables au niveau industriel. En plus de travailler au service de clients internationaux, Mabqi planche également sur ses propres candidats médicaments. Elle dispose ainsi d’un portefeuille de six anticorps propriétaires en cours d’élaboration dont deux sont développés en interne et quatre visent à être codéveloppés avec des acteurs de référence de l’industrie pharmaceutique.
La nouvelle gamme d’anticorps découverte par Mabqi a « la particularité de se fixer spécifiquement au sein de la tumeur cancéreuse et non sur les tissus sains. Ce qui permet de mieux combattre le cancer », soulignait en mars 2024 Sylvain Yon, alors lauréat de la 19e édition d’Occitanie Invest.
Fruit d’une collaboration avec la société d’accélération de transfert de technologie (SATT) Nord et les équipes Inserm de Lille, le candidat médicament MQI-201, s’avère très efficace en traitement seul et pourrait également, à terme, être utilisé en combinaison avec les thérapies de référence du cancer de la prostate.
L’entreprise, qui a bénéficié des dispositifs Start’Oc Process et Readynov de la Région Occitanie, a remporté en 2022 le prix "Innovation & International" du 41e concours Les InnOvations organisé par Ad’Occ, l’agence régionale de développement économique. Après avoir bouclé fin 2021 un premier tour de table d’un montant de 2,1 M€, Sylvain Yon prépare une nouvelle levée de fonds de 20 M€ d’ici la fin de l’année 2025. Pour accompagner sa croissance, la jeune pousse prévoit de tripler ses effectifs à l’horizon 2027.