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Malgré les incertitudes autour de MaPrimeRenov’, Cozynergy annonce un millier de projets en 2024

Énergie. Alors que des incertitudes demeurent autour du dispositif MaPrimeRenov’, l’entreprise toulousaine Cozynergy, spécialisée dans la rénovation énergétique globale, voit son activité progresser de 100 % par rapport à 2023. Pour accompagner sa croissance, elle recrute une dizaine de technico-commerciaux dans toute la France.

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Photo de l'activité de Cozynergy
Cozynergy, spécialiste de la rénovation énergétique globale depuis 2013, enregistre en 2024 une activité plus dynamique que jamais. (©Paul Doumenc)

Lancé en janvier 2020, le dispositif MaPrimeRénov’ est la principale aide de l’État à la rénovation énergétique des logements. Le dispositif, ouvert aux propriétaires et copropriétaires, permet de financer les rénovations d’ampleur ou la rénovation par geste. L’Agence nationale de l’amélioration de l’habitat (ANAH) chiffre à 2,3 millions le nombre de logements rénovés depuis le lancement du dispositif.

Début 2024, les conditions d’attribution des aides ont été modifiées pour favoriser les rénovations d’ampleur, celles comprenant plusieurs travaux, et ainsi encourager les gains énergétiques importants, au détriment des monogestes. Dans la foulée, le nombre de demandes s’est effondré (-56 % sur les monogestes au 1er semestre, alors qu’ils constituent 87 % des actions de rénovation), faute pour les particuliers de disposer de ressources suffisantes pour entreprendre une rénovation importante de leur logement.

2,3 millions de logements rénovés

Depuis le 15 mai 2024 (et jusqu’au 31 décembre 2024), les conditions d’octroi des aides ont toutefois été assouplies pour permettre aux ménages souhaitant effectuer un geste unique de travaux de bénéficier d’une aide forfaitaire. Selon les statistiques de l’ANAH, depuis le début de l’année, 124 903 ménages ont sollicité cette aide, en déposant un dossier.

Les ménages qui souhaitent réaliser des travaux de rénovation d’ampleur bénéficient, pour leur part, d’un accompagnement et d’une aide financière. Depuis le début de l’année, toujours selon l’ANAH, 34 826 dossiers (+61% par rapport au 2ᵉ trimestre 2023) ont été déposés. 75 % des dossiers concernent des logements avec une étiquette énergétique F ou G. Le coût moyen d’un projet de travaux est de 54 671 € et bénéficie d’une aide moyenne de 37 080 €.

C’est sur ce créneau des rénovations énergétiques globales que le toulousain Cozynergy a fait le choix de se développer depuis sa création en 2013. Un choix judicieux si l’on en croit ses chiffres. Dans un communiqué publié en septembre 2024, l’entreprise constate « une explosion des demandes d’accompagnement » et annonce près d’un millier de projets de rénovation d’ampleur en 2024. Cette hausse d’activité (+100% vs 2023) s’accompagne d’un doublement du « panier médian » s’agissant du montant des travaux engagés par rapport à 2023.

10 recrutements programmés

Photo de Nicolas Durand
Nicolas Durand, directeur général de Cozynergy. (©Cozynergy)

Détenue à 90 % par cinq banques régionales du groupe BPCE, l’entreprise a développé une plateforme dotée notamment d’un simulateur en ligne, qui lui permet de proposer gratuitement pour chaque projet : une estimation des travaux à effectuer, les économies d’énergie réalisées et les subventions associées. L’entreprise, qui compte 12 agences dans l’Hexagone et emploie 150 collaborateurs, s’appuie également sur un réseau de 400 installateurs agréés RGE. En 2023, elle a réalisé 20 M€ de chiffre d’affaires et table sur un montant de même ordre en 2024.

Portée par cette dynamique, la PME lance le recrutement d’une dizaine de technico-commerciaux sur tout le territoire national. Son directeur général, Nicolas Durand, n’en reste pas moins préoccupée quant à l’avenir du dispositif. Il alerte sur les risques que peuvent engendrer les évolutions intervenues récemment pour les acteurs du secteur. « L’ensemble de la profession subit les évolutions du dispositif et tente de s’adapter, alors même que le phénomène des "écodélinquants" s’intensifie sur le secteur », confirme-t-il. Et d’ajouter :

La profession craint que l’ANAH et MaPrimeRénov’ bloquent les paiements en mettant en avant les risques de fraudes, alors que ces délais de paiement sont souvent supportés par les professionnels du secteur. Et malheureusement, comme bien souvent, ce sont les petites et moyennes entreprises, pour la plupart d’entre elles très sérieuses, qui risquent d’être impactées. »

Besoin de lisibilité

L’autre incertitude qui pèse sur les professionnels du secteur, c’est la pérennisation des règles d’assouplissement en vigueur depuis le 15 mai. Le 26 septembre 2024, un collectif de 29 acteurs de la rénovation (énergéticiens, entreprises du bâtiment, fabricants et distributeurs d’équipements, bailleurs sociaux, syndics, notaires, etc.) a écrit au Premier ministre pour demander leur maintien.

« Un retour à la reforme initiale du début 2024 mettrait en péril la trajectoire de massification envisagée. Pour investir, les Français ont besoin de lisibilité. Les conséquences seraient également désastreuses pour le secteur, à la fois pour les entreprises artisanales du bâtiment et PME spécialisées qui subissent déjà la chute du marché de la construction neuve, et pour les industriels et distributeurs professionnels, qui, sans visibilité, ne pourront poursuivre leurs investissements dans le cadre de l’industrie verte », écrivent les 29 acteurs.

Une inquiétude d’autant plus justifiée que le projet de loi de finance pour 2025 prévoit de ramener l’enveloppe dédiée à MaPrimeRénov’ à 2,3 Mds€ en autorisations d’engagement (2,5 Mds€ en crédits de paiement). En 2024, le montant initial de 4 Mds€ a été abaissé en février à 3 Mds€. Pour rappel, en 2023, les crédits alloués s’élevaient à 2,4 Mds€.