La success story de l’entreprise PVC & Alu System à l’épreuve du passage de témoin
Bâtiment. Spécialisée dans la fabrication et la pose d’huisseries en PVC et aluminium, la PME familiale haut-garonnaise voit arriver à sa tête une nouvelle génération. Pour Pauline et Margot Vicente, l’enjeu est de maintenir la belle image de marque construite par leurs parents.
Après deux années euphoriques, le marché de la fenêtre connaît un ralentissement en France. Selon le magazine L’écho de la baie, reprenant le résultat des études menées chaque année par le cabinet TBC Innovations, 2021 avait en effet été « l’année de tous les records pour le marché de la fenêtre », porté par « une très forte dynamique, tant en valeur qu’en volume » avec près de 11 millions d’unités vendues sur l’année.
En 2022, malgré une conjoncture économique dégradée et les hausses des coûts de l’énergie et des matériaux, le marché hexagonal avait maintenu sa dynamique, enregistrant une progression de 14 % par rapport à l’année précédente, le cap de 11 millions de fenêtres ayant été franchi.
Pari gagnant
2023 et 2024 ne devraient pas être dans la même veine. C’est ce que craignent Pauline et Margot Vicente, 29 et 26 ans, qui projettent à terme de reprendre l’entreprise familiale PVC & Alu System, spécialisée dans la fabrication et l’installation de menuiseries sur Toulouse et sa région. Les deux jeunes femmes, responsables administrative et commerciale viennent d’entrer au capital de la PME de Seilh (31), au nord-ouest de Toulouse, aux côtés de leurs parents Guy et Monique Vicente.
Le couple a créé PVC & Alu System en 1995, alors qu’il n’avait aucune expérience dans le domaine. Cet ancien conseiller financier chez Barclays et cette spécialiste de l’immobilier, associés à un oncle de Pauline et Margot Vicente, ont racheté les machines d’une entreprise d’Auterive en liquidation et se sont lancés dans l’aventure. « Alors qu’ils gagnaient très bien leur vie, ils ont décidé de tout lâcher pour créer de l’emploi et être leurs propres patrons. Les débuts ont été difficiles, ils en ont bavé ! », se souvient en souriant l’aînée qui a grandi dans l’entreprise et l’a rejoint il y a cinq après un détour professionnel par le théâtre.
Cinq ans après la création de PVC & Alu System, le couple décide, par commodité, de déménager l’atelier de fabrication à Seilh. Au même moment, les fondateurs choisissent de délaisser peu à peu le marché des professionnels pour se développer activement sur celui des particuliers. Ils représentent aujourd’hui 95 % de la clientèle de l’entreprise, en direct ou via des prescripteurs : artisans, menuisiers, maçons, courtiers en travaux ou syndics de copropriété.
1,3 M€ de chiffre d’affaires
L’entreprise emploie aujourd’hui sept collaborateurs et s’est diversifiée. Elle fabrique et commercialise des fenêtres, des baies coulissantes, des volets roulants électriques ou solaires ou encore des pergolas, en PVC, en aluminium ou en bois. Après avoir réalisé 1,3 M€ de chiffre d’affaires sur l’exercice 2022-2023, Pauline Vicente espère maintenir ce montant pour l’exercice en cours. Et celle-ci d’ajouter :
Le marché est aujourd’hui plus difficile qu’il ne l’a été pendant les deux années de sortie du Covid qui ont été plutôt "fastes". Nous avons bien travaillé malgré l’inflation, la conjoncture et la peur due au contexte géopolitique. Désormais, c’est plus difficile. Les clients mettent plus de temps à prendre des décisions. Ils ont aussi un peu moins d’argent ou l’envie de le consacrer à ce type de travaux. »
Malgré tout, la jeune femme ne se plaint pas. L’entreprise, qui travaille quasiment exclusivement sur le marché de la rénovation, ressent un peu moins les effets de la crise qui frappe durement le secteur de la construction neuve. « Cela dit, quand l’immobilier se porte bien, si les gens achètent, les gens rénovent, les gens construisent. Si les gens n’achètent pas, ils ne rénovent pas, ils ne construisent pas. Et du coup, toutes les entreprises qui dépendent de ces marchés souffrent », explique-t-elle avant de compléter :
Nous avons ainsi vu arriver sur le secteur de la rénovation des sociétés qui ne faisaient jusque-là que du neuf. Des acteurs qui n’avaient pas forcément les épaules pour se lancer sur ce type de marché, sachant que la rénovation est un métier à part entière. Certains d’entre eux, autour de nous, ont fondu les plombs. C’est inquiétant. »
Rénovation globale
Pauline et Margot Vicente restent cependant confiantes sur les perspectives d’activité. Cependant, ce n’est pas du côté de la rénovation énergétique, à travers la nouvelle mouture de MaPrimRénov’, qu’elles attendent leur salut. Depuis cette année, les logements classés F et G doivent faire l’objet d’une rénovation globale pour bénéficier des aides. Or, pour Pauline Vicente, cela contraint les propriétaires à se lancer dans de très lourds travaux sans que le montant des aides suive. « L’objectif final, à savoir entreprendre la rénovation globale des logements, est positif. En revanche, la manière dont on compte y arriver laisse beaucoup à désirer… », déplore-t-elle.
Un brin désabusée, l’intéressée l’assure : « Ce n’était pas grâce à MaPrimRénov qu’on vivait et ce sera encore moins le cas désormais ! Toutefois, d’autres projets sont, selon nous, intéressants et peu de gens le savent, ce sont les aides financières Silencio, dispensées notamment par l’aéroport de Toulouse-Blagnac. » Des aides qui permettent aux habitants situés dans le couloir aérien de l’aéroport, d’insonoriser leur logement. « Elles peuvent atteindre jusqu’à 11 K€. Pour le coup, cela peut être très intéressant pour les particuliers », assure Pauline Vicente.
L’entreprise, qui vient de se doter d’un nouveau showroom sur son site de Seilh, a rejoint récemment le groupe des sponsors du Rugby Club de Blagnac. Une manière d’étoffer son réseau. La PME est en effet en quête de nouveaux partenaires ou prescripteurs « qui sont dans la même optique que nous, c’est-à-dire faire du travail de qualité et satisfaire le client. C’est comme cela que nous parvenons à nous démarquer depuis bientôt 30 ans : la moitié de notre clientèle provient de recommandations. On essaie de conserver la belle image de marque construite par nos parents », conclut la jeune femme.