Meeting patronal du 13 octobre : les entrepreneurs d’Occitanie rejoindront-ils le mouvement ?
Organisations patronales. Alors que le pays est englué dans une crise politique et économique, c’est au tour des patrons d’exprimer leur ras-le-bol. Patrick Martin, président du Medef France, a ainsi invité les chefs d’entreprise à se rassembler à Paris le lundi 13 octobre. Si le Medef Occitanie a répondu favorablement à cet appel, de son côté, l’U2P a déjà dit qu’elle ne participerait pas. La CPME, elle, doit se prononcer dans les prochains jours.

Septembre aura été marqué par une forte mobilisation populaire et syndicale. Octobre sera-t-il le mois de la mobilisation patronale ? C’est en tout cas ce que veut croire Patrick Martin, président du Medef (qui représente près de 150 000 entreprises adhérentes et 11 millions de salariés), qui a décrété le lundi 13 octobre comme journée de contestation nationale des chefs d’entreprise. Un meeting inédit organisé à l’Accor Arena Paris Bercy auquel il espère rallier le plus grand nombre d’acteurs du monde économique, issus de « tous les secteurs et de tous les territoires ».
Au cœur de la colère patronale l’instabilité politique et économique née de la dissolution en juin 2024 avec comme point d’orgue la succession de trois Premiers ministres et la difficulté de voter un budget pour 2026. Un projet de loi de finances (PLF) marqué par la rigueur avec 44 Md€ d’économies projetées. Un tour de vis budgétaire qui visiblement ne satisfait personne, depuis les partis politiques, plus que jamais divisés, jusqu’à la rue qui a vu le 10 septembre dernier plus de 175 000 participants battre le pavé dont entre 13 000 et 30 000 rien qu’à Toulouse. Sans oublier les 500 000 à 1 million de personnes qui ont défilé à l’appel des syndicats huit jours plus tard dans toute la France.
L’appel du président du Medef s’inscrit dans un contexte plus général marqué par la dégradation de la note de la France par l’agence Fitch, le recul des investissement depuis deux ans et surtout la hausse des défaillances d’entreprises. Depuis 2022, leur nombre a en effet fortement progressé. Avec près de 68 000 procédures collectives enregistrées en 2024, la France a même atteint « un niveau de défaillances inédit depuis plus d’une décennie » selon le cabinet Altares.
Le retour de la taxe Zucman
En Occitanie, ce sont ainsi plus de 6 000 procédures de sauvegarde, redressements et liquidations judiciaires qui ont été ouvertes l’an dernier. Un chiffre en hausse de 13 % sur un an, parmi lesquelles 92 % de TPE-PME. Derrière ces chiffres, un grand nombre d’emplois sont également menacés.
Autre étincelle qui a mis le feu aux poudres, ces dernières semaines, c’est le retour de la taxe Zucman dans le débat public. Adoptée en première lecture en février par l’Assemblée nationale avant d’être retoquée en juin par le Sénat, cette proposition vise à taxer à hauteur de 2 % les patrimoines supérieurs à 100 M€.
Alors que, selon Gabriel Zucman, les milliardaires auraient un taux d’imposition inférieur au contribuable lambda, cette nouvelle taxe, soutenue par des économistes et une partie de la classe politique, ambitionne de rétablir une certaine égalité fiscale. Elle est au contraire perçue par ses détracteurs comme confiscatoire, inefficace mais surtout dangereuse. Pourquoi ? Parce qu’elle pourrait inciter les contribuables visés à fuir la France, à vendre leur entreprise ou à mettre en péril leur trésorerie pour s’acquitter de cet impôt.
Autant de raisons et d’enjeux économiques qui ont conduit Samuel Hervé, président du Medef Occitanie, à répondre positivement à l’appel lancé par Patrick Martin. Dans un communiqué daté du 25 septembre, celui qui est aussi directeur général chez Akte Services, groupe montpelliérain spécialisé dans la restauration collective, a confirmé la participation de ses troupes :
Les entreprises d’Occitanie sont mobilisées car elles savent que c’est de leur vitalité que dépend l’emploi, l’innovation et la croissance. Le 13 octobre, nous serons à Paris pour dire stop à l’instabilité fiscale et rappeler que l’économie française ne peut pas avancer contre ses entreprises. C’est du bon sens et nos parlementaires doivent se le rappeler dans l’établissement des prochains PLF et projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS). »
Stabilité, confiance et lisibilité
Face à la perspective de nouvelles charges, le président du Medef Occitanie rappelle que la France est déjà championne du monde des impôts sur les entreprises, avec 13 Md€ supplémentaires prélevés en 2025. De nouvelles ponctions qui passent mal alors même que les chefs d’entreprise attendent toujours une baisse des impôts de production promise par Bruno Le Maire alors en poste à Bercy.
« Les entreprises refusent d’être la variable d’ajustement budgétaire : l’effort doit porter d’abord sur la réduction des dépenses publiques et sur une meilleure efficacité de l’action de l’État », affirme ainsi Samuel Hervé, soulignant au passage l’attachement des Français à leurs entreprises.
Avant d’alerter une nouvelle fois sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour apaiser les esprits, restaurer la confiance et donner un cap clair au pays, conditions indispensables pour relancer l’investissement et préserver l’emploi. « Fragiliser les entreprises par des mesures fiscales contre-productives reviendrait à compromettre la croissance, la crédibilité budgétaire et l’avenir du pays », conclut-il.