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Menaps prend son envol

Stratégie. Après Paris, la Tunisie, le Maroc et l’Inde, la société de conseil ouvrira au printemps une 5e filiale au Portugal.

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Menaps prend son envol
(Crédit : Menaps)

Créée en 2019, Menaps, société de conseil toulousaine, connaît une croissance fulgurante. Forte de 200 collaborateurs, elle dis pose aujourd’hui de bureaux à Paris, en Tunisie, au Maroc, en Inde et bientôt au Portugal. Une réussite qui, selon son cofondateur et dirigeant, ne doit rien au hasard. Docteur en informatique, Hamdi Chaker a travaillé chez Airbus et dans de grandes sociétés de conseil. C’est au tournant des années 2015-2016, alors que la transformation digitale devenait un sujet de préoccupation majeur pour nombre d’industriels, que le consultant a eu l’idée de développer une nouvelle offre de conseil intégré à la fois stratégique et opérationnel.

« De plus en plus de clients sont perdus, explique-t-il. Jusque-là, ils maîtrisaient leur produit ; désormais on leur demande de maîtriser aussi des concepts et des paradigmes en dehors de leur métier : l’IA, le big data, la cybersécurité. Il nous a semblé qu’il manquait une offre à 360°, depuis le conseil stratégique jusqu’à l’accompagnement au développement opérationnel des projets ». C’est naturellement vers le domaine aéronautique qu’il connaît bien qu’Hamdi Chaker s’est d’abord tourné. Mais en février 2020, la pandémie a quasiment mis à l’arrêt le secteur, contraignant le néoentrepreneur à pivoter vers un autre domaine, l’automobile.

Le dirigeant de Menaps décide alors d’ouvrir une filiale à Paris pour se rapprocher de ses clients, dont Toyota, Renault et Stellantis. « À cette époque, la voiture connectée et autonome était devenue un enjeu majeur. Nous avons travaillé avec le leader mondial sur cette thématique, autour de la monétisation de la donnée et la création de nouveaux services. Travail qui nous a ouvert les portes des constructeurs français avec lesquels nous planchons sur des sujets tels que la cybersécurité de la voiture connectée, les données clients, etc. »

Grâce à ces références, le dirigeant de Menaps espère bien aujourd’hui faire le chemin inverse et séduire les industriels de l’aéronautique. Sachant que la transformation digitale est un sujet global qui impacte toutes les activités économiques, la société de conseil poursuit sa diversification en se déployant dans la banque et l’assurance. « Tous les secteurs ont à peu près les mêmes besoins, détaille Hamdi Chaker. Nous avons développé une trame commune où seule l’expertise métier change. Nous avons ainsi à notre disposition des outils prédictifs développés pour le secteur aéronautique que nous pouvons calquer sur les métiers de l’assurance et de la banque pour, par exemple, détecter les fraudes. »

LES TALENTS : « UNE DENRÉE RARE »

Les développeurs et les data scientists étant « une denrée rare », Menaps a décidé d’aller les chercher là où ils se trouvent en ouvrant des filiales en Tunisie, au Maroc ainsi qu’à Bengalore, en Inde à l’occasion d’une opération de croissance externe. Les équipes indiennes de Menaps travaillent notamment sur le développement de nouveaux services en lien avec les voitures connectées dont, par exemple, un service de coaching qui permet à l’utilisateur en fonction de différents paramètres, d’optimiser la durée de vie de la batterie de son véhicule électrique. D’ici la fin du premier trimestre 2023, la société de conseil va ouvrir une cinquième filiale au Portugal.


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« Ces pays sont parmi les principaux producteurs d’ingénieurs en informatique et ce sont aussi des marchés sur lesquels nous souhaitons nous développer. Nous travaillons ainsi avec l’un des plus importants constructeurs automobiles indiens. Ensuite nos clients du secteur automobile, en France, sont aussi présents au Maroc, en Tunisie et au Portugal. Nous les accompagnons sur ces marchés », assure Hamdi Chaker. Menaps emploie ainsi une cinquantaine de personnes en France, autant au Maghreb et une centaine en Inde. La société de conseil prévoit de recruter une vingtaine de personnes cette année en France.

PROJETS D’INTRAPRENEURIAT

En parallèle, la société de conseil a créé il y a quelques mois « Imagine », son « start-up studio » en vue de soutenir des projets d’intrapreneuriat porteurs d’innovation technologique à impact positif pour l’environnement. « Nous travaillons par exemple sur un outil qui, grâce à l’IA et à nos compétences métier, permet de calculer, en temps réel, l’impact carbone d’un véhicule, détaille Hamdi Chaker, alors que les constructeurs donnent des valeurs d’émission de carbone fondées sur des estimations et des moyennes. Cela permettrait de calculer à l’échelle d’une ville l’impact des émissions de CO2 par jour, par mois, par an, et donc de les réduire. Et à l’échelle de la personne, cela peut améliorer sa façon de conduire pour diminuer son impact. » D’autres équipes travaillent, en collaboration avec les sapeurs pompiers de l’Aude, sur le développement d’un drone en vue de prévenir les feux de forêt. Depuis juin dernier, « Imagine » est également ouvert aux startuppers qui développent « des innovations utiles en lien avec le digital ».

Ils peuvent ainsi bénéficier de « tout l’écosystème de Menaps : développeurs, service marketing, experts métiers, experts en levée de fonds,etc. ». Un accompagnement plus que nécessaire car constate Hamdi Chaker, « le taux d’échec chez les start-up est très important. Cela provient du fait que les start uppers n’ont pas la force de frappe suffisante pour développer rapidement leur produit, ils n’ont pas les ressources nécessaires. L’autre écueil est qu’ils sont souvent déconnectés du terrain. Nous leur offrons ainsi l’accès à nos clients pour tester leur innovation. Ils peuvent dès lors maximiser leurs chances. » D’ores et déjà, Menaps accompagne la start-up toulousaine Selfcity qui révolutionne les services de plomberie et vient de lever 650 K€.