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Moisson d’été 2025 : quel bilan dresse la coopérative audoise Arterris ?

Agriculture. Malgré une météo difficile et une récolte particulièrement précoce, la coopérative agricole, basée à Castelnaudary dans l’Aude, dresse un bilan globalement positif pour la moisson d’été avec 480 000 tonnes récoltées dans le Sud-Ouest. La production de blé dur est en baisse, mais la collecte de blé tendre dépasse les estimations. Les autres cultures restent quant à elles fragiles.

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(©Freepik)

Qualifiée comme « l’une des récoltes les plus faibles des 40 dernières années », 2024 aura été catastrophique pour les agriculteurs et autres acteurs du secteur agro-alimentaire. Quid de 2025 ? Alors que le manque d’eau aurait pu faire craindre une nouvelle annus horribilis, Arterris dresse, dans un communiqué daté du 19 août dernier, « un bilan globalement positif » concernant la moisson d’été.

Fédérant plus de 15 000 associés coopérateurs et près de 2 990 collaborateurs, la coopérative basée à Castelnaudary, dans l’Aude (1,14 Md de CA en 2024) « représente une ferme de plus de 350 000 hectares » dans le sud de l’Occitanie et la région sud (ex Paca). Selon elle, la reprise de l’activité est positive avec un rendement en hausse de 11 % par rapport à 2024. « La collecte estivale est conforme aux attentes et s’élève à environ 480 000 tonnes », explique le groupement d’agriculteurs avant de préciser : « La répartition des rendements par culture diffère des prévisions – moins de blé dur et plus d’orge et blé tendre – mais le bilan reste équilibré et satisfaisant. »

Baisse du blé dur, hausse du blé tendre

En effet, la récolte de blé dur a été impactée par une diminution de sa surface de culture oscillant entre 8 % et 13 % en Occitanie, mais aussi par les conditions climatiques défavorables. Conséquence : 154 000 tonnes ont été récoltées cet été contre 165 000 l’an passé, soit une perte de production de 7 %. Les rendements restent néanmoins proches des résultats historiques, malgré une sous-production d’environ 10 à 20 % notamment en Camargue, victime d’épisodes d’inondations dus aux crues du Rhône. Autre point positif, la qualité du blé dur n’a pas été impactée, contrairement à 2024 où l’hiver trop doux avait favorisé le développement de virus affectant la croissance des semis.

À l’inverse, les surfaces dédiées au blé tendre ont progressé, notamment grâce à la précédente saison d’automne plus favorable aux semis, car plus chaude et pluvieuse, sur l’ensemble du territoire occitan. « Les rendements sont bons et la collecte dépasse légèrement les attentes et atteint 230 000 tonnes, contre 190 000 tonnes l’année dernière », annonce Arterris. Même bilan positif pour les poids spécifiques avec des niveaux « historiquement élevés », mais la coopérative relève « une légère diminution du taux de protéines », due aux fortes chaleurs.

Des protéagineux et du colza fragilisés

Les fortes températures ont également impacté les cultures de protéagineux (lentilles, lupins, luzerne...), si bien que les rendements peinent à atteindre les moyennes historiques. La récolte de féverole passe par exemple de 3 000 tonnes l’an passé à 2 000 tonnes cette année. Même constat pour le colza avec 28 000 tonnes récoltées cet été contre 29 000 tonnes attendues.

Alors que ces dernières semaines des épisodes climatiques extrêmes se sont succédés, entre périodes de canicule, pluies diluviennes et orages violents, la coopérative alerte déjà sur la prochaine récolte d’automne. En effet, selon elle, les cultures comme le maïs, le sorgho ou encore le tournesol pourraient pâtir, notamment du manque de précipitations pendant la période estivale. « Actuellement en pleine croissance, les parcelles sont déjà affectées par la sécheresse », déplore le groupement d’agriculteurs dans son communiqué.

L’effet CO2 pour s’adapter ?

Et la situation n’est malheureusement pas prête de s’améliorer selon le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). En effet, dans son rapport AR6 publié le 28 février 2022, le consortium indique que le réchauffement climatique devrait entraîner une baisse des rendements agricoles de 2,3 % pour le maïs et 1,3 % pour le blé par décennie, et précise qu’environ 7 % de baisse des rendements de certaines cultures accompagne chaque degré de réchauffement. L’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) se veut moins pessimiste et propose une solution basée sur « l’effet CO2 ».

« L’augmentation de la concentration atmosphérique en CO2 associée au changement climatique est favorable à la photosynthèse, et donc aux rendements végétaux, à condition que les besoins des plantes en eau et en azote soient satisfaits. Cet effet pourrait alors compenser les effets de la chaleur et du manque de précipitations affectant certaines régions », affirme l’institut de recherche dans un article publié en février 2020.