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MonOrdo lance la pharmacie 4.0

Services. La start-up MonOrdo, qui a choisi Toulouse pour sa première implantation, réinvente les codes de la pharmacie grâce à l’utilisation de solutions technologiques et robotiques innovantes qui s’adaptent aux besoins des usagers.

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Les cofondateurs de MonOrdo, Léo Pechin et Sébastien Bonnet. DR

Rentrez dans une nouvelle dimension médicale. Un modèle d’officine innovant, axé sur le service et sans mètres linéaires de produits, vient d’ouvrir ses portes au coeur de la Ville rose, rue Gambetta, à l’instar des pays voisins tels que la Belgique, la Suisse, l’Allemagne ou encore la Grande Bretagne. La start-up MonOrdo, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies et de la robotique, réinvente ainsi les codes de la pharmacie traditionnelle. L’initiative, labellisée désormais par le ministère de la Santé, qui a vu le jour en 2019, portée par Sébastien Bonnet, docteur en pharmacie, et Léo Pechin, ingénieur en informatique, a pour objectif de généraliser les ordonnances digitales et faciliter la gestion des traitements médicamenteux. Les cofondateurs de la pépite toulousaine sont en effet partis d’un constat simple.

« Au quotidien, les ruptures d’approvisionnement en médicaments, les erreurs dans le traitement, les oublis d’ordonnance et de renouvellement, la perte de documents se multiplient. On estime ainsi que 60 % des patients chroniques ne respectent pas leur traitement. Ce comportement entraîne 100000 hospitalisations et une perte sèche de 1 Md€ chaque année pour la Sécurité sociale. Elle engendre également 8000 décès par an », déplore Sébastien Bonnet.

« Ce n’est pas parce que nous automatisons les tâches qu’il y aura moins de pharmaciens. »

Au bout d’un an et demi de travaux, les deux entrepreneurs ont développé une approche servicielle qui a pour ambition d’offrir un parcours de soin simple, optimisé et sécurisé notamment pour les patients chroniques. Bien plus qu’une application, MonOrdo, c’est avant tout des médicaments prêts à l’emploi en sachets-doses pour le mois, une livraison gratuite à domicile du traitement – ici, en première couronne toulousaine – ou le retrait en click & collect en pharmacie, et un accompagnement digital des patients.

Scalabilité, agilité et coût maîtrisé

« Notre volonté est d’adapter la pharmacie aux usages des patients et de mieux les accompagner dans leur parcours de soin, à travers des outils numériques et ainsi de renforcer le lien entre le pharmacien et le patient. Nous utilisons la technologie pour optimiser les tâches qui n’ont pas de plusvalue pour le professionnel afin de le recentrer sur son expertise de prise en charge autour du médicament », explique le duo. Et que les plus dubitatifs se rassurent : « Ce n’est pas parce que nous automatisons les tâches qu’il y aura moins de pharmaciens. Au contraire, il y a plus de pharmaciens dédiés au conseil. Du reste, nous poursuivons la vente de médicaments au comptoir et assurons un service de garde au même titre que nos confrères », précise le cofondateur.

MonOrdo s’appuie de fait sur l’expertise des pharmaciens et une solution automatisée de préparation de dose à administrer (PDA) alliant un système d’information de pointe et de la robotique en officine. « Le système d’information a été développé en interne pour répondre précisément aux besoins de ce nouveau modèle d’exploitation et assurer une scalabilité, une agilité et un coût maîtrisé, ce qui n’est pas le cas des logiciels existants. De plus, la PDA a fait ses preuves pour des problèmes d’observance en hôpitaux et dans les Ehpad, ce que ne permettait pas jusqu’à maintenant le modèle d’exploitation des pharmacies. Le taux d’observance passerait ainsi de 45 à 90 % et cette manière de procéder évite également le gaspillage. Nous sommes convaincus que ce système d’officine est le système de demain », assure Sébastien Bonnet.

Avoir une longueur d’avance

Quid du fonctionnement de l’application pour le patient ? Plus besoin de se déplacer à la pharmacie avec l’ordonnance. Le patient charge sa prescription médicale depuis l’application MonOrdo. Les algorithmes numérisent et structurent ensuite les données pour les transmettre à la pharmacie MonOrdo. Sur place, un pharmacien vérifie la prescription, un robot prépare et conditionne tous les médicaments sous forme de sachets-doses étiquetés et triés pour chaque prise. « Nous ciblons notamment des patients qui suivent des traitements réguliers ainsi que des personnes âgées qui se font aider par des professionnels ou des proches qui font appel à nos services. »

En parallèle, MonOrdo garde une longueur d’avance sur la problématique de l’ordonnance numérique. « Le modèle économique de l’ordonnance numérique était principalement basé sur les abonnements payants des professionnels de santé, un modèle qui n’était pas viable, explique Sébastien Bonnet. En se penchant sur le marché des pharmacies traditionnelles, constituées de très nombreux rayonnages, nous nous sommes aperçus qu’elles étaient en perte de vitesse. Nous visons ainsi le rachat de plusieurs pharmacies pour constituer notre réseau afin de les accompagner dans ce nouveau modèle et de maintenir les emplois. »

La start-up, qui compte pour l’heure huit collaborateurs, projette de recruter 150 personnes d’ici deux ans à son siège à Toulouse. Elle prévoit de couvrir les vingt plus grandes villes de France avec une seule officine par ville d’implantation. MonOrdo voit même plus loin : devenir leader dans le service numérique et la prise en charge de patients réguliers en France à l’horizon de cinq ans, avec un CA prévisionnel consolidé de 95 M€. Si les feux restent au vert, l’objectif à long terme est aussi de se rapprocher petit à petit des zones rurales, là où les services de soins manquent cruellement.