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Nataïs, leader européen du popcorn, investit 27 M€ sur son site de Bézéril dans le Gers

Succes story. Créée en 1994 dans le Gers, l’entreprise familiale est devenue un acteur de référence en Europe sur le marché du maïs à éclater. Forte de 150 salariés, la société prévoit de réaliser en 2024 près de 86 M€ de chiffre d’affaires, en hausse de 7,5 % sur un an. Pour accompagner cette croissance, elle modernise ses installations et accroît ses capacités de stockage.

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Photo de Michael Ehmann, Jonah Ehmann et Celia Ehmann
Michael Ehmann, PDG de Nataïs, a créé l’entreprise au cœur du Gers il y a 30 ans. Depuis, il a été rejoint au sein de l’entreprise par ses enfants Jonah Ehmann, directeur des opérations agronomiques, et Celia Ehmann, directrice du développement et de la communication. (©Micromu)

8,8 Mds$, c’est ce que représente à l’échelle mondiale le marché du popcorn en 2024 selon Mordor Intelligence, un chiffre astronomique qui pourrait atteindre près de 14,9 Md$ en 2029. Sur ce marché en plein boum, si les États-Unis s’affichent comme le plus gros consommateur et le plus gros producteur avec 110 000 ha cultivés, l’Europe arrive juste derrière avec 73 000 ha, d’après les chiffres de la Chambre d’agriculture de France.

Or, depuis la fin des années 90, le leader industriel européen de la production de popcorn est français : il s’agit du gersois Nataïs. Créée en 1994 à Bézéril, l’entreprise familiale est spécialisée dans la production de maïs à éclater et la fabrication de sachets de popcorn micro-ondables. Alors qu’elle vient de fêter ses 30 ans, la société, qui emploie 150 salariés, exporte dans une cinquantaine de pays et réalise 90 % de son chiffre d’affaires à l’étranger, le Vieux continent représentant 88 % de son activité. Elle détient ainsi 35 % du marché européen du popcorn.

7,5 % de croissance en un an

Un volume d’affaires que l’entreprise espère bien voir croître en France et en Europe. De fait, Nataïs, qui a réalisé 80 M€ de chiffre d’affaires l’an dernier, table sur une croissance de 7,5 % de son activité cette année, soit 86 M€. « Le marché du popcorn se porte bien en Europe et nous souhaitons accompagnés nos clients dans cette croissance », détaille Celia Ehmann, directrice du développement et de la communication chez Nataïs. Et d’ajouter :

Nous souhaitons également gagner de nouvelles parts de marché à l’échelle européenne grâce notamment au levier que constituent les marques de distributeurs. Nous avons déjà engrangé plusieurs dossiers qui vont se concrétiser à partir de l’année prochaine et les années suivantes. »

L’entreprise gersoise vend son maïs à éclater sous forme de produits finis, les fameux sachets de popcorn que l’on glisse au micro-ondes. Elle a pour principaux clients les enseignes de la grande distribution et les industriels de l’agroalimentaire pour lesquels elle produit des sachets sous leurs marques, à l’image du popcorn Tokapi de Leclerc ou Vico Pop, lancé l’année dernière. La société gersoise livre également du maïs à éclater en vrac à ces mêmes industriels mais aussi aux acteurs du marché de la « fun food » : cinémas, parcs d’attraction, fêtes foraines...

27 M€ d’investissement sur huit ans

Photo des nouveaux locaux sur son site à Bézéril
Le 7 juin dernier, à l’occasion de ses 30 ans, l’entreprise a inauguré ses nouveaux locaux sur son site de Bézéril. (©Micromu)

Pour accompagner cette croissance, l’entreprise déploie sur son site gersois un important programme d’investissements. Entre 2023 et 2030, Nataïs prévoit en effet de dépenser 27 M€ dans de nouvelles infrastructures, la modernisation de son outil de production et l’augmentation de ses capacités de stockage. « Dès 2023, nous avons investi 7 M€ dans les infrastructures au sens large : nouveaux quais de chargement, optimisation des entrepôts de stockage, installation d’un système de sprincklage pour améliorer la sécurité de nos installations, construction de nos nouveaux bureaux et espaces communs », détaille Celia Ehmann. Ce nouveau siège social a été inauguré le 7 juin 2024 à l’occasion du 30e anniversaire de l’entreprise.

À cela s’ajoutent les 2,5 M€ investis dans la modernisation des outils de production et notamment des lignes automatisées qui permettent la production des sachets de popcorn micro-ondables. 500 K€ ont également été dépensés pour doter l’entreprise d’une nouvelle chaufferie biomasse qui devrait être mise en service en fin d’année. Elle sera alimentée par les sous-produits issus de l’activité de fabrication des sachets. « Jusqu’à présent nous utilisions des chaudières au gaz. Cette nouvelle chaufferie permettra de décarboner significativement notre activité », précise la jeune femme qui, comme son frère Jonah, a rejoint depuis quelques années l’entreprise créée par leur père Michael Ehmann, actuel PDG de Nataïs.

L’entreprise prévoit également d’investir d’ici à 2030 près de 18 M€ dans la construction de nouveaux silos à grains et la rénovation des existants. Leur capacité de stockage sera portée à 60 000 tonnes dès cette année contre 52 000 l’an dernier. « Chaque automne, nous manquons de marge de manœuvre lorsque nous réceptionnons la récolte. Augmenter nos capacités de stockage nous permettra de gagner un peu d’air et d’envisager sereinement les années de développement qui arrivent », poursuit Celia Ehmann. La mise en service des nouveaux silos devrait également permettre à l’entreprise de diminuer ses achats de maïs sud-africain. En 2024, il représente 20 % de ses approvisionnements, une part qui devrait « descendre à 5 % », précise la directrice.

Une filière complète

Nataïs, qui se définit comme « une filière complète » puisqu’elle intervient de la sélection variétale des semences jusqu’au produit fini, peut compter sur un vaste réseau d’agriculteurs. « Cela représente cette année 200 agriculteurs du Sud-Ouest, 8 000 ha cultivés et 50 000 tonnes récoltées par an », détaille la directrice. La firme de Bézéril dispose en outre d’une équipe d’ingénieurs agronomes qui aident les exploitants dans la mise en place de pratiques agro-écologiques tels que les couverts végétaux, ces cultures intermédiaires qui permettent d’améliorer la qualité des sols. Et la jeune femme d’ajouter :

C’est un axe important pour nous : nous accompagnons les agriculteurs d’un point de vue technique mais également financièrement puisqu’on leur verse une prime en fonction de la part de carbone stockée durablement dans les sols grâce à l’implantation de ces couverts végétaux. »

Sécuriser ses approvisionnements

Photo du site Nataïs
Le spécialiste du maïs à éclater peut s’appuyer sur un réseau de 200 agriculteurs du Sud-Ouest. Cela représente 8 000 ha de popcorn ensemencés et 50 000 tonnes récoltées par an. (©Micromu)

L’entreprise gersoise, qui fait partie d’un programme de recherche nommé Naturellement Popcorn, dont l’un des enjeux est justement de mesurer la quantité de carbone stocké grâce à ces pratiques, verse ainsi a minima une prime plancher de 45 € par ha. Elle vise à couvrir une partie des frais engagés par l’agriculteur pour semer ces couverts végétaux. Lesquels ont aussi pour avantage d’améliorer la capacité des sols à stocker l’eau. Un atout loin d’être négligeable compte tenu des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents que connaît le Sud-Ouest en été.

L’entreprise accompagne d’ailleurs les exploitations agricoles dans «  la mise en place d’équipements d’irrigation plus performants qui, grâce à des sondes capacitives, permettent d’irriguer avec la bonne quantité d’eau au bon moment », précise Celia Ehmann. En parallèle, les équipes gersoises expérimentent la résistance des différentes variétés de maïs au stress hydrique « pour allouer au mieux les semences à nos agriculteurs en fonction de leur capacité d’irrigation », conclut la jeune femme.