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Nénufarm : les poissons lui disent merci !

Innovation. La start-up toulousaine entend bien apporter sa contribution au développement de l’agriculture urbaine avec son aquarium potager made in Occitanie.

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Photo de Lucas Tessier et Valentin Dominiak
Lucas Tessier et Valentin Dominiak, cofondateurs de Nénufarm (Nénufarm).

Lucas Tessier et Valentin Dominiak ont réussi leur pari. En 2020, à peine sortis d’études, ils ont créé leur entreprise en faisant le choix de miniaturiser le fonctionnement d’une ferme aquaponique pour l’adapter sur un aquarium destiné aux particuliers. Avec leur aquarium potager fabriqué en Occitanie, les cofondateurs entendent répondre aux enjeux environnementaux tout en améliorant le bien-être des poissons d’aquarium.

Favoriser le développement de l’agriculture urbaine

L’idée de Nénufarm est née lors de leur cursus en alternance au CESI où ils ont suivi une formation spécialisée sur les systèmes électriques et électroniques embarqués. Ils ont longuement travaillé sur cette solution déjà utilisée aux USA et au Canada, à grande échelle. L’aquaponie utilise de l’eau issue d’un élevage piscicole pour fertiliser et faire pousser les végétaux.

Ce système est mis en avant par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). L’aquaponie réduit la consommation d’eau d’un aquarium de 90 %, idem pour la culture des légumes placés au-dessus », explique Lucas Tessier.

En favorisant la symbiose entre végétaux et animaux, la technique permet d’exclure totalement les pesticides et les antibiotiques.

Trois ans de recherche

Valentin Dominiak est passionné d’aquariophilie depuis son plus jeune âge. « Jusqu’à présent, pour nettoyer son aquarium, il n’y avait qu’une solution : vider l’eau. Sachant qu’un foyer sur 10 en France possède un aquarium, cela représente l’équivalent de la consommation d’eau d’une ville de 30 000 habitants par an », détaille Lucas Tessier.

Au-delà de l’aquarium potager, de son aspect environnemental et de ses futures applications, c’est le côté technique et pratique qui a fortement intéressé les ingénieurs : finie la corvée de nettoyage de l’aquarium, ce sont les plantes qui font le travail d’oxygénation de l’eau.

On a mis en place des bancs de tests avec l’aide de l’école d’ingénieurs de Purpan. Il a fallu trouver un éclairage adéquat pour les plantes. Aujourd’hui notre système est fiable et stable. »

Les cofondateurs ont ainsi pu passer à la phase 2 : la recherche de financements. Une campagne de financement participatif sur Ulule leur a permis de lever 23 000 € via la prévente d’aquariums, soit le double de l’objectif initial. Les deux entrepreneurs ont obtenu des aides de Bpifrance et de la Région Occitanie. D’abord incubés au sein de Nstart, l’incubateur de l’Enseeiht, ils ont rejoint la pépinière d’entreprises de l’Oncopole, le centre Pierre Potier puis celle de Toulouse Métropole à Basso Cambo.

On a choisi de développer un produit français et local. Qui plus est, nous allons mettre en place un processus d’insertion sociale pour le fabriquer en faisant appel à des salariés en situation de handicap. Notre objectif est de l’assembler dans nos locaux et de travailler avec des fournisseurs au plus près de chez nous en imposant le label fabriqué en Occitanie. »

Des ventes en ligne et en jardinerie

Photo des aquariums potagers de Nénufarm
Nénufarm compte en vendre un millier d’aquariums potagers par an (©Nénufarm).

La phase commerciale de cette nouvelle génération d’aquarium débutera en 2024 avec une première série de 150 pièces. Nénufarm compte en vendre un millier par an.
« La commercialisation se fait sur notre site internet, mais on souhaite également proposer l’aquarium dans les magasins spécialisés ou les jardineries disposant d’un rayon aquariophilie. » Des recrutements sont prévus pour la partie commerciale et en production. L’entreprise a déjà des demandes pour adapter le système à des espaces plus grands.

Depuis les cofondateurs sont devenus incollables sur le monde du silence. « Nous qui étions spécialisés sur les systèmes embarqués, nous nous sommes formés en agronomie et je suis tombé dans le bocal, s’amuse Lucas Tessier. J’ai tout de suite adoré cet univers mais aussi le monde de l’entreprise où je dois toucher à tous les domaines. »