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Nobrak, le succès au bout du fil

Industrie. L’entreprise Nobrak, installée à Montauban, se positionne comme un fournisseur global de solutions en matériaux composites écoresponsables. Elle a su se différencier en mariant le monde du textile et celui du composite.

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L’équipe de Nobrak Les équipes de Nobrak s’apprêtent à boucler une levée de fonds. DR

Le projet Nobrak est né en 2016. « Notre idée était de créer une startup industrielle, explique Aymeric Azran, dirigeant et co-fondateur de Nobrak. Nous voulions devenir une entreprise qui produit, pas un bureau d’études. Nous entendions trop souvent dire qu’en France, on ne produisait plus rien, il n’était pas question d’accepter ce constat. » L’entreprise montalbanaise propose une alternative recyclable aux composites traditionnels. Dans le détail, Nobrak développe la technologie TFP (placement de fibres sur mesure). Il s’agit, mécaniquement, de déposer un matériau fibreux sur un support plat. On peut ainsi y intégrer des puces RFID, des capteurs, des éléments chauffants. Ils sont ensuite retenus par les mailles. C’est un peu de la haute-couture en quelque sorte…

« On s’engage à former. Notre projet n’a de sens que dans l’intégration de perspectives environnementales qui vont changer notre façon de consommer »

Aymeric Azran, ingénieur en mécanique et en sciences des matériaux, travaillait déjà dans l’univers du composite traditionnel. À la fin de sa thèse, il rencontre Bernard Laine, qui deviendra son futur associé. L’aventure entrepreneuriale a commencé. « Nous avons travaillé sur un procédé textile innovant qui nous permet de déposer plusieurs fils de textile exactement où on le souhaite, on économise ainsi de la matière. Une pièce travaillée selon ce procédé est plus légère et trois fois plus solide. » L’entreprise a, par la suite, passé un partenariat avec le constructeur allemand de machines ZSK, pour développer un brevet.

Des applications multiples

Nobrak achète ses fibres de lin en France. Son plastique biosourcé provient, lui, de Nouvelle-Aquitaine. « Nous achetons des bobines de carbone mélangées à du nylon pour le faire fondre, à la forme du moule », détaille Aymeric Azran. L’aéronautique, l’Onera pour le spatial, Rossignol, Salomon pour les sports et loisirs, l’industrie automobile, etc., les clients se multiplient. « Nous commençons à collaborer avec des fabricants pour les voitures qui arriveront sur le marché en 2027 », explique le dirigeant. Le carnet de commandes est ainsi complet. Nobrak accompagne le client de la conception à la fabrication, en petite ou en grande série. Dernière innovation, dont l’entreprise est très fière, la fabrication d’une coque de siège automobile pour enfants, moulée en une seule pièce, une véritable innovation.

Nobrak compte bien pérenniser l’utilisation de matières naturelles telles que la fibre de lin. L’entreprise a, en effet, reçu le label Greentech Innovation du ministère de la transition écologique, lequel vient valider l’approche respectueuse de l’environnement. « Nous avons choisi des machines qui consomment peu, en 2020 grâce à nos panneaux solaires, ce qui nous a permis de capter deux fois plus d’énergie que celle consommée. Notre activité pourrait donc être autonome ». Avec un chiffre d’affaires de 375 K€ en 2021, Nobrak espère atteindre les 800 K€ cette année.

Pour soutenir sa croissance, l’entreprise va recruter des commerciaux, des ingénieurs spécialisés dans le composite, des opérateurs. « On s’engage à former. Notre projet n’a de sens que dans l’intégration de perspectives environnementales qui vont changer notre façon de consommer », ajoute Aymeric Azran. Nobrak, qui travaille à 75% à l’export, compte boucler une levée de fonds de 800 K€ très prochainement. L’entreprise est également présente sur le salon JEC, le salon mondial des composites à Paris du 3 au 5 mai. « C’est déterminant pour nous, conclut Aymeric Azran. Il faut expliquer ce procédé. Nous proposons une offre inédite de réindustrialisation en France, nous devons le faire savoir. »