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Nucléaire : une situation « globalement satisfaisante »

Sûreté nucléaire. L’autorité de sûreté nucléaire, malgré la pandémie, a poursuivi ses contrôles, mais à un rythme moins soutenu.

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La pandémie de Covid-19 a passablement perturbé les activités de contrôle de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Au cours de l’année 2020, les divisions de Bordeaux et de Marseille de l’ASN, qui assurent conjointement le contrôle de la sûreté nucléaire, de la radioprotection et du transport de substances radioactives dans les 13 départements de la Région Occitanie, ont en effet mené 91 inspections contre 115 en 2019.

La centrale de Golfech, en Tarn-et-Garonne. EDF

Sur ce total, plus de la moitié, soit 49 inspections, a été menée dans les installations nucléaires de base (INB), qui comprennent, en Occitanie, la centrale nucléaire de Golfech, en Tarn-et-Garonne, équipée de deux réacteurs de 1 300 MWe, l’usine Melox de production de combustible nucléaire « MOX », le centre de recherche du CEA Marcoule, qui inclut les INB civiles Atalante et Phénix, ainsi que le chantier de construction de l’installation d’entreposage de déchets Diadem, dans le Gard, l’installation Centraco de traitement de déchets faiblement radioactifs, l’ionisateur industriel Gammatec et l’installation d’entreposage de déchets Écrin sur le site de Malvési dans l’Aude.
En parallèle, outre ces sites emblématiques, l’ASN a mené 36 inspections dans le champ du nucléaire de proximité, soit, dans le domaine médical, 14 services de radiothérapie externe, six services de curiethérapie, 21 services de médecine nucléaire, 98 établissements mettant en œuvre des pratiques interventionnelles radioguidées, 127 scanners, ainsi que près de 5 000 appareils de radiologie médicale et dentaire. S’ajoutent à ces chiffres de l’ordre de 800 établissements industriels et de recherche, dont quatre accélérateurs de particules de type cyclotron, 27 entreprises exerçant une activité de radiographie industrielle et 77 laboratoires, principalement implantés dans les universités de la région et près de 560 cabinets ou cliniques vétérinaires pratiquant le radiodiagnostic.
En parallèle de ces contrôles, quatre événements significatifs ont été déclarés l’an dernier à l’ASN par les exploitants d’installations nucléaires, dont un classé au niveau 2 de l’échelle Ines (qui en compte huit, de 0 à 7) et trois événements classés au niveau 1.

« Dans le domaine de la radioprotection aussi des améliorations ont été apportées, note encore l’ASN dans son rapport, sans pour autant atteindre le niveau souhaité. Elle relève ainsi une prise en compte insuffisante des règles de radioprotection par les intervenants ».

Situation en voie d’amélioration à Golfech

L’ASN juge globalement satisfaisant le niveau de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en Occitanie. Toutefois, s’agissant de la centrale de Golfech, son appréciation est plus nuancée. L’autorité indépendante considère en effet que ses performances en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection, malgré une nette amélioration, ne sont pas au niveau attendu. Ce qui devrait la conduire à poursuivre ses contrôles sur le site de la centrale tarn-et-garonnaise tout au long de l’année 2021. Sur le plan environnemental, en revanche, l’appréciation portée par l’ASN sur Golfech rejoint globalement le jugement que porte l’autorité sur l’exploitant EDF.

De fait, dans le domaine de la sûreté nucléaire, la détérioration de la qualité des opérations d’exploitation au sein de la centrale de Golfech avait conduit l’ASN à mener en octobre 2019, pendant toute une semaine, une inspection de revue. Elle avait permis de mettre en évidence «  un manque de rigueur systémique  » chez l’exploitant. Depuis, observe l’ASN, des améliorations significatives ont été apportées, mais elles restent encore insuffisantes. L’ASN considère en effet qu’une application plus rigoureuse des procédures et une meilleure préparation auraient permis d’éviter la survenue de certains événements significatifs.
Dans le domaine de la radioprotection aussi des améliorations ont été apportées, note encore l’ASN dans son rapport, sans pour autant atteindre le niveau souhaité. Elle relève ainsi « une prise en compte insuffisante des règles de radioprotection par les intervenants ».

­­...et dans le domaine du nucléaire de proximité

Dans le champ du nucléaire de proximité, la pandémie ayant fortement impacté l’activité du système de soins, l’ASN a revu à la baisse le nombre de ses inspections, opérant l’essentiel de ces contrôles à distance, sur pièces. En fait de quoi, elle juge l’état de la radioprotection dans le domaine médical comparable à celui de 2019. Sur la base de ces contrôles documentaires, elle n’a en effet relevé aucune défaillance majeure dans les champs de la radioprotection des professionnels, des patients, de la population et de l’environnement. Cependant, pointe l’ASN, des progrès doivent être réalisés « pour mieux anticiper l’arrivée de nouveaux équipements, en particulier en radiothérapie, et pour améliorer l’optimisation des doses dans le domaine des pratiques interventionnelles radioguidées. »
L’ASN note enfin une amélioration de la situation à l’université Paul Sabatier (UPS). L’ASN requérait depuis plusieurs années l’évacuation de plusieurs centaines de déchets et sources radioactifs contenus dans des soutes. En avril 2019, faute de réaction, elle avait adressé une mise en demeure à l’UPS. Depuis, un grand nombre de ces sources radioactives a été évacué. Mais quatre sont encore présentes ce qui a conduit l’ASN à adresser à l’université un certain nombre de prescriptions, dont notamment l’injonction d’entreposer ces déchets contaminés dans des locaux conformes à la réglementation, ce qui n’est pas le cas actuellement. Des contrôles seront effectués au fil de l’année, précise l’ASN.