OpenAirlines lève 45 M€ pour accélérer le déploiement de sa solution d’éco-pilotage et projette le rachat d’entreprises
Transport aérien. Le toulousain, qui développe des solutions logicielles dédiées à l’éco-pilotage aérien, est désormais accompagné par Eiffel Investment Group et Mirova. La somme levée doit lui permettre de renforcer sa position de leader sur son marché et d’étoffer son portefeuille de produits, notamment grâce à une stratégie de croissance externe.
Réduire la consommation de carburant des avions, c’est bon pour la planète mais aussi pour les finances des compagnies aériennes, particulièrement à un moment où, du fait de l’émergence des compagnies à bas coût, la concurrence s’est fortement exacerbée. C’est sur ce double argument que surfe depuis presque 20 ans, la PME toulousaine OpenAirlines. Fondée en 2006 par Alexandre Feray, l’entreprise développe des solutions logicielles d’éco-pilotage qui permet aux compagnies aériennes de faire des économies de carburant tout en réduisant leurs émissions de CO2.
Des gains loin d’être neutres sachant que le poste carburant représente à lui seul près de 30 % des dépenses des compagnies. Basée sur l’intelligence artificielle et l’analyse de milliers de données enregistrées durant les vols, la solution dénommée SkyBreathe permet ainsi de baisser de 3 à 5 % la consommation de fuel à chaque vol.
Une solution immédiatement disponible
En attendant le développement des carburants durables d’aviation (SAF) ou la mise en service d’avions au design mieux profilé ou propulsés à hydrogène, le logiciel développée par OpenAirlines offre ainsi aux compagnies une solution immédiate pour réduire leur impact environnemental sachant qu’une grande majorité d’entre elles se sont donné pour objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 dans le cadre d’une résolution adoptée en 2021 par l’IATA, l’association qui regroupe 80 % des acteurs du trafic aérien mondial.
C’est ce qu’expliquait Alexandre Feray en mai 2023 à l’occasion de la venue à Toulouse du directeur général de l’Aviation civile, lors la première rencontre territoriale de l’Observatoire de l’aviation durable. Il avait alors indiqué que si son entreprise travaille sur « un aspect de la décarbonation, à savoir l’optimisation des opérations, moins connu que l’avion du futur », sa solution présentait l’avantage d’être déjà disponible. « C’est un levier à court terme », assurait-il.
70 clients dans le monde
Des arguments qui ont déjà séduit 70 compagnies aériennes dans le monde, parmi lesquelles des sociétés majeures telle Air France-KLM, mais aussi des low cost comme EasyJet, Indigo ou encore le transporteur DHL. En 2023, l’utilisation de SkyBreathe leur a permis d’économiser 420 000 tonnes de carburant, soit l’équivalent de 1,4 million de tonnes de CO2.
Implantée à Hong Kong, Miami et Montréal, OpenAirlines, qui emploie 82 personnes, enregistre une croissance de 30 % par an depuis cinq ans. En 2024, elle table ainsi sur un revenu annuel récurrent de 10 M€, répartis par tiers entre l’Europe (37%), l’Amérique (30 %) et la zone Asie-Pacifique (33 %). Une belle progression dont la pépite toulousaine n’entend pas se satisfaire. Elle vient en effet de boucler une levée de fonds de 45 M€ auprès d’Eiffel Investment Group, société adossée au groupe Impala de l’entrepreneur Jacques Veyrat, et de Mirova, filiale de Natixis Investment Managers dédiée à l’investissement durable.
Cet afflux de capitaux doit lui permettre de renforcer sa position de leader dans son secteur, notamment en Amérique du Nord et en Asie, deux marchés que l’entreprise qualifie, dans un communiqué daté du 14 novembre 2024, de « stratégiques ». Grâce à ces fonds, elle souhaite également poursuivre le développement de sa version SkyBreathe « On Board », qui délivre des recommandations aux pilotes dans le cockpit en temps réel.
Opérations de rachat
Le portefeuille de produits d’OpenAirlines pourrait également s’étoffer de solutions dédiées aux acteurs du contrôle aérien ou destinées à accompagner les compagnies dans l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Pour ce faire, elle projette de réaliser des opérations de croissance externe.
« Au travers d’acquisitions ciblées, nous allons pouvoir compléter notre offre afin de nous positionner au sein des compagnies aériennes en véritable pivot digital de la réduction de l’empreinte carbone. Après avoir amené notre technologie au sein des cockpits, l’objectif est maintenant de fédérer tous les métiers autour d’un projet commun : allier performance opérationnelle et engagement écologique pour contribuer à une aviation plus durable », conclut Alexandre Feray.