Orientation post-bac : l’application Hopteo à la rescousse des bacheliers
Innovation. Dédiée à l’orientation scolaire, la start-up albigeoise Hopteo a lancé début janvier une nouvelle version spécifiquement conçue pour les lycéens. Grâce à un algorithme de matching, chaque utilisateur reçoit des conseils adaptés à son profil et ses ambitions. Autre objectif ? Répondre aux besoins des établissements en leur permettant de se démarquer, sur un secteur de plus en plus concurrentiel, et d’accéder à des études de marché ciblées.
85 000 ! C’est le nombre d’élèves de terminale qui se sont retrouvés sans affectation en juillet 2024 après la phase principale d’admission sur Parcoursup (source ministère de l’Enseignement supérieur). C’est 10 % de plus qu’en 2023.
Lancée en janvier 2018 en remplacement du service Admission Post-Bac (APB), la plateforme nationale d’accès à l’enseignement supérieur avait pourtant pour mission de simplifier les démarches des bacheliers. Pression scolaire, opacité, inégalité sociale et géographique… les griefs sont nombreux et tenaces malgré plusieurs évolutions majeures ces dernières années et de nouvelles annonces.
Créée pour et par des étudiants/lycéens
C’est justement pour permettre aux lycéens d’aborder plus sereinement cette étape stressante du choix de leur future formation et de naviguer plus facilement dans la complexité de Parcoursup que trois amis étudiants, aujourd’hui diplômés, de l’IMT-Mines d’Albi, ont lancé le 20 janvier dernier une nouvelle version de leur application Hopteo dédiée à l’orientation scolaire. Initialement créée en février 2024 pour les étudiants en classe prépa d’ingénieur (déjà plus de 10 000 téléchargements), l’application offre désormais aux lycéens des fonctionnalités spécifiquement conçues pour leurs besoins.
À l’image de la plateforme toulousaine Wilbi, qui aide les jeunes comme les personnes en reconversion à trouver leur voie professionnelle, ou encore du chatbot Hello Charly ou encore du site Génération Zébrée, les outils numériques dédiés à l’orientation se sont multipliés ces dernières années. Si Hopteo s’inscrit dans la même veine, « nous sommes les seuls à vraiment répondre à la question : qu’est-ce que je fais l’année prochaine et donc quelles études me correspondent », explique Antoine Landraing, président et co-fondateur de la start-up albigeoise avec Omer et Achille Boutillier, avant de poursuivre :
Un positionnement important car nous avons la conviction que l’on ne peut jamais vraiment savoir si un métier est réellement fait pour soi tant que l’on ne l’a pas testé. En attendant, il faut quand même avancer dans ses études. Or, jusque-là, il n’existait pas vraiment d’outil d’aide à la décision pour se lancer dans telle ou telle formation post-bac, notamment au regard de leur nombre, plusieurs milliers ! Nous, nous faisons le tri à leur place et nous les accompagnons dans cette première étape qui est l’une des plus importantes. »
Mots d’ordre : simplicité et efficacité
Concrètement, Hopteo propose un accueil simplifié, où chaque lycéen peut créer gratuitement son profil et définir ses critères principaux : filières, zones géographiques, budget ou encore activités extra-scolaires. À partir de ces préférences, l’application présente une série de fiches interactives que l’utilisateur peut explorer à l’aide d’un geste simple. En « swipant », celui-ci obtient rapidement un classement des formations les plus pertinentes parmi les 30 000 formations publiques et privées répertoriées par l’Office national d’information sur les enseignements et les professions (Onisep), disponibles dans l’hexagone et dans les DOM-TOM.
Un outil intuitif et personnalisé que la start-up - qui compte quatre salariés en alternance - a pu développer grâce notamment au soutien financier, via des prêts d’honneur à taux zéro, du fonds d’amorçage Créalia (60 000€) et du Réseau Entreprendre Tarn-Aveyron (30 000€), ainsi que l’attribution de la Bourse French Tech Émergence (90 000€). Elle est également accompagnée par l’incubateur technologique de l’IMT-Mines Albi, la pépinière Albisia-Innoprod ainsi que l’incubateur régional Nubbo.
Labellisé Deeptech by Bpifrance, Hopteo vise entre 50 000 et 100 000 utilisateurs dès cette année, « ce qui est une fourchette assez basse en réalité car nous avons touché 20 % d’utilisateurs dans le public des classes préparatoires scientifiques, soit 10 000 étudiants sur les 55 000 inscrits à la rentrée 2023. Donc si nous arrivons à réitérer le même exploit, nous serons bien au-delà des 20 % », affirme Antoine Landraing avant de revenir en détail sur le choix de leur business model qu’ils ont voulu le plus « vertueux possible ».
Des offres payantes à forte valeur ajoutée
Vierge de toute publicité, l’application se veut aussi impartiale. Ainsi, aucune des formations, écoles et autres universités référencées sur Hopteo n’a payé pour y figurer. « Nous créons de la valeur en proposant des offres à forte valeur ajoutée aux établissements de l’enseignement supérieur via un site internet relié à l’application dans lequel ils peuvent prendre la main sur leur page pour y ajouter des photos, des vidéos… Ceux qui le souhaitent peuvent aussi avoir accès à des statistiques globales sur les étudiants, autrement dit des études de marché ciblées, pour savoir qu’est-ce qui les attire en termes d’activités extra-scolaire, d’infrastructures, de cours, de débouchés... »
Autre offre payante, la possibilité pour eux de contacter directement les étudiants si, et uniquement s’ils figurent sur leur liste de vœux. « Aujourd’hui, nous travaillons exclusivement avec des écoles d’ingénieurs puisque c’est ce qui correspond au public qui utilise déjà l’application mais les choses évoluent vite. Nous sommes en effet en pourparlers avec une vingtaine d’autres écoles avec qui on espère signer », révèle le jeune entrepreneur albigeois qui se fait le porte-parole des ambitions de la start-up avec l’annonce d’un premier tour de table de 3 M€, dont les modalités restent encore à définir.
« L’objectif est simple, investir en R&D bien sûr mais surtout dans la publicité et le marketing pour faire connaître l’application auprès des étudiants et lycéens. Et aussi développer la partie commerciale car avec aujourd’hui plus de 30 000 formations présentes sur l’application, il faut aller démarcher les écoles partout en France. Le défi est énorme mais aussi très challengeant », se réjouit Antoine Landraing.