Entreprises

Cartographie : Parera renforce son positionnement sur le continent africain

Rachat. Le Gersois continue de tisser sa toile à l’international, avec l’acquisition du marocain Etafat. Grâce à cette opération de croissance externe, le groupe souhaite multiplier par six son activité à l’export d’ici 2025 et franchit la barre symbolique des 1000 collaborateurs.

Lecture 7 min
Le rachat d’Etafat par Parera a été rendu public le 14 novembre, après deux années de discussions entre Jacques Cettolo, PDG du groupe gersois et Kamal Ben Addou Idrissi, CEO d’Etafat, au centre de la photo. (©Parera)

Parera avait depuis longtemps l’œil rivé sur le Maroc. À l’issue de deux années de discussions, le groupe, leader français de la cartographie, basé à L’Isle-Jourdain, dans le Gers, vient de racheter le marocain Etafat, spécialiste des relevés fonciers pour le cadastre, des relevés de données géospatiales et des systèmes d’information géographique (SIG).

L’Afrique, un territoire où tout est à faire

Cette opération de croissance externe a pour principal objectif de renforcer la visibilité de Parera sur le continent africain, un marché « sur lequel il y a tout à faire, et où nos technologies permettent d’accéder à des terrains difficiles », comme le souligne Jacques Cettolo, à la tête du groupe.

Ce dernier affiche de grandes ambitions depuis quelques années. En effet, le Gersois s’est d’abord exporté à Madagascar, en 2016, avant d’implanter une filiale en Côte d’Ivoire deux ans plus tard, focalisée notamment sur les opérateurs de réseau et le milieu agricole, position qui lui a permis de partir également à l’assaut du marché sénégalais.

Deux territoires également bien connus du groupe Etafat, qui réunit quatre entités, dont Etafat Afrique implantée en Côte d’Ivoire et Etafat Sénégal. « Nous avons déjà collaboré avec eux sur quelques projets, confirme Jacques Cettolo, avant d’ajouter :

Désormais, grâce à Etafat, qui réalise 60 % de son activité au Maroc, nous avons accès au pays le mieux développé d’Afrique, le plus structuré et le plus stable. Cela va nous permettre d’élargir notre réseau avec une double casquette. Nous visons également le Moyen-Orient, mais pour l’heure, nous préférons rester discrets. Cette expansion constitue pour le groupe une réelle opportunité en termes de marchés. »

De nouveaux secteurs en ligne de mire ?

Outre l’objectif de réaliser plus de 30 % de son activité à l’international à l’horizon de deux ans, contre 5 % actuellement, le Gersois entend, via le savoir-faire technologique du groupe Etafat, conquérir de nouveaux secteurs, tels que la Défense ou encore la surveillance maritime.

« De notre côté, nous avons acquis une grande maîtrise en matière de données terrestres. Etafat nous apporte son savoir-faire en matière d’acquisition de la donnée géographique aéroportée, à savoir la prise de vues aériennes, ce qui nous permet désormais de proposer une solution globale. Jusqu’à maintenant, nous sous-traitions cette partie auprès d’opérateurs régionaux pour un budget d’1 M€. »

Des investissements sont d’ores et déjà programmés par le groupe, avec notamment l’acquisition l’an prochain d’un second avion dédié ainsi à l’acquisition de données géographiques aéroportées.

Metamaps 3D

Développée par Parera, la solution Metamaps 3D, présentée en janvier dernier à Toulouse, consiste en un véhicule bardé de caméras et de capteurs sur le toit, capables de cartographier en 2 D et 3D, à la surface et en dessous. (©Parera)

Ce rachat intervient également à un moment stratégique pour Parera qui mise très fortement sur l’innovation depuis plusieurs années. La dernière en date est la solution Metamaps 3D présentée en janvier dernier à Toulouse. Elle consiste en un véhicule bardé de caméras et de capteurs sur le toit, capables de cartographier en 2 D et 3D, à la surface et en dessous.
Cette nouvelle technologie, qui a nécessité un investissement de près de 1,5 M€ (le projet a bénéficié du plan France Relance à hauteur de 500 K€) a déjà été testée dans la commune de L’Isle-Jourdain, avec le concours du gestionnaire de réseau de distribution électrique, Enedis.

« Les résultats ont été concluants. Nous avons un système commercialisable mais comme pour toute innovation, il faut du temps. Notre solution permet de réduire les coûts des relevés cartographiques et de gagner du temps, ce qui correspond parfaitement aux besoins du marché africain. Nous espérons commercialiser plusieurs véhicules en France et en Afrique dès l’année prochaine », précise Jacques Cettolo.

60 M€ de CA en 2025

Fort de sept agences en métropole (Clermont-Ferrand, L’Isle-Jourdain, Nancy, Paris, Rennes, Toulouse et Lyon) et désormais de huit agences dans les Drom-Com et à l’international (Réunion, Madagascar, Martinique, Guadeloupe, Guyane, Côte d’Ivoire, Sénégal et Maroc), le groupe gersois, fondé en 1968, entend bien conserver sa place de leader sur le marché de la cartographie, de la détection des réseaux et de la gestion de données patrimoniales. Parmi ses principaux clients, figurent notamment Enedis, Orange, GRTGaz, GrDF, Veolia, Suez, Total, la SNCF, Tisséo, 3F Groupe Action Logement, Lille Métropole Habitat, les Galeries Lafayette, la RATP ou encore Toulouse Métropole.

Après le rachat de la société lyonnaise Ecartip en mars dernier, cette nouvelle acquisition porte le nombre de collaborateurs de Parera à 1 090, contre 910 avant le rachat. Le groupe souhaite encore renforcer ses effectifs cet hiver : « 80 postes sont ouverts », souligne le président.
Le groupe prévoit d’atteindre un chiffre d’affaires de 50 M€ cette année, avec une projection de 60 M€ en 2025.

Parera, qui prévoit l’ouverture d’une agence à Marseille, projette une autre acquisition (encore secrète) à court terme. En parallèle de la gestion des données qui représente plus de 70 % de son CA, Parera ambitionne également de renforcer ses activités connexes, telles que la maintenance à travers sa filiale Parera Services ainsi que dans le domaine des solutions de SIG via sa structure Geotech. Les signaux sont au vert pour le Gersois, qui malgré ses envies d’ailleurs reste un acteur majeur de l’économie locale.