Entreprises

Pénurie de main-d’œuvre : avec sa nouvelle formation dédiée aux métiers manuels, Passpassion vient au secours de l’industrie

Réindustrialisation. Pour répondre au besoin croissant de main-d’œuvre qualifiée dans l’industrie française, la start-up toulousaine spécialisée dans les stages et formations aux métiers de l’artisanat, lance Médicis Training, un dispositif alliant formation sur mesure, valorisation des métiers manuels et approche interdisciplinaire. Un projet novateur et ambitieux soutenu par la Région Occitanie à hauteur de 55 000 €.

Lecture 6 min
Photo de l'équipe de Passpassion
Installée à La Cité à Montaudran, la start-up Passpassion compte 14 salariés. Elle a été co-fondée en 2020 par Jean Muller, ingénieur en aérospatial toulousain. (©Passpassion)

Dans une interview accordée en mai 2023 à nos confrères de Challenges, le président de la République avait une nouvelle fois insisté sur la nécessité impérieuse de réindustrialiser le pays, érigeant même cette reconquête comme la « mère de toutes les batailles ». Objectif affiché ? Faire remonter le poids de l’industrie de 10 % à 15 % du PIB d’ici 2030.

Bien que louable, l’ambition gouvernementale se heurte pourtant à un problème de taille, celui d’une pénurie chronique de main-d’œuvre. Selon l’Insee, la part des entreprises industrielles concernées par cet enjeu a atteint 67 % en 2022, niveau le plus élevé depuis 1991. Et même si le nombre d’emplois vacants dans l’industrie a reculé de 7 % au deuxième semestre 2024 (sources Dares), la tendance générale est à la hausse avec plus de 100 000 postes à pourvoir comme le rappelle une étude de 2023 de la Fabrique de l’industrie.

Les métiers manuels souffrent d’un déficit d’image

Parmi les métiers en tension dans l’industrie on retrouve aux premières places les métiers manuels comme soudeurs, mécaniciens ou encore chaudronniers. Des professions qui demandent une expertise technique spécifique et qui malheureusement attirent de moins en moins de candidats, la faute bien souvent à une image en total décalage avec la réalité. Pourtant, ces métiers sont vitaux pour des secteurs comme la métallurgie ou l’aéronautique.

Créée en 2020 par Jean Muller – ancien ingénieur en aérospatial - la start-up toulousaine Passpassion s’est justement donné pour mission de redonner ses lettres de noblesse à ces métiers issus de l’artisanat. Installée à La Cité, à Montaudran, la pépite propose des stages loisir pour découvrir un métier manuel ainsi que des formations professionnalisantes certifiées Qualiopi pour offrir un tremplin aux personnes désireuses de se reconvertir. Dans les deux cas, les stagiaires sont plongés dans l’environnement des artisans pour quelques jours.

Après avoir levé en mars dernier près de 600 K€ auprès de business angels, de Bpifrance et du programme de revitalisation des territoires d’Airbus développement (à travers le Crédit Agricole) afin d’enrichir son catalogue, qui compte déjà plus de 200 formations et stages, la jeune pousse a annoncé dans un communiqué daté du 10 octobre 2024 la création d’une nouvelle marque dédiée au monde de l’industrie et à ses nombreux métiers manuels. Son nom ? Médicis Training.

Financé en partie par la Région Occitanie à hauteur de 55 000 € dans le cadre du dispositif Innov’Emploi, lancé pour soutenir l’expérimentation et l’innovation dans le domaine de l’orientation, de l’emploi et de la formation sur le territoire, « Médicis Training représente une réponse audacieuse et prometteuse aux défis de l’emploi dans l’industrie française, alliant formation sur mesure, valorisation des métiers manuels et approche interdisciplinaire », explique Jean Muller qui a eu le déclic après une rencontre avec Ludovic Daudois, directeur général de la PME toulousaine Comat, équipementier du secteur spatial.

Un premier projet pilote déployé

Concrètement, Passpassion souhaite accompagner directement les entreprises dans la création de leurs programmes de formation. L’objectif étant de soutenir l’embauche et la montée en compétence des effectifs. « Si cela n’est pas évident au premier abord, il y a un parallèle intéressant entre les métiers artisanaux et l’industrie. Plusieurs pièces industrielles requièrent de la précision manuelle de la même façon qu’un artisan aborde chaque pièce de façon unique », indique le fondateur de la pépite.

Le projet, qui s’adresse aussi bien aux salariés en poste qu’aux nouveaux embauchés, s’articule autour de deux axes principaux :

  • La création de programmes de formation sur mesure et la formation d’instructeurs internes pour les ETI et PME avec l’établissement d’un système de validation régulière des acquis pour les salariés.
  • Un accompagnement de ces métiers manuels de l’industrie souvent méconnus et formations via différents formats de communication, tels que la vidéo auprès des potentiels candidats.

Également soutenu par l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), un premier projet pilote a été lancé en mai dernier dans une entreprise de mécanique œuvrant dans les secteurs du spatial, du ferroviaire et de l’énergie.