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Lauréat du label Greentech : le toulousain Plastic Vortex veut lever 300 K€ à 500 K€

Dépollution. Depuis 2017, Plastic Vortex développe des barrières flottantes capables de capter les déchets dans les cours d’eau. Après des tests concluants dans la Garonne, la start-up a été, le 19 juin dernier, lauréate du label Greentech Innovation décerné par l’État. Pour amorcer son développement à l’échelle nationale, avec le déploiement 31 barrages sur les fleuves et rivières français, elle vient de lancer un premier tour de table.

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Lauréats du label Greentech Innovation, les co-fondateurs de Plastic Vortex se lancent dans leur première levée de fonds et prévoient un plan de recrutement. (©Plastic Vortex)

Le plastique a décidément tout les défauts. Alors que leur production est très énergivore, la majorité des plastiques conventionnels ne sont pas biodégradables et leur accumulation croissante dans l’environnement constitue une menace pour la planète. En témoigne la naissance d’un septième continent surnommé le « Vortex de déchets du Pacifique nord ». Situé à mi-chemin entre Hawaï et la Californie, sa surface atteindrait selon les experts « trois fois celle la France » !

Les cours d’eau et littoraux ne sont malheureusement pas épargnés. En effet, d’après le gouvernement français, 5 à 13 millions de tonnes de déchets dérivés du pétrole sont déversés chaque année dans les océans, soit 1 à 4 % de la production mondiale de plastique. Depuis 1980, plus de 150 millions de tonnes y auraient été accumulées. Également, selon l’ONG WWF dédiée à la préservation de la biodiversité et à la lutte contre le réchauffement climatique, 80 % de la pollution marine proviendraient de la terre et notamment des villes.

Une innovation reconnue par l’État

Grande oubliée des discussions des sommets internationaux en faveur du climat, la pollution marine a enfin été au coeur des débats lors de la dernière Conférence des Nations Unies sur l’Océan au début du mois de juin à Nice. À cette occasion, la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher a détaillé le plan « plastique 2025-2030 ». Celui-ci doit permettre à la France, mauvaise élève en la matière, de rattraper son retard et d’atteindre les objectifs fixés par l’Europe, à savoir 50 % de plastique recyclé dès cette année, puis de 55 % en 2030. L’enjeu est considérable quand on sait qu’aujourd’hui ce taux plafonne à 23 % seulement, plaçant l’Hexagone en 26e position sur 27 !

Parmi les solutions existantes qui pourraient lui permettre de se rapprocher de cet objectif ambitieux figure l’innovation de la pépite toulousaine Plastic Vortex. Co-fondée en 2017 par Anthony Coulon, Patrick Thaunay et Alexis Eskenazi, elle développe un système anti pollution baptisé Vortex, à savoir une barrière flottante qui permet de capter les déchets dans les cours d’eau. Grâce à ce dispositif, la start-up a remporté, le 19 juin dernier, le label « Greentech Innovation » décerné par Ecolab, le laboratoire d’innovation du ministère de la Transition écologique.

« Grâce à l’obtention de ce label, nous bénéficions du soutien de l’État sur l’aspect digital, commercial mais aussi sur la visibilité. Cette reconnaissance nous facilite également l’accès à la commande publique. Ça vient surtout valider la pertinence de notre technologie », précise Patrick Thaunay.

175 tonnes de déchets collectés

Le vortex est disponible en trois versions, suivant la taille du cours d’eau et sa profondeur. (©Plastic Vortex)

Dans le détail, les trois versions du Vortex créées et commercialisées par l’entreprise permettent de « canaliser le flux des déchets flottants grâce à la dynamique naturelle du cours d’eau » en trois étapes. Grâce à une structure en forme de V, placée à la surface de l’eau, les déchets sont guidés vers un point de collecte. Sous la surface, des « jupes immergées » descendent jusqu’à 40 cm et filtrent les petits débris et les microplastiques. Enfin, un convoyeur automatisé transfère les détritus collectés vers une benne située sur la berge, prête à être vidée, triée et valorisée. Et tout cela sans gêner la faune ou la navigation.

« L’efficacité est immédiate : les macro-déchets sont interceptés dès 1 mm de diamètre, qu’il s’agisse de bouteilles, sacs plastiques, mégots ou pneus. Cela permet de collecter près de 70 % des déchets, soit plus de 175 tonnes/an ou l’équivalent d’environ neuf millions de bouteilles », affirme le cofondateur de Plastic Vortex, dont un des dispositifs est déjà en place dans la Garonne, sous le pont de Blagnac.

Récolter entre 300 K€ et 500 K€

Pour la commercialisation de ses vortex, la pépite s’appuie sur deux modèles : la vente d’un service complet de dépollution des cours d’eau en restant propriétaire du dispositif, et la vente du barrage en proposant un service d’exploitation et de maintenance de celui-ci. « En tout, pour les 31 barrages que nous souhaitons déployer dans les mois à venir sur les grands cours d’eau français, le coût d’investissement avant subventions est compris entre 15 et 20 M€, et le coût d’exploitation entre 3 et 5 M€. C’est très compétitif », assure Patrick Thaunay.

Plastic Vortex, qui ambitionne de mailler tout le territoire avec son dispositif, a lancé le 19 juin dernier une première levée de fonds afin de récolter « entre 300 K€ et 500 K€ » auprès de partenaires financiers et/ou d’un partenaire industriel. « Nous envisageons par ailleurs un plan de recrutement ambitieux pour accompagner notre développement, avec l’objectif de maîtriser la production de nos barrages en collaboration avec nos sous-traitants, essentiellement situés en région Occitanie. L’entrée souhaitée d’un partenaire industriel nous permettrait d’accélérer notre implantation à l’international », conclut Patrick Thaunay.