Porté par la relance de la filière nucléaire, le gardois D&S lève 4 M€ et prépare l’avenir
Nucléaire. Spécialisé dans la maîtrise des risques nucléaires et industriels, le groupe basé à Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, a réalisé 34 M€ de chiffre d’affaires l’an dernier, en croissance de près de 17 % sur un an. Fort de 500 salariés répartis dans une dizaine de sites, il vient d’ouvrir son capital à Bpifrance et Irdi Capital Investissement afin de poursuivre son développement.
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Avec ses 220 000 salariés et ses 3 200 entreprises dont 85% sont des TPE et PME [1], l’industrie nucléaire française représente 6,7 % de l’emploi industriel français. La région Occitanie concentre pour sa part environ 5,5 % des emplois de la filière nucléaire au niveau national avec 12 200 emplois. [2]
Outre la centrale de Golfech, en Tarn-et-Garonne, la région compte en effet des installations clés comme le centre de Marcoule, dans le Gard, spécialisé dans le cycle des matières, le traitement et le recyclage des combustibles. Un site récemment pressenti pour accueillir un projet de petit réacteur modulaire (PRM ou en anglais SMR pour small modular reactor), ces PRM constituant un des axes de la relance du nucléaire en France.
Le plan France 2030 prévoit en effet 1,2 Md€ d’investissement pour faciliter ce renouveau. Objectif : accélérer la transition énergétique de l’Hexagone et renforcer sa souveraineté énergétique. Deux axes sont particulièrement ciblés : la formation et l’innovation. Dans un contexte de concurrence internationale accrue, l’ambition est de développer de nouvelles technologies et plus particulièrement de soutenir les programmes de recherche sur ces petits réacteurs modulaires tout en maintenant la construction de nouveaux réacteurs EPR2.
20 années d’expérience dans le nucléaire
Un contexte porteur dont profite le gardois D&S qui, avec un chiffre d’affaires de 34 M€ en 2024, a enregistré 17 % de croissance en un an. Fort de près de 500 salariés répartis sur 10 implantations à travers la France, le groupe, basé à Bagnols-sur-Cèze, s’est donné pour mission « d’accompagner les exploitants du nucléaire et les prestataires du secteur dans leurs projets tout en maîtrisant les facteurs tels que la sûreté, la sécurité, la radioprotection, la qualité et l’environnement. » Il a pour principaux clients le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), EDF ou encore Orano, le spécialiste français du combustible nucléaire.
Fondé en 2004, le groupe familial réunit aujourd’hui sept PME : D&S Aqmaris, Alfadir, Safety Shop, Kairos Formations Fildem, D&S Ingénierie et Quadance, le pôle support du groupe. Elles cumulent aujourd’hui 20 ans d’expérience dans différentes métiers tels que : l’assainissement et le démantèlement nucléaire ; la radioprotection opérationnelle ; l’assistance qualité, hygiène, sécurité et environnement ; les études relatives à la sûreté nucléaire et les mesures nucléaires ; la vente d’équipements de protection et de matériels de mesure nucléaires ; le désamiantage ; ou encore la formation.
Pour accélérer son développement, D&S vient d’annoncer l’entrée à son capital de Bpifrance et de la société de gestion toulousaine Irdi Capital Investissement à hauteur de 4 M€. Plusieurs cadres dirigeants importants du groupe D&S sont également rentrés dans l’actionnariat.
Préparer l’avenir
Cette levée de fonds va permettre au groupe de consolider sa trésorerie et sa structure financière. « L’objectif est de préparer l’avenir et de soutenir la croissance de l’entreprise, en préfinançant son développement sur les quatre à cinq prochaines années », précise son PDG, Julien Feja. Présent dans l’entreprise depuis sa création, ce dernier l’a reprise en 2015 au départ du fondateur. C’est aussi à cette époque que le groupe, fort alors d’une centaine de salariés, s’est lancé dans un processus de filialisation. Un développement financé jusque-là « par la dette et la mise en réserve ».
Cet apport d’argent frais va donc permettre au groupe de poursuivre son développement commercial et ses recrutements. Il pourrait également lui permettre de financer d’éventuelles opérations de croissance externe ciblées « soit pour diversifier nos métiers, soit pour s’implanter géographiquement ailleurs », résume Julien Feja, qui n’a pour l’heure pas de cible en vue. « En juillet dernier, nous avons racheté deux écoles, 16/30 Formation à Bagnols-sur Cèze et IFPS à Pont-Saint-Esprit, pour étoffer notre offre de formation. Les intégrer et les redynamiser, cela nous donne déjà pas mal de travail ! »
Désormais mieux armé et parfaitement structuré, le groupe attend dès lors beaucoup de la relance de la filière du nucléaire en France, comme le précise son dirigeant :
Si l’on construit de nouveaux réacteurs, qu’il s’agisse d’EPR2 ou de PRM, il faudra d’abord démanteler les sites. Les surfaces au sol ne sont en effet pas extensibles compte tenu des aspects de sûreté nucléaire et de la loi Zan (Zéro artificialisation nette). Donc oui, cela va nous ouvrir des marchés. »
D’importants recrutements
À l’image de l’ensemble de la filière qui prévoit 100 000 recrutements dans les 10 ans à venir, le groupe a fortement étoffé ses effectifs ces derniers temps, à raison d’une quinzaine de personnes par mois. En 2025, il continue de recruter de cinq à 10 personnes chaque mois. S’il réussit à séduire de nouvelles recrues attirées par ses belles perspectives et sa politique RSE, certains métiers sont toujours en tension, notamment dans la sûreté nucléaire, la radioprotection opérationnelle ou encore l’électronique.
Pour pallier ce problème d’attractivité « du secteur, mais plus largement de l’industrie et des métiers manuels », le dirigeant s’implique régulièrement avec d’autres partenaires, dans des actions d’information et de sensibilisation dans les collèges et les lycées du Gard. Plusieurs de ces événements se sont d’ailleurs déroulés début février à Bagnols-sur-Cèze à l’occasion de la Semaine des métiers du nucléaire.