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Prévifrance fait mieux que résister

Santé et prévoyance. La mutuelle, basée à Toulouse, a conquis près de 10 000 adhérents sur un an.

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Photo de Henry Mathon et Daniel Fleho
Henry Mathon, directeur général de Prévifrance et Daniel Fleho, directeur du développement. (Crédit : Gazette du Midi)

« En 2022, les mutuelles ont subi l’impact du “reste à charge Zéro” pour les soins buccodentaires, la vue et l’audition, au demeurant une excellente initiative de politique de santé publique, observe Henry Mathon, le directeur général de Prévifrance. Si nos excédents par adhérent ne se sont pas améliorés du fait de ces nouvelles charges, elle est compensée par le développement significatif de notre portefeuille ».

De fait, c’est l’autre motif de satisfaction pour le dirigeant : alors que les parts de marché des mutuelles ne cessent de s’éroder, celle qui se présente comme « la mutuelle de référence du grand Sud-Ouest » voit sa stratégie de conquête payer.

Elle a gagné près de 10 000 adhérents supplémentaires l’an dernier, et 32 000 de plus par rapport à 2020. Prévifrance, qui revendique près de 390 000 personnes protégées et plus de 268 000 adhérents, figure désormais « dans les 20 premières mutuelles en termes de chiffre d’affaires », indique Henry Mathon.

Comme pour l’ensemble des organismes complémentaires, cette croissance est aujourd’hui portée essentiellement par le marché des entreprises. Depuis 2016, tous les employeurs du secteur privé ont en effet l’obligation de fournir une mutuelle de santé collective à leurs salariés. Prévifrance compte ainsi 13 000 entreprises en porte feuille.

La mutuelle toulousaine qui compte des adhérents dans la France entière, est également bien implantée sur un marché de niche, celui des pompiers professionnels, avec plus de 37 % de part de marché.

La prévoyance (maintien des revenus en cas d’incapacité, invalidité et décès) constitue un autre vecteur de croissance pour l’acteur occitan. Le nombre de personnes protégées par les contrats de prévoyance connaît de fait une croissance très soutenue : +80% depuis 2019 avec plus de 72 000 personnes protégées en 2023. L’activité génère à elle seule plus de 30 M€ de chiffre d’affaires en 2022, en hausse de 17,8 % par rapport à 2021.

Un nouvel acteur du funéraire

Issue de la fusion de sept mutuelles, Prévifrance qui, compte une quarantaine d’agences sur le territoire national, n’exclut pas de nouveaux rapprochements, car rappelle Henry Mathon, « sur un marché saturé comme le nôtre, la croissance organique coûte cher ».

Le Toulousain cherche dès lors de nouveaux relais de croissance, sur le marché des seniors notamment avec de nouveaux services dédiés dès la rentrée. Prévifrance vient aussi de faire une percée sur le marché du funéraire avec le rachat en 2021 d’ACF, un opérateur local qui exploite deux crématoriums à Montauban et Pamiers.

Fort de neuf agences, ACF emploie 25 salariés et réalise 3,5 M€ de chiffre d’affaires. « Nous considérons que le rôle d’une mutuelle est d’accompagner ses adhérents dans tous les événements de la vie, y compris les plus dures. Cela fait donc sens pour nous d’aller vers ce type d’activité : nous disposons d’une base d’adhérents auxquels nous pouvons proposer des contrats obsèques – nous sommes en train de les mettre en place – puis, dans une logique d’intégration verticale, de réaliser la prestation. »

Pour se distinguer par rapport aux gros acteurs du funéraire, Henry Mathon mise sur le positionnement original de Prévifrance. « Par rapport à ces acteurs qui sont aux mains de fonds de private equity depuis plus de 25 ans, nous arrivons sur ce marché avec une approche un peu différente. Nous avons la capacité d’investir, nous disposons d’une base d’adhérents et surtout, nous avons une vision et un comportement liés à notre ADN de mutuelle qui n’est pas tout à fait le même que celui des fonds de private equity qui font la culbute tous les quatre ou cinq ans. C’est ce message que nous voulons porter auprès de nos adhérents, du grand public et des collectivités. »

Sachant que la crémation représente désormais plus de la moitié des pratiques funéraires, en progression de 1% par an, « il manque en France une centaine de crématoriums. C’est sur ce besoin que nous souhaitons nous positionner avec des projets clés en main », conclut Henry Mathon.