Recrutement des saisonniers en Occitanie : des progrès mais peut mieux faire
Emploi. Alors que la saison d’été est déjà bien engagée, le président du Medef Occitanie, Samuel Hervé, alerte sur les difficultés rencontrées par les entreprises de la région pour recruter des saisonniers. 200 000 postes sont à pourvoir chaque année. La faute à des problématiques liées au logement et à la mobilité. Des freins récurrents auxquels s’attaque un plan d’action régional adopté en janvier 2024 et dont la collectivité a justement dressé le bilan d’étape il y a quelques semaines.

727, c’est le nombre d’offres d’emploi pour saisonnier répertorié en Occitanie sur le seul site de France Travail au 24 juillet. À Sainte-Marie-la-Mer dans Pyrénées-Orientales, le camping Pas Del Fang recherche pour un contrat de deux mois un ou une employé ménage. Salaire brut horaire proposé : 12 €. À Plaine-et-Vallées, près de Béziers dans l’Hérault, l’exploitation agricole Saint Bauzille Bocapom recrute en ce moment un ou une cueilleur de pommes pour là encore un contrat de deux mois. À la clé un salaire brut : horaire de 11,88 €, plus un panier repas 2,6 € par jour travaillé.
Sans grande surprise, chaque année, les offres comme celles-ci pullulent sur les job-boards. Des emplois qui ont du mal à trouver preneur. Outre des salaires insuffisamment attractifs, les deux principaux freins restent la mobilité et surtout le logement dans une région où près de 43 % des projets de recrutement sont saisonniers (contre 31 % à l’échelle nationale) car liés à l’agriculture et au tourisme. À noter qu’en 2025, ce taux de saisonnalité progresse de 3,8 points sur le territoire (+1,3 point au national). Après la Corse et la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie est la troisième région française où ce taux est le plus élevé.
En quête de solutions pérennes
Alors que la saison touristique et les travaux agricoles battent leur plein, le président du Medef Occitanie, Samuel Hervé, monte au créneau pour trouver et mettre en place des solutions pérennes pour résoudre ces problématiques récurrentes qui freinent le recrutement de près de 200 000 saisonniers chaque année, pénalisant ainsi l’économie locale.
Et ce d’autant que les professionnels du tourisme font déjà face à une chute de la fréquentation et de la consommation dans leurs établissements, conséquence directe de la baisse du pouvoir d’achat des Français qui constituent la première clientèle de la région.
« Même si l’État et la Région ont signé en 2024 un plan d’action régional pour réduire la tension dans le recrutement des saisonniers, nous devons collectivement mieux anticiper cette problématique qui impacte de fait l’activité quotidienne de nos entreprises et leur compétitivité », estime ainsi Samuel Hervé, par ailleurs directeur général chez Akte Services, groupe montpelliérain spécialisé dans la restauration collective, dans une tribune datée du 24 juillet 2025.
Problématique d’autant plus prégnante que ces emplois sont souvent occupés par de jeunes salariés moins qualifiés par rapport à la moyenne de la population active. Avec un pouvoir d’achat moindre, ils ont des difficultés persistantes à trouver des logements à loyers abordables et ont également des problématiques fortes de déplacements, sujets déterminants pour leur engagement à prendre ou à rester dans un emploi.
Fédérer les synergies
Sur ces sujets qui sortent en partie de ses prérogatives, le président du Medef Occitanie affirme vouloir prendre sa part à la construction de solutions durables et en appelle à faire cause commune entre toutes les parties prenantes aussi bien publiques que privées :
Nous devons passer du système D à une véritable stratégie offensive en matière de logements saisonniers. Du parc privé au parc HLM, des solutions portées par les entreprises, des structures collectives comme les internats de lycées aux logements déplaçables ou via des résidences MonTempô, il y a matière à construire avec les acteurs locaux un plan d’ensemble sur ce sujet. Un plan qui garantisse l’attractivité de notre région en matière d’emplois saisonniers, en mobilisant mieux des outils existants et financés comme Action Logement en particulier. »
Cette prise de parole du patron du Medef en région, qui fédère 25 000 entreprises, intervient quelques semaines après la présentation d’un premier bilan après l’adoption en janvier 2024 à Lourdes du dit plan d’action régional. Un programme qui court jusqu’en 2027. L’occasion pour le préfet de région Pierre-André Durand et la présidente du Conseil régional Carole Delga de passer en revue l’ensemble du dispositif.
Réduire les tensions sur le recrutement
Ambitieux, ce plan d’action s’est construit autour de trois axes :
- Développer une offre territoriale attractive pour les travailleurs saisonniers de manière à favoriser leur recrutement ;
- Mieux accompagner les employeurs dans leurs démarches de recrutements de travailleurs saisonniers ;
- Renforcer la coordination régionale des acteurs autour de ces objectifs et développer une approche territorialisée de l’offre de service.
Douze mois après, la question est bien sûr loin d’être réglée, mais des actions concrètes ont déjà été menées sur le terrain, avec pour la collectivité, des résultats encourageants. Parmi les actions emblématiques mises en avant, on peut citer la plateforme "Mes aides" de France Travail. Ouverte au printemps 2024, celle-ci met en avant les logements publics ou associatifs mis à disposition des saisonniers dans le périmètre géographique des offres d’emploi publiées. Elle répertorie aujourd’hui 2 700 solutions d’hébergement, dont 115 logements étudiants et près de 300 chambres chez l’habitant.
Toujours en lien avec le logement, plusieurs initiatives ont vu le jour. À commencer par des propositions de colocations intergénérationnelles solidaires entre des propriétaires louant une chambre inoccupée et des salariés de moins de 30 ans. Expérimenté sur deux territoires, le Lot et les Pyrénées-Orientales, ce dispositif a permis de mettre à disposition 280 chambres. Dans l’Aude, la mairie de Fleury-d’Aude met à disposition 25 mobil-homes répartis sur deux campings. Le contrat de location est au nom de l’employeur. 50 saisonniers peuvent ainsi être logés sur quatre mois minimum.
Dans le département des Pyrénées-Orientales, qui offre chaque année près de 27 000 emplois saisonniers, des conventions ont été signées entre certaines communes et l’État. Concrètement, cette collaboration renforcée doit favoriser la mise en location de logements par les propriétaires privés grâce à différents leviers dont le dispositif "Louer pour l’emploi" d’Action Logement.
Un enjeu d’attractivité
L’ambition est également de « proposer des lits dédiés aux travailleurs saisonniers grâce à des programmes de réhabilitation, création ou captation de logements, tant dans le parc de logement communal que privé » ou encore « de créer un service de gestion locative de logements saisonniers », mais aussi de « construire des logements dédiés à Font-Romeu » dont les travaux sont déjà en cours. Après Saint-Cyprien, Banyuls, Argelès-sur-Mer, Collioure, Les Angles et Font-Romeu, huit autres communes du territoire ont des conventions en projet.
Enfin, ce bilan a également été l’occasion de saluer le travail réalisé par les 10 Maisons du Travail saisonnier dont le maillage sera bientôt renforcé par deux nouvelles entités dans le Gers et en Lozère. Mises en réseau depuis 2024 autour de la marque « Ma Saison en Occitanie », elles sont au service des employeurs et des saisonniers pour les informer et les accompagner (emploi, formation, logement, mobilité, accès à des avantages saisonniers sur les loisirs…).
Alors que plus de 3 000 employeurs et près de 7 000 saisonniers ont pris contact avec les Maisons du travail saisonnier occitanes en 2024, elles ont aussi pour vocation de pérenniser l’emploi des saisonniers tout au long de l’année en jouant sur les différents atouts touristiques de la région, entre mer, montagne et campagne. Une offre quatre saisons sur laquelle entend bien surfer la région pour améliorer son attractivité.