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Réemploi : le Toulousain Consign’Up vise les 6 millions de bouteilles en verre traitées

Financement. Portée par la remise en cause du tout jetable à l’heure de l’urgence climatique, la consigne de verre fait son retour. Pionnière en la matière, la coopérative Consign’Up a récemment investi 400 K€ dans un centre de lavage de bouteilles à Portet-sur-Garonne, aux portes de Toulouse. Elle vient par ailleurs de lancer une campagne de financement participatif pour lever 100 K€.

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L’équipe opérationnelle de la coopérative : Jodie Martin, directrice opérationnelle, Antonin Rivoal, responsable développement commercial, Charlotte Rabinovitch, responsable technique, Cloé David, responsable logistqiue et recherche de financements, Noémie Delprat chargée de communication et Emma Amitrano, chargée de projet qualité et process industriel. (©Consign’Up)

Votée le 10 février 2020, la loi anti-gaspillage et pour l’économie circulaire (Agec) fête cette année ses cinq ans. Un anniversaire qui coïncide avec le lancement en mai prochain d’une expérimentation à grande échelle sur la consigne en verre dans plus de 1 000 hypermarchés, supermarchés et magasins bio situés dans quatre régions : la Bretagne, les Hauts-de-France, la Normandie et les Pays de la Loire. Piloté pour le gouvernement par l’éco-organisme Citeo, l’initiative baptisée « ReUse » fédère une cinquantaine d’industriels de l’alimentaire et de la boisson autour d’un objectif commun : réemployer 10 % des emballages d’ici à 2027.

Pas concernée par ce test grandeur nature, l’Occitanie n’est pourtant pas en reste sur cet enjeu du réemploi. Parmi les acteurs porteurs de cette révolution de consommation sur le territoire, le toulousain Consign’Up tire son épingle du jeu. Active depuis 2019 grâce à la volonté d’un collectif de citoyens, la coopérative travaille à la relance de la filière du réemploi dans l’ouest de la région, en favorisant une économie plus locale et circulaire. Elle s’appuie aujourd’hui sur un réseau de 70 magasins partenaires dans lesquels les consommateurs peuvent ramener leurs contenants consignés.

3 000 bouteilles par heure

Des emballages qui sont revendus à une cinquantaine de producteurs de bière, jus, lait et vin après leur lavage dans la toute nouvelle station industrielle de l’entreprise située à Portet-sur-Garonne, dans l’agglomération du Muretain. Inauguré en novembre 2024, le bâtiment de 700 m2 dispose d’une laveuse capable de traiter plus de 3 000 bouteilles par heure, avec une capacité annuelle de lavage à terme de six millions d’unités.

Un changement d’échelle significatif pour la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) qui jusqu’ici sous-traitait cette étape. Pour gagner en autonomie et améliorer l’efficacité de son processus de lavage, elle a investi plus de 400 K€ dans ce nouvel outil industriel. Un investissement important rendu possible par une première levée de fonds de 620 K€ clôturée en mars 2023 avec le soutien de la Région Occitanie et de l’Ademe, le bras armé de l’État pour la transition écologique.

« L’offre de Consign’Up se divise en trois grands blocs : le lavage de bouteilles bien sûr mais aussi le conseil et l’accompagnement ainsi que la logistique, explique Jodie Martin, directrice opérationnelle avant de poursuivre :

Concrètement, nous aidons les producteurs locaux à comprendre le fonctionnement de la filière de réemploi, en leur indiquant quelles bouteilles utiliser pour qu’elles soient réemployables et les spécifications des étiquettes à utiliser. Nous nous occupons aussi de la collecte des bouteilles, en travaillant avec un réseau de partenaires logistiques, notamment des entreprises d’insertion et des recycleries. Cela permet de récupérer un maximum de contenants auprès des producteurs et des points de collecte, tels que des magasins spécialisés et des épiceries. »

Déjà 25 000 € collectés

La coopérative toulousaine – qui compte 95 membres, dont six personnes dans l’équipe opérationnelle – s’adresse à l’ensemble des professionnels qui fabriquent des produits nécessitant des bouteilles en verre dans un rayon de 100 km autour de Toulouse, « qu’il s’agisse de commerçants, d’agriculteurs ou d’autres types de producteurs ». Également impliqués dans le processus de retour des bouteilles via les points de collecte, les consommateurs occitans sont aussi ciblés.

Le grand public est d’ailleurs invité à rentrer au capital de la SCIC via une campagne de financement participatif de 100 000 €, montée avec l’Union régionale de Scop Occitanie Pyrénées (Urscop). Le ticket d’entrée est fixé à 300 €. Objectif de cette collecte de fonds dont la clôture est prévue le 30 juin prochain ? Diversifier le type de contenants traités et automatiser certains volets de la chaîne de production en vue d’atteindre les 500 000 bouteilles lavées dès cette année.

« L’idée est par exemple de pouvoir traiter des contenants plus petits, comme les bouteilles de 33 cl et potentiellement des bocaux », détaille Jodie Martin qui annonce par ailleurs un plan de recrutement pour venir renforcer l’équipe et ainsi « améliorer notre efficacité opérationnelle ».