Entreprises

REGEnLIFE parie sur la lumière pour traiter Alzheimer

Santé. À Montpellier, l’entreprise REGEnLIFE bouscule la recherche médicale. Depuis 2016, elle développe une technologie innovante pour prévenir et traiter les maladies neurodégénératives. Son cheval de bataille ? La maladie d’Alzheimer. En parallèle, elle vient aussi de lancer une étude sur les commotions cérébrales aiguës du sportif.

Lecture 6 min
Représentation de la photobiomodulation
La technologie développée par REGEnLIFE est issue de la maîtrise approfondie des paramètres de la photobiomodulation, une méthode de traitement non invasive qui repose sur la lumière. (Crédit : REGENLIFE)

D’après les derniers chiffres publiés par l’OMS, plus de 55 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde, avec chaque année 10 millions de nouveaux cas. Si la démence résulte de diverses maladies, toutes ont en commun une détérioration progressive et irréversible des neurones.

Parmi elles, la maladie d’Alzheimer. En France, plus d’un million de personnes souffrent de cette pathologie neurodégénérative, et plus de 200 000 cas sont recensés tous les ans. Voilà pourquoi la maladie d’Alzheimer est devenue un enjeu prioritaire de santé publique dans de nombreux pays, notamment au regard du vieillissement de la population.

Une technologie qui cible l’axe cerveau-intestin

Pour autant, à l’heure actuelle, aucun médicament ne permet de guérir de cette maladie ou même de ralentir son évolution dans le cerveau. Mais cela pourrait bientôt changer tant la recherche sur la maladie d’Alzheimer ne cesse de progresser.

À Montpellier, l’entreprise REGEnLIFE développe une nouvelle approche thérapeutique prometteuse pour la prévention et le traitement des maladies neurodégénératives.

« Nous développons depuis 2016 une technologie indolore et non invasive qui vise à améliorer la santé ainsi que le quotidien des patients atteints de maladies neurologiques invalidantes comme la maladie d’Alzheimer, explique Patrice Cristofini, son dirigeant depuis la fin 2021. Notre technologie, appelée “stimulation tri-photonique“, est issue de la maîtrise approfondie des paramètres de la photobiomodulation, une méthode de traitement non invasive qui repose sur la lumière. Historiquement développée par la Nasa pour ses effets cicatrisants, elle a depuis plusieurs années fait son entrée dans le domaine de la neurologie. »

Concrètement, la société a fabriqué un casque ainsi qu’un plastron pour l’abdomen qui sont positionnés sur le patient lors de séances de 20 minutes. Séance pendant laquelle il reçoit une stimulation lumineuse provenant de trois sources différentes : la diode, la diode infrarouge et la diode laser. Celles-ci atteignent les cellules et agissent directement sur la mitochondrie (sorte de petite usine qui produit l’énergie) en stimulant une enzyme et donc favorise leur régénération. Ce traitement doit permettre de retarder l’évolution de la maladie d’Alzheimer.

« Nous sommes aujourd’hui les seuls à utiliser la photobiostimulation pour traiter à la fois la boîte crânienne et le microbiote intestinal, qui est considéré par les scientifiques comme le deuxième cerveau de l’homme. Il y a quelques années, des scientifiques ont en effet découvert que notre ventre contient des millions de neurones veillant à notre digestion et échangeant des informations avec notre cerveau », détaille celui qui est aussi docteur en médecine.

Déjà deux levées de fonds de 3M€ en 2019 et 2023

Après les premières phases de tests en laboratoire puis sur des souris, l’entreprise montpelliéraine a lancé en 2020 une première étude en double aveugle sur l’homme.

« Prometteuse dans ses conclusions avec des améliorations significatives observées sur certains scores de mémoire, l’étude a malheureusement dû être interrompue faute de patients à cause du covid-19, indique Patrice Cristofini. Voilà pourquoi nous avons réalisé une nouvelle levée de 3 M€ en avril dernier. Cela va nous permettre de lancer une étude clinique chez l’homme sur la maladie d’Alzheimer. Elle va démarrer d’ici un mois et se terminera en 2025. Cela nous permet aussi de financer une autre étude, cette fois-ci sur les commotions cérébrales aiguës du sportif. Elle a déjà débuté et prendra fin au deuxième semestre 2023. »

Cette levée de capitaux sera déjà la quatrième pour REGEnLIFE qui a déjà collecté depuis 2017 plus de 8M€ auprès des associés historiques et de nouveaux investisseurs privés. Coup de coeur du jury dans la catégorie « innovation/nouvelles technologies » des Trophées SilverEco Bien-Vieillir 2022, la société ambitionne désormais de devenir une medtech leader dans le traitement des maladies neurodégénératives.

Pour y parvenir, il lui reste encore des étapes à franchir. La première, et non des moindres, « terminer les études cliniques avec, on l’espère, des résultats probants pour demander et obtenir le marquage CE, sésame obligatoire pour lancer l’industrialisation et la commercialisation de notre technologie. En parallèle, le but est aussi de poursuivre notre politique de développement R & D. Pour mener à bien ces différents objectifs, une nouvelle grosse levée de fonds de plusieurs dizaines de millions est prévue d’ici deux ans », conclut Patrice Cristofini.