Salon du Bourget : Airbus engrange les commandes et prépare l’avenir
Aéronautique. Le 55e salon du Bourget est venu confirmer la position de leader mondial du géant européen avec 250 nouvelles commandes d’avions commerciaux, dont 148 fermes. Côté militaire, le constructeur a aussi multiplié les contrats. De quoi susciter l’enthousiasme de son PDG Guillaume Faury qui a évoqué le lancement d’un nouveau programme en succession de l’A320, son best-seller.

La grand-messe de l’aéronautique et du spatial enfin clôturée, Airbus (157 000 salariés dans le monde pour un chiffre d’affaire global de 69,2 Mds€) tire un bilan très positif de sa participation au Bourget 2025. En effet, le géant européen totalise 250 commandes, dont 148 fermes tous avions confondus, valorisées à hauteur de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Il faut en effet compter environ 100 M€ pour un court et moyen courrier et 250 M€ pour un long-courrier.
Domination sans partage
Dans le détail, Egyptair a annoncé une commande ferme de six A350-900 supplémentaires, portant à 16 le nombre total d’appareils de ce type commandés par la compagnie. Ce long-courrier, concurrent direct du Boeing 787, est doté de moteurs Rolls-Royce et consomme 25 % de carburant en moins que les autres gros porteurs du marché.
De son côté, le polonais LOT Polish Airlines a confirmé l’achat de 20 A220-100s et 20 A220-300s. D’une capacité de 100 à 160 passagers, cet appareil consomme lui aussi moins de carburant (-25 % par siège par rapport aux avions de la génération précédente). Il est aussi apprécié pour ses performances en terme de réduction de bruit et d’émissions de gaz à effet de serre.
Les compagnies saoudienne et taïwanaise Riyadh Air et Starlux ont de leur côté passé commande pour respectivement 25 (+25 en option) et 10 A350-1000. Pour Riyadh Air, jeune compagnie créée en 2023, ce contrat avec le leader de l’aviation commerciale marque une étape importante. Elle s’inscrit en effet dans la stratégie du gouvernement saoudien « d’atteindre 300 millions de passagers aériens par an d’ici la fin de la décennie, positionnant le pays comme une plaque tournante mondiale de l’aviation et du tourisme ». Les 10 appareils commandés par Starlux viendront, eux, compléter une flotte 100 % airbusienne puisqu’elle compte 28 appareils et en attend déjà une quarantaine d’autres supplémentaires.
Commande historique pour le drone Flexrotor

Le best seller d’airbus, l’A320neo, a lui aussi enregistré de nouvelles commandes. Déclinaison de l’A320, ce moyen-courrier permet des économies de carburant de 15 à 20% et affiche des réductions de ses émissions de CO2 du même ordre, et d’environ 50% pour celles d’oxyde d’azote. La plus grande compagnie aérienne privée du Vietnam, Vietjet, vient de signer un protocole d’accord portant sur 100 mono-couloirs A321neo (plus 50 en option). De son côté, le japonais ANA Holding a fait l’acquisition de 24 appareils de même type auxquels s’ajoutent trois A321XLR. En parallèle, le loueur saoudien AviLease renforce sa flotte avec une première commande de 30 A320neo dont la livraison est attendue entre 2030 et 2033. L’accord prévoit également une augmentation future à 55 appareils.
Côté fret aérien, l’industriel européen a également vendu deux A350-F freighters au turc MNG Airlines et 10 supplémentaires au saoudien AviLease (plus 22 supplémentaires à venir). Après les avions, les hélicoptères. Airbus a également reçu une commande de la part Norwegian Air Ambulance pour huit hélicoptères H145. Ce contrat confirme la bonne dynamique que connait la filiale Airbus Helicopters qui a vu son chiffre d’affaires grimper de 8 % à 7,9 Mds€ en 2024, avec 361 unités livrées contre 346 un an auparavant.
La filiale basée à Marignane, dans les Bouches-du-Rhône, a par ailleurs, enregistré la première vente de son aéronef à décollage vertical Flexrotor conçu par l’américain Aerovel, racheté par Airbus en 2024. C’est la start-up australienne Drone Forge qui a passé commande de 17 engins (six systèmes aériens sans pilote). Ils seront déployés dans la région Asie-Pacifique pour répondre à un large éventail d’opérations allant de la surveillance littorale à des missions intérieures à haute altitude en passant par le monitoring d’infrastructures et l’évaluation de l’environnement maritime.
Montée en cadence, décarbonation et innovation
Après avoir enregistré sur toute l’année dernière 826 commandes nettes d’avions commerciaux contre 377 pour Boeing, ce 55e Bourget entérine le leadership d’Airbus sur son concurrent américain historique. Outre le crash récent d’un Dreamliner d’Air India qui a coûté la vie à 267 personnes, le constructeur de Seattle enchaine les déboires techniques ces dernières années, entachant gravement son image. Un trou d’air qui pourrait ouvrir de belles opportunités à Airbus « sur le long terme » a précisé Guillaume Faury, son PDG, lors d’une interview chez nos confrères de Télématin au troisième jour du salon. Compte tenu de carnets de commandes bien remplis, impossible en effet pour l’avionneur de répondre à des commandes à court terme.
Avec aujourd’hui plus de 8 700 avions commerciaux à construire, pour une production de 800 par an, « notre défi actuel est d’augmenter notre capacité de production. De mobiliser l’ensemble d’une chaine de fournisseurs très large, très internationale, pour avoir tous les composants à l’heure, monter en cadence le plus vite possible et livrer en temps voulu », complète Guillaume Faury. Un enjeu majeur alors que l’avionneur n’a toujours pas retrouvé ses capacités d’avant-Covid.
Outre le défi industriel, Airbus doit aussi affronter la concurrence de plus en plus prégnante du chinois Comac. Détenu par l’État chinois, Guillaume Faury prend très au sérieux ce nouveau venu sur un marché ultra concurrentiel. Pour rester dans la course et conserver son leadership, le constructeur européen mise à fond sur l’innovation sachant que la filière aéronautique s’est engagée à la neutralité carbone à l’horizon 2050.
Et cela passe par le développement d’ici la fin de la décennie d’un nouveau programme qui succédera à l’A320. Un autre défi de taille puisque cette famille d’appareils est encore aujourd’hui le plus gros succès mondial de l’aviation commerciale et « c’est aussi 75 % des avions que nous livrons chaque année ». L’entrée en service de ce nouvel appareil est attendue à partir de 2035.