U-Space lève 24 M€ pour booster sa production de satellites et conquérir de nouveaux marché à l’export
Spatial. Spécialisée dans la conception et la fabrication de petits satellites modulaires, la start-up toulousaine du New Space surfe sur un marché en pleine croissance, celui des mégaconstellations. La PME, qui emploie 80 collaborateurs, vise les 10 M€ de chiffre d’affaires en 2025 grâce notamment à la signatures d’importants contrats en Asie et au Moyen-Orient.
Plusieurs entreprises du secteur spatial basées en Occitanie viennent d’être retenues dans le cadre de la deuxième promotion du programme national French Tech 2030 dévoilée le jeudi 6 novembre 2025. Les 80 entreprises émergentes qui ont été sélectionnées travaillent toutes dans des domaines hautement stratégiques pour la souveraineté numérique française.
De fait, elles développent aussi bien des systèmes d’intelligence artificielle, des technologies du quantique et du spatial, des solutions de cybersécurité, de la robotique, des semi-conducteurs ou encore des infrastructures de stockage de données, de cloud ou de télécommunications.
Un accélérateur de champions
Concrètement, les lauréats vont bénéficier d’un accompagnement sur mesure d’une durée d’un an par la Mission French Tech et ses partenaires. Objectif ? Accélérer leur développement, lever les freins réglementaires et profiter d’une dynamique collective qui favorise le partage d’expériences entre pairs et l’échange de bonnes pratiques. Ce parcours intensif a permis à une quinzaine de lauréats de la promotion 2023 de réaliser des levées de fonds exceptionnelles ou de signer des contrats majeurs. C’est le cas de Mistral AI ou encore du toulousain d’Exotrail.
Parmi les pépites régionales retenues dans cette deuxième promotion, figure U-Space qui faisait déjà partie de l’édition 2023 du programme French Tech 2030. La jeune pousse créée en 2018 à Toulouse par des ingénieurs du secteur aérospatial, Fabien Apper et Antoine Ressouche, conçoit et construit dans son usine de Montaudran des petits satellites modulaires. Intégrateur industriel complet, elle accompagne ses clients de la définition de leur besoin jusqu’aux opérations en vol grâce à son propre centre d’opérations basé à Toulouse.
Le marché mondial des small satellites est en pleine croissance. Évalué à près de 7 Md$ en 2024 par le cabinet Global Market Insights, il devrait atteindre plus de 30 Md$ en 2034, soit une progression de près de 16,5 % par an. Utilisés pour l’observation de la Terre ou les télécommunications, ces petits satellites ont de fait vu leur nombre exploser ces dernières années. Notamment avec le déploiement en orbite des mégaconstellations destinées à assurer une connectivité haut débit au réseau Internet partout sur Terre. Celle développée par Starlink, la société du milliardaire Elon Musk, en compte déjà plus de 10 000.
Une seconde levée de fonds de 24 M€
Un marché particulièrement prometteur qui attire les investisseurs. En témoigne le succès de la levée de fonds que vient d’annoncer U-Space. D’un montant de 24 M€, elle fait suite à un premier tour de table réussi de 7 M€ opéré en 2022 auprès de BNP Paribas Développement, de Karot Capital, société d’investissement au démarrage, et du fonds Definvest du ministère des Armées géré par Bpifrance.
Confiants dans la robustesse de la technologie développée par U-Space, ces deux derniers remettent au pot aux côtés de nouveaux investisseurs. Parmi lesquels le club privé d’investissement Blast, le fonds d’investissement européen Expansion, mais aussi la plateforme italienne de référence dans le domaine des investissements alternatifs Primo Capital ainsi que Vertech Finance, un fond à impact qui investit principalement dans des greentech ou des projets de souveraineté nationale. L’ARIS, société d’investissement en fonds propres et quasi-fonds propres de la région Occitanie, a également pris part à cette augmentation de capital.
Produire un satellite par semaine d’ici 2027
Tout juste sept ans après sa création, la jeune pousse toulousaine compte déjà trois satellites en orbite et une dizaine d’autres à produire dans son carnet de commandes. Elle a en effet remporté dès 2019 d’importants contrats notamment avec le Cnes, la DGA et Safran. Mais sur ce marché mondial très concurrentiel, U-Space, qui ambitionne ni plus ni moins de « devenir le constructeur européen de référence sur le marché des constellations de satellites », doit désormais passer à l’échelle industrielle et accélérer son développement à l’international. Deux objectifs désormais à sa portée.
À Toulouse, la société, qui dispose de 850 m2 de salles blanches – son U-Zine –, a déjà entrepris de rationaliser son outil de production afin de mieux répondre aux exigences de compétitivité et de volume propres à ce marché. Le développement du volet logiciel rendu possible par les fonds levés permettra d’augmenter significativement le rythme de production. L’objectif étant de produire d’ici 2027 un satellite par semaine.
L’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient en point de mire
Alors qu’il vient de signer un contrat avec le National space science and technology center (NSSTC) aux Émirats Arabes Unis (EAU), marquant ainsi son premier succès commercial hors Europe, Fabien Apper, président et co-fondateur de U-Space, a désormais le regard tourné vers l’Asie-Pacifique et le Moyen-Orient.
« Il y a dans ces régions un dynamisme technologique remarquable ainsi qu’une forte volonté de développer leur économie spatiale », assure-t-il dans un communiqué daté du 12 novembre, avant de poursuivre :
Ce sont des marchés stratégiques que nous pouvons accompagner tant sur des programmes gouvernementaux que commerciaux. Il s’agit là de démontrer notre capacité à soutenir des ambitions spatiales mondiales, et c’est ce que cette levée de fonds va nous permettre de faire. »
De fait cette partie du monde représente un beau terrain de jeu pour la jeune pousse toulousaine. En quête d’une diversification de leur économie, une dizaine de pays du Moyen-Orient ont en effet récemment lancé des programmes spatiaux. Les Émirats Arabes Unis, qui se sont dotés dès 2014 d’une agence spatiale, ont à ce titre une stratégie de développement particulièrement ambitieuse, l’objectif étant pour Abou Dabi de devenir un leader de l’exploration spatiale.
Dans la zone Asie-Pacifique, la Chine, le Japon et l’Inde ont tous trois et de longue date des ambitions très fortes dans le domaine spatial. Mais d’autres pays émergent à l’image de l’Indonésie qui investit elle aussi massivement dans les infrastructures spatiales ou encore l’Australie qui s’est dotée il y a deux ans d’une nouvelle feuille de route qui fixe ses velléités dans le domaine à horizon 2030.
Grâce à cette levée de fonds, U-Space prévoit de renforcer son équipe commerciale afin d’intensifier son développement à l’échelle européenne et internationale. Forte de ces nouvelles capacités, la start-up, qui emploie 80 personnes pour 5 M€ de chiffre d’affaires en 2024, ambitionne de doubler ce montant dès 2025.