Sites sensibles : Epsi relocalise sa production de radars désormais capables de détecter les drones
Innovation. Le spécialiste toulousain de la surveillance de sites sensibles par radars à onde continue annonce la commercialisation d’une nouvelle gamme de produits plus performants. Objectif : répondre à la demande de ses clients publics et privés pour lesquels la prolifération des drones constitue une menace tant sur le plan de la sécurité que d’un point de vue économique. Elle investit 5 M€ dans une nouvelle usine à Limoges, proche de ses partenaires.
« L’évolution rapide des technologies de drones, associée à une augmentation significative des survols de zones sensibles par ces engins, nécessite une adaptation constante de nos dispositifs de sécurité », expliquait en février 2024 le sénateur Dany Wattebled, auteur d’une proposition de loi visant à sécuriser les sites sensibles.
À l’appui de ses dires, le parlementaire citait une expérimentation menée au Havre durant six mois entre 2021 et 2022, sur la plus grande zone industrialo-portuaire de France. Plus de 3 600 survols de drones avaient ainsi été détectés sur la période ! Et l’élu de rappeler que si elles constituent une menace pour la sécurité des sites, ces pratiques peuvent également avoir de lourdes conséquences économiques. En témoigne la fermeture du trafic aérien pendant une trentaine d’heures en raison de la présence de drones autour de l’aéroport de Gatwick près de Londres. L’incident survenu en décembre 2018 avait occasionné 17 M€ de pertes pour la compagnie aérienne Easyjet.
Que les motivations de leurs utilisateurs relèvent « du simple amateurisme » ou « d’un potentiel acte de malveillance », le besoin de se prémunir contre le survol de drones ne fait que croître. C’est dans ce contexte, que le toulousain Epsi vient d’annoncer le lancement d’une nouvelle gamme de radars capables de déceler ces cibles aériennes. Fondée en 2019, la PME développe, fabrique et commercialise des systèmes de détection d’intrusion basés sur les radars à onde continue. Elle est la seule pépite française présente sur ce marché où Américains, Israéliens et Chinois règnent en maîtres.
Un enjeu stratégique
Ces systèmes de surveillance modulables et paramétrables sont dédiés à la protection de sites sensibles, à savoir les infrastructures industrielles, énergétiques, militaires, administratives, de transports, les espaces naturels ou encore des événements grand public. Les radars déployés par Epsi sont en effet capables de détecter tous types de cibles en mouvement quelle que soit la surface (terre, air, mer) et les conditions climatiques.
Pour répondre à la demande de ses clients, la PME, qui emploie 42 collaborateurs, franchit un cap supplémentaire avec le développement d’une nouvelle gamme de radars qui intégrent désormais, en plus de la latitude et de la longitude, l’élévation des cibles, rendant ainsi possible la détection 3D. Ces nouveaux dispositifs, qui seront commercialisés dans le courant de l’année 2025, permettront de détecter tout type de menace, qu’elle soit terrestre, maritime ou aérienne, y compris les drones dans un rayon d’un kilomètre.
« La détection de drones devient un enjeu stratégique dans tous les dispositifs de surveillance, mais notamment ceux des zones sensibles et complexes, identifiés comme Opérateurs d’Importance Vitale (OIV), tels que centrales nucléaires, zones navales ou encore barrages ou bases aériennes », précise Frédéric Chaumeil, directeur d’Epsi.
Réindustrialisation
La PME basée à Beauzelle n’a pas développé ses nouveaux radars 3D seule. Elle s’est entourée de partenaires tels que le Cisteme, centre de transfert technologique en hyperfréquence, spécialisé dans le design de composants pour les télécommunications et les radars, et l’entreprise Wupatec, en charge de développer le volet numérique de ces nouveaux produits. Les deux structures sont implantées au cœur de l’ESTER Technopole, près de Limoges (Haute-Vienne).
Afin de faire face à la croissance de son activité, Epsi s’apprête également à lancer au cœur de l’ESTER Technopole, la construction d’un nouveau site de production de 2 200 m². Il regroupera l’ensemble des activités de fabrication des radars dont une partie était jusque-là assurée en Europe. Cette nouvelle usine, qui représente un investissement de près de 5 M€, devrait être opérationnelle en 2026.
Et Frédéric Chaumeil de conclure : « La construction de notre nouveau site de production à Limoges symbolise notre engagement envers l’innovation et la relocalisation industrielle en France. Nous renforçons notre volonté de valoriser l’économie locale tout en relocalisant l’ensemble de notre chaîne de valeurs sur le territoire. »