SénOvie, l’entreprise utile
Habillement. C’est un sujet peu médiatisé : comment s’habiller lorsqu’on ne supporte plus le moindre contact avec les vêtements. Françoise Escourrou a créé son entreprise pour répondre à un besoin, elle développe un écosystème autour de cette problématique.
« L’idée m’a été soufflée par une amie, Marie-Pierre, touchée par un cancer du sein. Avec les traitements, sa peau est devenue très réactive, intolérante aux vêtements. Le simple fait de s’habiller lui provoquait de terribles irritations. On n’en parle peu, ajoute Françoise Escourrou parce que ce n’est pas un risque majeur pour la santé, c’est une simple question de confort. Mais, ne l’oublions pas, le confort est un facteur essentiel dans la prise en charge d’une maladie. C’est le ressenti d’une patiente qui est à l’origine du projet d’entreprise. »
Marie-Pierre a d’ailleurs tenu à témoigner, à raconter son histoire sur le site internet de l’entreprise basée à Pin-Balma. Le nom de l’entreprise a été longuement réfléchi : SénOvie trouve sa racine dans la sénologie, l’étude du sein.
Sourcer pour mieux travailler
Françoise Escourrou a passé une grande partie de sa carrière dans l’industrie pharmaceutique au sein du groupe Pierre Fabre. Elle connaissait parfaitement le secteur de la dermocosmétique.
Comme elle s’amuse à le rappeler, elle a pris sa petite valise pour faire son étude de marché, partant à la rencontre de médecins généralistes et de cancérologues, pour présenter son projet. Avec Régis Chambion, styliste et associé, ils ont d’abord travaillé sur les coutures pour éliminer toute surépaisseur et éviter les démangeaisons.
« On voulait gommer tout ce qui peut irriter. On souhaitait également des vêtements naturels, labellisés Oeko-Tex, qui ne contiennent pas de produits chimiques nocifs pour la santé », ajoute Françoise Escourrou.
SénOvie souhaitait absolument travailler avec des matières premières françaises. Naturellement, l’entreprise s’est tournée vers le bassin historique du textile en Occitanie, le Tarn. Françoise et Régis sont allés à la rencontre des entreprises telles que Missègle, Berlaine-Bercolor. « Ces fabricants nous fournissent des tissus dont la traçabilité est garantie. »
L’entreprise fonctionne en mode collaboratif, les mannequins sont souvent des amis ou des connaissances, la confection est réalisée par des couturières artisanales et indépendantes, laissant ainsi beaucoup de souplesse à l’entreprise.
Ne rien lâcher
Françoise Escourrou a lancé SénOvie en 2019, puis, le Covid est passé par là. « Je me suis dit : c’est fini, on va devoir tout abandonner. On a passé le confinement et nous sommes repartis à zéro. J’ai appris à faire un business plan, à gérer les stocks, à traiter les commandes... Dans le métier d’entrepreneur, on apprend tous les jours. L’aventure est passionnante parce qu’on s’aperçoit que l’union fait la force, on est tous différents mais complémentaires. »
La dirigeante s’est découvert des talents d’écriture : il fallait alimenter le blog du site de vente. « On a utilisé le référencement naturel, le bouche-à-oreille, faute de moyens pour notre communication. »
Les cofondateurs travaillent désormais à plein temps pour l’entreprise. SénOvie aimerait proposer une gamme de vêtements pour les bébés intolérants aux vêtements, souffrant d’allergie.
L’entreprise table cette année sur un CA de 50 000 € mais elle espère fortement aller plus loin. « Le nerf de la guerre, c’est l’argent, nous avons fini de rembourser notre crédit à la fin de l’année. Nous sommes partis avec un budget de 90 000 €. 25 000 € ont servi à acheter des matières premières. On envisage une levée de fonds pour pouvoir grandir. »