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Smart building : le toulousain Verdone passe sous le giron d’Acorus et s’ouvre de nouvelles perspectives

Acquisition. Spécialiste des systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB) depuis plus de 15 ans, l’entreprise Verdone est devenue fin 2024 une filiale à part entière du groupe parisien Acorus, pionnier dans l’éco-rénovation en sites occupés. Objectif pour cette ETI française qui compte 1 900 collaborateurs et réalise plus de 280 M€ de chiffres d’affaires ? Proposer une solution intégrée globale de réduction de la consommation énergétique aux acteurs de l’industrie et du tertiaire.

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De gauche à droite : Matthieu Jourdan, directeur de la stratégie et du développement chez Acorus, Michel Clémens, président de Verdone, Philippe Benquet, président d’Acorus et enfin, David Caillier, directeur des opérations chez Verdone. (©Acorus)

C’est une page qui se tourne et un nouveau chapitre qui s’amorce pour le toulousain Verdone. Installé sur le site de l’Oncopole, il emploie 40 salariés et réalise 5 M€ de chiffre d’affaires. Experte reconnue des systèmes de gestion technique du bâtiment (GTB) depuis son rachat en 2009 par Michel Clémens, ancien responsable grands comptes pour la multinationale Schneider Electric, l’entreprise a officialisé fin décembre 2024 son rachat par le groupe parisien Acorus, spécialisé dans l’éco-rénovation en sites occupés.

Forte aujourd’hui de près de 1 900 collaborateurs et d’un chiffre d’affaires consolidé en 2023 de 280 M€, cette ETI française a enregistré ces dernières années une forte croissance organique grâce notamment à d’importants marchés gagnés sur l’ensemble du territoire français dans les domaines du logement, de l’hôtellerie et du tertiaire. Et alors que beaucoup de chefs d’entreprise vivent le rachat de leur société comme un échec ou une petite mort, d’autant plus quand celle-ci affiche une solidité financière, d’autres y voient au contraire une occasion à saisir pour assurer sa pérennité, sa croissance et s’ouvrir de nouvelles opportunités. C’est le cas pour Michel Clémens.

Des prestations à forte valeur ajoutée

À 64 ans, l’intéressé qui se dit lui-même « plus près de la fin que du début » de sa carrière va assurer pendant quelques mois la transition avant de se retirer progressivement. C’est David Caillier qui lui succédera à la tête de Verdone, désormais filiale d’Acorus. « Recruté il y a cinq, les salariés le connaissent bien puisqu’il co-dirige d’ores et déjà l’entreprise avec moi en qualité de directeur des opérations », indique le dirigeant actuel qui se prépare à passer la main avec le sentiment du devoir accompli 15 ans après avoir repris les rênes de cette société fondée en 1988 par Jean Verdone.

« Au départ, l’entreprise vendait du matériel de régulation de chauffage aux professionnels, raconte l’intéressé. De fil en aiguille, la société s’est développée et a proposé des produits clé en main de chauffage, de gestion de chauffage et de climatisation du bâtiment. Quand je suis arrivé, nous avons recentré l’activité sur la conception, la pose et la maintenance de systèmes de gestion technique du bâtiment qui supervisent et contrôlent les services comme le chauffage, la ventilation, le conditionnement d’air, l’éclairage ou encore la plomberie. » Des prestations à forte valeur ajoutée affirme Michel Clémens :

Concrètement, les solutions d’automatisme proposées à nos clients pour leurs locaux permettent d’améliorer le confort de travail des salariés, de prévenir les pannes, de renforcer la sécurité, de réduire la consommation énergétique et donc de diminuer les coûts d’exploitation. De quoi réaliser des économies non négligeables et réduire leur empreinte carbone. »

Un ADN commun

Les clients en question ? De grands noms très convoités comme Airbus, l’aéroport de Toulouse-Blagnac, le CHU, le CNRS, Thales ainsi que toutes les grandes facultés pour ne citer qu’eux. Il faut dire que contrairement aux promoteurs, bailleurs et autres entrepreneurs du BTP qui réclament depuis des mois un plan d’urgence pour sortir le logement de la crise dans laquelle il s’embourbe, le marché du « smart building » est en plein essor porté notamment par deux textes réglementaires majeurs.

Le « décret tertiaire » de 2019 qui impose une réduction de la consommation d’énergie de 40 % à échéance 2030 pour les propriétaires et locataires de bâtiments ou locaux à usage tertiaire de 1 000 m². Ainsi que le « décret Bacs » - pour building automation and control systems - qui oblige depuis le 1er janvier 2025 les propriétaires à équiper de systèmes d’automatisation et de contrôle les bâtiments tertiaires d’une puissance supérieure à 290 kW. Dès 2027, cette obligation s’étendra aux bâtiments de plus de 70 kW.

« Cette alliance entre Verdone et Acorus est porteuse de nombreuses innovations. En combinant nos expertises et nos technologies, nous allons pouvoir offrir à nos clients une gamme de services plus étendue, puis développer de nouvelles solutions pour répondre à leurs enjeux dans la transition énergétique et dans la digitalisation de leurs bâtiments », insiste Michel Clémens qui loue les synergies communes entre les deux entreprises.

Repris en 2010 par Philippe Benquet, le groupe parisien ne sous-traite pas ou très peu. « Comme nous, s’ils n’ont pas la compétence en interne, ils ne se positionnent pas. Voilà pourquoi ils ont recruté massivement ces dernières années dans tous les métiers du BTP, pour passer de 80 à plus près de 2 000 collaborateurs et de 24 à 280 M€ de CA. » Avec cette nouvelle acquisition, l’ETI qui rayonne déjà en Ile-de-France, à Nantes, Bordeaux, Lyon, Orléans, Rennes et Toulon s’offre avec Verdone un port d’attache en Occitanie pour un maillage territorial renforcé. Mais pas seulement.

Sauvegarde des emplois et perspectives de développement

Avec ce rachat et celui d’Eneor, un bureau d’étude spécialisé dans les économies d’énergie acquis en février 2024, Acorus est aujourd’hui en capacité de proposer une solution intégrée globale de réduction de la consommation énergétique et de CO2 pour les maîtres d’ouvrage industriels et tertiaires. Un atout de taille sur un marché français de la régulation et de la gestion technique du bâtiment (GTB) estimé à près de 400 M€. [1]

Pour Verdone et l’ensemble de ses salariés aussi l’opération offre de belles opportunités. « Nous allons en effet devenir centre de compétences pour l’ensemble du groupe. Cela veut notamment dire que nous allons être amenés à développer des solutions qui seront ensuite déployées sur l’ensemble du territoire français. Le défi est énorme mais aussi très challengeant. Cela va aussi nous permettre d’adresser un nouveau marché : celui des bailleurs sociaux, clients historiques d’Acorus », conclut Michel Clémens.

[1Source : Syndicat des automatismes du génie climatique et de la régulation (ACR)